L’expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme au Mali, proposera sans ambages, de repenser à instaurer le vrai État de droit qui devra passer nécessairement par certaines étapes. D’abord, la fonction présidentielle est en crise dans beaucoup de pays. « C’est pas d’ailleurs seulement dans nos pays africains, mais si vous allez aux États Unis, elle pose problème, en France avec le phénomène des gilets jaunes, là également la problématique de la fonction présidentielle pose problème », avancera Alioune Tine qui ajoute aussi que le modèle démocratique dans lequel nous vivons, est même en crise.
La justice aussi, qui est un des leviers très importants qui doit contribuer à la régulation de tensions qui pourraient intervenir sous des formes diverses. Ainsi, un régulateur de tension ne serait pas indispensable si nous voulons bâtir une justice forte, capable de discerner certains soubassements et opter pour des mécanismes utiles pour faire face à de potentielles violences.
Un autre point important pour qu’un État de droit puisse être instauré sans difficulté c’est le parlement. Pour le fondateur de AFRIKAJOM CENTER, « nous devons aussi rendre fort notre parlement qui parle en nos noms ».Ces facteurs indispensables à un État de droit, doivent être renforcés et bien préservés.
Sur la question spécifique au Mali avec le coup d’État du 18 août 2020, l’expert indépendant des Nations Unies au Mali estime qu’en faisant une analyse scientifique, en se demandant, « le pourquoi de cette révolte ». Au delà des principes et prises de positions mécaniques, Alioune Tine opta pour une posture qui tente de voir les problèmes qui ont abouti à ces résultats. Il salue le travail que la CEDEAO a abattu dans cette phase de négociation et d’apaisement de la situation. Une justice et reconnaissance sont aussi, selon l’ancien président de la RADDHO, à tenir en compte face à cette institution. Toutefois, ces contradictions notées au sein de la CEDEAO sont même salutaires car, c’est ce qui nourrit la démocratie. D’où l’importance de «la communauté des citoyens de l’Afrique de l’Ouest ».
Dans un autre sujet concernant les chefs d’État qui « s’agrippent » au pouvoir, le droit de l’hommiste souligne que « dans un état où on tend en permanence à des aspirations démocratiques, il nous faut avoir des changements, mais dans une démarche sérieuse, favorisant l’expertise et le savoir-faire ».
Dans cet entretien, le fondateur de AFRIKAJOM CENTER n’a pas oublié de souligner le cas de Alassane Ouattara qui a récemment déposé sa candidature pour un 3e mandat tant contesté. Selon Alioune Tine, « non seulement le président Ivoirien a atteint un âge avancé, mais également, il faut savoir respecter sa parole donnée car, elle est sacrée. C’est vrai qu’il a beaucoup fait pour le pays, même s’il n’a pas réussi à unir le peuple Ivoirien », renchérit t-il.
Il manifestera son inquiétude sur cette ère où le pays se trouve actuellement et demande par ailleurs que la Guinée ou encore la Côte d’Ivoire, puissent reporter leurs élections et se retrouver autour de la table pour discuter des questions électorales comme le fait le Sénégal, pour que la paix et la stabilité regagnent de nouveau ces pays.