« Le Parti socialiste est devenu un élément secondaire de la vie politique française »

Date:

François Hollande : « J’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle »
Portrait de François Hollande © Malick MBOW

INTERVIEW – Trois ans après son implosion au cours de la présidentielle de 2017, le Parti socialiste d’Olivier Faure, qui tient son université d’été à Blois ce week-end, peine à retrouver une cohérence idéologique et une stature présidentielle, selon Rémi Lefebvre, politologue à l’université Lille-II.

Le PS est devenu secondaire dans la vie politique française

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure.

SIPA

Grand spécialiste du Parti socialiste français et auteur en 2006 de La société des socialistes en collaboration avec Frédéric Sawicki, Rémi Lefebvre analyse pour Challenges l’état de forme du PS, au moment où le parti d’Olivier Faure tient son université d’été à Blois. Le politologue, enseignant-chercheur à l’université Lille-II et Sciences Po Lille, dresse le portrait d’une formation politique marginalisée, qui bute sur la définition d’une nouvelle ligne idéologique et semble incapable de produire de nouvelles figures présidentielles. Interview.

Challenges: Trois ans après l’élection présidentielle de 2017, dans quel état se trouve le Parti socialiste?

Rémi Lefebvre: Le Parti socialiste est en situation de stabilisation au niveau d’une formation politique devenue secondaire dans la vie politique française. En 2017, on pouvait émettre l’hypothèse que le PS allait totalement s’effondrer à la suite de la présidentielle, mais les élections municipales ont prouvé sa résilience dans les territoires. Le PS a également bénéficié de la droitisation d’Emmanuel Macron qui a ouvert un petit espace politique à gauche. Il n’empêche, le PS n’est plus la force centrale de la gauche. Il est devenu un parti de second plan. On le voit bien au fait qu’il est prêt à monnayer l’absence de candidat à l’élection présidentielle contre le maintien et la consolidation de son ancrage local. Candidat dont il ne dispose pas, en tout état de cause, dans ses rangs, ce qui est tout à fait inédit sur le plan historique. Son premier secrétaire, Olivier Faure, n’est pas présidentiable, Bernard Cazeneuve a disparu du paysage politique, François Hollande est hors-jeu et Arnaud Montebourg a quitté le PS… Quant aux « grands maires », à Paris, Nantes ou Rennes, ils n’ont pas vraiment de velléités nationales, ils se disent qu’il n’y a que des coups à prendre. C’est comme si ce parti avait renoncé à toute ambition nationale. Car sans candidat identifié, il est quasiment impossible d’exister sous la Ve République, à plus forte raison depuis l’hyperprésidentialisation introduite par Nicolas Sarkozy.

A l’arrivée de François Hollande à l’Elysée en 2012, les socialistes disposaient de tous les pouvoirs: dans les villes, dans les départements, dans les régions… Que reste-t-il de l’architecture territoriale du PS?

Il subsiste un maillage d’élus locaux dont dépendent très largement les militants. Aujourd’hui, le Parti socialiste compte 30.000 à 40.000 militants, pour la plupart rattachés aux villes où les socialistes sont aux affaires. Ce sont souvent des fonctionnaires territoriaux, qui dépendent directement de la machine municipale. C’est un niveau historiquement faible pour un parti qui a connu à son apogée entre 150.000 et 200.000 militants. Mais le plancher n’a pas craqué. Ceux qui restent sont des cadres qui tiennent plutôt bien leur territoire. La culture socialiste n’a pas disparu, elle perdure avec une structuration forte, des fédérations, une armature territoriale affaiblie mais qui continue d’exister.

+ Populaires

Articles similaires
Related

Share with your friends










Submit
Share with your friends










Submit
Share with your friends










Submit
Share with your friends










Submit
Share with your friends










Submit