Des financements ambitieux pour une économie durable
L’Europe affiche désormais des objectifs très ambitieux en matière de développement durable et le gouvernement français vient de présenter son premier « budget vert ». Les financements disponibles vont se compter par centaines de milliards au cours des deux prochaines années.
Le 21 juillet 2020, les chefs d’État et de gouvernement européens se sont mis d’accord autour d’un plan de relance exceptionnel de 750 milliards d’euros destiné à surmonter la crise du Covid-19, dont 360 milliards de prêts et 312,5 milliards de subventions. Un objectif climatique global de 30 % s’appliquera au montant total des dépenses. Le plan prévoit que « toutes les dépenses de l’UE devraient concorder avec les objectifs de l’accord de Paris ». Il est donc en phase avec la proposition de « Pacte Vert » présenté par la Commission de l’UE en décembre 2019 qui réitère l’engagement de « relever les défis climatiques et ceux liés à l’environnement, qui constitue une mission majeure de notre génération ».
Des obligations vertes européennes
Pour financer ce nouvel instrument intitulé « Next Generation EU », les 27 États membres ont décidé de s’endetter en commun. 30 % des fonds utilisés dans le cadre du plan de relance européen seront empruntés via des obligations vertes (« green bonds »). Lors de son discours sur l’état de l’Union, le 16 septembre 2020, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé un programme d’émission d’obligations vertes de 225 milliards d’euros. Ceux-ci serviront à financer des projets notamment dans la rénovation énergétique des bâtiments, les énergies renouvelables et les nouvelles technologies (hydrogène, etc.).
Pour atteindre l’objectif de la neutralité́ carbone à l’horizon 2050, les émissions de gaz à effet de serre devront être réduites d’au moins 55 % à l’horizon 2030 (par rapport à 1990).
Lors de ce même discours, Ursula von der Leyen, a proposé́ de renforcer les ambitions européennes en matière climatique. Pour atteindre l’objectif de la neutralité́ carbone à l’horizon 2050, les émissions de gaz à effet de serre devront être réduites d’au moins 55 % à l’horizon 2030 (par rapport à 1990).
Il convient de rappeler que les premiers paiements européens au titre du programme « Next Generation EU », destinés à financer les programmes nationaux, sont attendus au printemps-été 2021. 70% des versements sont prévus pendant la période 2021-2022 et les 30% restants du plan en 2023.
Les États européens ont aligné leurs stratégies de relance sur celle de l’Union européenne. Dans le plan France Relance, présenté le 3 septembre 2020, qui prévoit des dépenses à hauteur de 100 milliards d’euros, l’écologie est l’une des trois grandes priorités avec un objectif clair : faire de la France la première grande économie européenne décarbonée. Pour ce faire, 30 milliards d’euros de l’enveloppe globale seront consacrés à quatre secteurs prioritaires : la rénovation énergétique des bâtiments, les transports, la transition agricole et l’énergie.
Le développement de la filière hydrogène
Le 8 juillet 2020, la Commission européenne a lancé sa stratégie pour le développement de l’hydrogène, et en particulier de l’hydrogène vert, produit à partir de sources d’électricité renouvelables. Les besoins d’investissements d’ici 2050 sont estimés par la Commission dans une fourchette comprise entre 180 et 470 milliards d’euros.
Dans le but de contribuer à la réalisation de cette stratégie, la Commission a lancé l’alliance européenne pour un hydrogène propre avec des acteurs de premier plan du secteur, la société civile, des ministres nationaux et régionaux et la Banque européenne d’investissement (BEI). Cette alliance constituera une réserve de projets d’investissement destinée à accroître la production et soutiendra la demande d’hydrogène propre dans l’UE.
Les enjeux de l’hydrogène sont essentiels, notamment dans la mobilité des véhicules lourds (camions, autobus, etc.). Pour ce qui est des poids lourds, par exemple, les constructeurs mettent en évidence l’autonomie, l’efficacité énergétique, la puissance du moteur et un moindre coût au kilomètre.
La filière française de l’hydrogène compte une série d’acteurs de poids (Air Liquide, Engie, EDF, etc.). Le gouvernement a lancé un grand plan pour l’hydrogène : 7 milliards d’euros seront investis d’ici à 2030, dont 2,4 milliards entre 2020 et 2023, pour construire une filière française de l’hydrogène décarboné de portée internationale. Le plan prévoit de développer les capacités de production de la France, de favoriser le développement d’une mobilité lourde à hydrogène (camions, bennes à ordure, bus, etc.) et de soutenir la recherche et l’innovation dans ce domaine.
Un « avion vert » en 2035
Le plan de soutien du gouvernement français à l’industrie aéronautique, vise à faire de ce secteur le leader mondial du transport aérien décarboné. Cette ambition repose sur un important effort de recherche avec un objectif ambitieux : lancer en 2035, le premier « avion vert » ou « zéro émission de CO2 ». Le plan va entrainer un important effort d’investissement afin d’accélérer la modernisation de l’ensemble de la filière (constructeurs, fournisseurs et sous-traitants).
Deux fonds sont prévus pour appuyer les PME et les ETI. Le premier, doté initialement, de 500 millions d’euros de capital, permettant d’atteindre à terme 1 milliard d’euros de capacité de financement, est dédié à l’intervention en fonds propres. Le deuxième mobilisera 300 millions d’euros de subventions pour accompagner les entreprises fournisseurs et sous-traitantes de la filière dans leurs transformations et leur montée en gamme.