Après la rupture, la bataille judiciaire s’engage entre LVMH et Tiffany

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Bernard Arnault©Malick MBOW

DIVORCE Mercredi, LVMH a annoncé n’être « plus en mesure » de racheter « en l’état » Tiffany, arguant d’« une succession d’événements de nature à fragiliser l’opération d’acquisition »

20 Minutes avec AFP

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Le PDG du groupe LVMH, Bernard Arnault, lors d'une conférence de presse à Paris, le 29 janvier 2019.
Le PDG du groupe LVMH, Bernard Arnault, lors d’une conférence de presse à Paris, le 29 janvier 2019. — ERIC PIERMONT / AFP

Au lendemain des fiançailles rompues entre LVMH et Tiffany, le numéro un mondial du luxe est passé à son tour, ce jeudi, à l’attaque sur le plan judiciaire, annonçant son intention de saisir la justice outre-Atlantique contre le joaillier américain.

« Mauvaise foi », « mauvais résultats », « diffamation »… LVMH n’a pas mâché ses mots, éloignant un peu plus la perspective d’un mariage qui s’annonçait comme le plus faste du siècle dans le luxe, avec 16,2 milliards de dollars dans la corbeille de la mariée américaine.

Une action en justice « préparée de longue date » par Tiffany

Mercredi, la retenue était encore de mise quand le groupe de Bernard Arnault a annoncé n’être « plus en mesure » de racheter « en l’état » Tiffany, arguant d’« une succession d’événements de nature à fragiliser l’opération d’acquisition ». Le principal argument avancé par LVMH, à savoir une lettre du ministère des Affaires étrangères français demandant au groupe de différer cette acquisition stratégique au 6 janvier 2021, était en outre extérieur aux deux entreprises.

Mais Tiffany a aussitôt répliqué sur le terrain judiciaire, n’hésitant pas à accuser LVMH d’avoir fait traîner des démarches réglementaires. Jeudi, LVMH a donc changé d’approche et fait part de son « étonnement » concernant l’action en justice du joaillier, qu’il juge dans un communiqué « totalement infondée. Elle est manifestement préparée de longue date par Tiffany et a été communiquée d’une manière trompeuse pour les actionnaires et diffamatoire ». « La longue préparation de cette assignation montre la mauvaise foi de Tiffany dans ses relations avec LVMH », poursuit le groupe.

Une relation « durablement affectée »

L’essentiel de la procédure entamée par le joaillier « repose sur les reproches faits par Tiffany à LVMH de ne pas avoir agi avec diligence pour l’obtention des autorisations administratives relatives aux règles antitrust à travers le monde. Cette accusation n’a aucune substance et LVMH le démontrera devant le tribunal civil du Delaware », souligne le géant du luxe dans son communiqué. Il affirme également que « la notification à Bruxelles interviendra, comme prévu, dans les prochains jours et cette date résulte simplement du planning fixé avec la Commission européenne elle-même, ce que Tiffany sait parfaitement. Et il est légitime de penser que son autorisation sera obtenue courant octobre ».

Il ne faut pas pour autant voir dans ce geste la perspective d’une réconciliation entre les deux groupes : cela peut être simplement une façon pour LVMH de démontrer sa bonne foi devant le juge américain. Selon des habitués de ce type de dossiers, « la procédure est en effet habituellement menée à son terme pour ce genre d’opérations, ce qui ne préjuge pas de sa concrétisation ».

Définitivement terminé ?

Le géant du luxe a aussi porté le fer sur le terrain des résultats et des perspectives de Tiffany pour l’année 2020, qualifiés de « mauvais » et « significativement inférieurs à ceux des marques comparables du groupe LVMH pendant la période ». Le groupe de Bernard Arnault indique qu’il sera « donc amené à mettre en cause la gestion de la crise par le management de Tiffany et son conseil d’administration ». « LVMH estime, entre autres, que cette période est affectée par une situation de force majeure, que Tiffany n’a pas suivi un cadre normal de gestion, notamment en distribuant des dividendes substantiels alors que la société était en perte et que les opérations et l’organisation de cette société n’ont pas été préservées ».

En conclusion, LVMH « confirme que les conditions nécessaires à la réalisation de l’acquisition de Tiffany ne sont pas réunies ». Le mariage est-il pour autant définitivement enterré ? Les acteurs de marchés peinent encore à y croire. Pour les analystes de GAM Investments, soit LVMH est « à la recherche d’une opération plus importante », soit c’est « le seul moyen qu’il a trouvé pour ramener Tiffany à la table des négociations », à un prix plus en phase avec la réalité post-crise.

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