« Je ne suis pas devin, je suis un praticien », lance-t-il en préambule. Didier Raoult, le controversé infectiologue, a accordé un entretien exclusif à BFMTV, à découvrir en intégralité sur notre antenne à 20h30.
Principal partisan français de la chloroquine et de ses dérivés pour lutter contre le coronavirus, le professeur revient, depuis son bureau de l’à l’IHU Méditerranée Infection à Marseille, sur la question des traitements, la stratégie de déconfinement adoptée par le gouvernement, et sur l’éventuel risque d’une seconde vague de Covid-19.
Des accusations « fantasques » contre la chloroquine
Depuis le début de l’épidémie en France, Didier Raoult ne cesse de susciter la polémique, entre déclarations fracassantes et essais cliniques en porte-à-faux avec le protocole scientifique traditionnel.
« Je suis un praticien. Ce que j’aime c’est accumuler les données réelles, tangibles pour pouvoir travailler et voir comment les choses fonctionnent », se justifie-t-il devant nos caméras.
Ce dernier défend corps et âme la chloroquine pour traiter le Covid-19, désormais également promu par certains dirigeants comme Donald Trump ou Jair Bolsonaro. C’est un « médicament qui existe depuis 80 ans, prescrit à peut-être un tiers de la population du monde, en France est vendu à 36 millions de pilules par an », rappelle-t-il.
Tandis que la communauté scientifique, comme le Conseil scientifique dont il a claqué la porte, lui reproche des biais méthodologiques dans ses essais, lui pointe des accusations « fantasques » contre la chloroquine:
« D’un coup, toutes les autorités commencent à dire que c’est un truc épouvantable, criminel. Je n’ai jamais entendu un truc aussi fantasque. C’est inouï. »
Une « cassure dans le monde »
Aux yeux du microbiologiste, il existe une « cassure dans le monde »:
« Le monde des pauvres, des moins riches du Sud qui ont utilisé la chloroquine, ensuite l’hydroxychloroquine, et l’azithromycine, comme on a fait nous, d’une manière massive, et qui ont des taux de mortalité très bas. »
Et les autres.
« C’est spectaculaire, c’est la première fois que dans les pays les plus riche, il y a la plus forte mortalité. On est les seuls à ne pas avoir traité. Les autres ont détecté, traité. Tous ceux qui on traité ont une mortalité inférieure à la notre. »
Ce dernier fait notamment référence à plusieurs pays d’Afrique, qui se servent déjà de la chloroquine contre le paludisme. Pour lutter contre le coronavirus, des dérivés de l’hydroxychloroquine sont depuis utilisés au Bénin, au Cameroun, au Burkina Faso, ou au Sénégal, rappelle France Info. L’Inde, premier producteur mondial de chloroquine, ou le Brésil donc, sont également en faveur de ce traitement.
Pour autant, les effets bénéfiques de la choloroquine et de l’hydroxychloroquine n’ont « pas encore été démontrés », indiquait encore récemment l’Agence européenne des Médicaments (EMA). Cette dernière soulignait également des « effets secondaires graves et dans certains cas fatals », notamment sur le rythme cardiaque.
Ce week-end, les autorités sanitaires canadiennes et américaines ont fait savoir qu’elles partagaient cette mise en garde. « Ces médicaments doivent être utilisés seulement sous la supervision d’un médecin », a averti l’agence de la santé publique du Canada.
La grippe espagnole, le « guignol qui sert à faire peur »
Egalement interrogé sur le plan national de déconfinement dévoilé mardi par Edouard Philippe, Didier Raoult ne cache pas son scepticisme:
« On ne peut pas évaluer les stratégies humaines de réponse. Je ne crois pas qu’elles changent la dimension de la courbe, elles peuvent changer le pic de la courbe, le nombre total de cas peut être différent, en fonction des mesures qu’on a pris, le nombre de gens traités », avance-t-il.
De même, il conteste en bloc l’éventualité d’une second vague de malades, tant redoutée par les autorités:
« Des infections respiratoires dans lesquelles il y a des secondes vagues, il n’y en a pas. Je ne vois pas pourquoi il y en aurait pour celle-là. Les gens font un fantasme sur la grippe espagnole, c’est le grand guignol qui sert à faire peur aux gens. »
De nouvelles recherches à venir sur les séquelles
Enfin, Didier Raoult promet qu’après une première contamination au coronavirus, le malade est immunisé: « On est débarrassé », assure-t-il à BFMTV. Au contraire, l’OMS soulignait encore il y a quelques jours, qu’il n’y avait « actuellement aucune preuve que les personnes qui se sont remises du Covid-19 et qui ont des anticorps soient prémunies contre une seconde infection ».
Le professeur Raoult s’inquiète davantage des séquelles laissées par le virus, en particulier la fibrose pulmonaire: « C’est une autre paire de manche », avoue-t-il. Ses prochains travaux devraient donc se pencher sur ces lésions qui existeraient, selon lui, même sur les patients asymptomatiques.