L’ex-basilique, devenue musée en 1934, a officiellement été reconvertie en lieu de culte musulman ce vendredi. Une prière collective était organisée, en présence du président Recep Tayip Erdogan, initiateur de ce changement de statut.
C’est un grand jour, à Istanbul, pour la mosquée Sainte-Sophie : une prière collective, à laquelle participait le président Erdogan, a eu lieu sous l’immense coupole vendredi 24 juillet, ce qui n’était pas arrivé depuis 86 ans. L’ex-basilique byzantine, convertie en mosquée par les Ottomans puis en musée au début de la République en 1934, est rendue officiellement, ce vendredi, au culte musulman. Cette reconversion, décidée par le chef de l’État, avait été annoncée le 10 juillet. Si quelques centaines de personnes seulement ont pu prier dans l’édifice, la foule était immense sur la place juste en face.
Se libérer d’une « malédiction »
13H27 à Istanbul. Des minarets de Sainte-Sophie s’élève la voix du muezzin. Elle appelle les croyants qui sont déjà là depuis des heures. À l’intérieur de la mosquée, quelque 500 personnes conviées par les autorités. Dehors, sur la grande esplanade et dans les rues adjacentes, des dizaines de milliers de fidèles, chacun sur son tapis de prière posé sur l’herbe ou les pavés. Cihat Cengiz arrivent de Bursa, à 150 km d’Istanbul. Il est au bord des larmes. « Il ne s’agit pas de gagner un lieu de culte. Derrière nous, il y a la mosquée de Sultanahmet. On pourrait très bien y prier.
Il s’agit de prendre en charge l’héritage de notre ancêtre, le sultan Mehmet le Conquérant.fidèle musulman de Bursa
« J’étais déjà venu à Sainte-Sophie quand elle était un musée, poursuit Cihat. C’était impossible d’y prier. Les gens marchaient avec leurs chaussures, là où les fidèles auraient dû poser leur tapis. Grâce à notre président, la Turquie s’est enfin libérée de cette malédiction. »
Recep Tayip Erdogan, bien-sûr, est présent dans la mosquée. Les fresques et mosaïques héritées de Byzance sont cachés sous d’épais rideaux. Après sa prière sur la place, Serhat Maden a hâte d’entrer dans l’édifice. Il ne comprend pas les critiques de certains pays étrangers.
Nous ne convertissons pas une église en mosquée, nous récupérons une mosquée qui n’aurait jamais dû être un musée.à franceinfo
« Des frères musulmans venus du monde entier sont ici aujourd’hui, c’est très important. Nous respectons toutes les croyances et nous attendons la même chose des autres. », affirme Serhat.
Un jour historique, « une conquête »
Ömer, vêtu d’un turban noir et d’une tunique bleue, est lui aussi aux premières loges, les yeux rougis par une nuit d’insomnie. Il est venu avec des membres de sa confrérie religieuse pour une prière qu’il juge « historique ». « Je n’ai pas dormi d’excitation. Je suis tellement heureux. »
Aujourd’hui est un jour de fête pour tous les musulmans.à franceinfo
Que Dieu bénisse notre nation et notre président. Évidemment, ce n’est pas pareil de prier dehors ou à l’intérieur, mais on a tout le temps pour ça. L’important, c’était d’être là aujourd’hui, de vivre l’excitation de ce jour historique. C’est une conquête. La preuve de la force des musulmans. » Les autorités turques assurent qu’en dehors des heures de prière, Sainte-Sophie restera ouverte à tous, notamment aux touristes qui pourront encore admirer ses chefs d’œuvre d’art byzantin.