16 juin 1976 – 16 juin 2020, il y a quarante-quatre ans que des étudiants sud-africains ont été massacrés à SOWETO pour avoir simplement manifesté et protesté contre une éducation inspirée de l’apartheid, ce régime ségrégationniste et abject. Aujourd’hui donc est célébrée la Journée de l’enfant africain. Marquée par le contexte de la Covid-19, cette journée est célébrée sans festivités. Mais autour du thème retenu cette année : « Accès à un système de justice adapté aux Enfants », le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice a tenu à s’adresser aux Enfants en difficulté.
« En ce jour mémorable, les pensées du Gouvernement du Sénégal vont vers ces jeunes africains lâchement massacrés. Leur sacrifice ne sera pas vain. La commémoration de la Journée de l’Enfant africain offre à l’Union africaine et l’ensemble des Etats membres l’opportunité de réaffirmer leur engagement en faveur de la protection des enfants. Au-delà de la commémoration, cette Journée doit servir de prétexte pour évaluer les efforts consentis pour garantir l’effectivité des droits reconnus aux enfants », a dit .
Avant de transmettre un message fort du Président de la République « Premier Protecteur des enfants ». Le thème de l’Edition 2020, souligne le ministre, est une interpellation sur la réalisation voire sur l’effectivité de vos droits qui impose nécessairement l’aménagement d’un cadre normatif adapté prenant en compte la vulnérabilité de l’Enfant, la création de structures d’accueil et d’hébergement accessibles, l’intervention d’un personnel dédié en l’occurrence les éducateurs spécialisés, l’adoption de mécanismes répondant aux exigences de la justice juvénile et l’implication d’un personnel formé à chaque étape de la procédure.
En effet, le Ministre se dit convaincu que la réflexion sur le thème doit conduire à évaluer les mécanismes adoptés en cas d’implication des enfants dans des procédures judiciaires en qualité de victimes, témoins ou d’auteurs présumés (dont la culpabilité doit bien entendu être prouvée). « La prise en compte de la vulnérabilité des enfants dans des procédures judiciaires requiert une attention particulière avec des procédures spécifiques », a-t-il souligné.
Pour le Sénégal, poursuit le ministre, la rééducation est toujours privilégiée par rapport à la répression. Grâce à l’intervention des éducateurs spécialisés, les présidents des tribunaux pour enfants tiennent toujours compte, en premier, de l’intérêt supérieur de l’enfant.
« En cas de placement dans les lieux de privation de liberté, des quartiers pour mineurs sont aménagés pour éviter tout contact avec les détenus majeurs et, durant la période de privation de liberté, l’enfant est assisté par des éducateurs spécialisés qui veillent au respect de ses droits », ajoute-t-il.
Poursuivant, Me Malick Sall explique que dans le cadre de la justice juvénile, des modules de formation à l’intention des magistrats, avocats, policiers, gendarmes, éducateurs spécialisés, gardes pénitentiaires ont permis des avancées significatives pour l’accès à un système de justice adapté aux enfants. « Dans la politique publique en matière de protection judiciaire et sociale que j’ai la responsabilité de mettre en œuvre, l’enfant en situation de conflit avec la loi est d’abord considéré comme une victime pour dire que la rééducation est la règle et la détention, l’exception », a-t-il assuré.
Ainsi, poursuit-il, dans la démarche préventive, la détection de la vulnérabilité constitue une priorité pour éviter qu’elle conduise à des actes déviants et, si rien n’est fait pour offrir à l’enfant l’assistance éducative, à la délinquance. « Dans ce cadre, un ambitieux programme pour faciliter l’accueil et l’hébergement des enfants en difficulté et/ou en conflit avec la loi a été adopté à la suite de l’érection de la protection judiciaire et sociale en programme dans le cadre de la Lettre de Politique Sectorielle Justice/Budget-programme », déclare. Des efforts du Gouvernement qui ont permis durant l’année écoulée d’accueillir selon le Garde des Sceaux, huit mille cinq-cent-soixante-douze (8572) enfants dont :
- Enfants victimes et témoins : trois cent–cinquante–huit (358) enfants : Prise en charge assurée par les centres de premier accueil,
- Enfants en danger : sept-mille-six (7006) enfants dont la prise en charge est assurée par les centres de sauvegarde, (régime demi-pensionnat) les centres polyvalents (régime mixte demi-pensionnat et internat), le Centre d’adaptation sociale (régime internat) et les services AEMO (accompagnement par les éducateurs spécialisés)
- Enfants en situation de conflit avec la loi : mille cinq-cent-soixante-six (1566) enfants (régime internat et liberté surveillée), dont la prise en charge est assurée par les services AEMO, les centres de sauvegarde, les centres polyvalents et le centre d’adaptation sociale de Nianing.
Des dispositions qui cadrent avec les préoccupations de l’enfant. Dans leur traditionnel discours, les enfants « saluent et reconnaissent tous les efforts consentis par l’Etat du Sénégal, en ratifiant la quasi-totalité des textes internationaux relatifs à la protection des droits de l’enfant, et en créant un tribunal de Grande Instance dans la plupart des départements du Sénégal afin de rapprocher notre juridiction qui est le tribunal pour enfant de sa cible ». Mais soulignent-ils, la situation des enfants reste toujours préoccupante face aux violences, maltraitances, abus et exploitation dont ils sont toujours victimes (enfants égorgés, violentés, enlevés, négligés …) et à leur prise en charge au niveau des juridictions surtout pour ceux en conflit avec la loi. Ils demandent également le respect des droits de tous les enfants en contact avec la justice : protection, écoute, assistance, séparation avec les adultes, « le respect de notre dignité ; la non-discrimination ; une justice adaptée à nos besoins : santé, sécurité, éducation, loisirs ; la mise en place de mesures alternatives à la détention.