La grande mosquée Hassan 2 de Casablanca, un passage obligé pour les touristes dans la capitale industrielle du Maroc, est frappé de plein fouet par la pandémie, marquée par l’absence de visiteurs à cause de la fermeture
La grande mosquée Hassan 2 de Casablanca est un passage obligé pour les touristes dans la capitale industrielle du Maroc. Et pour cause, c’est une véritable merveille architecturale, bâtie sur 9 ha et décorée à la main par 15 000 artisans locaux qui ont utilisé 20 000 m2 de plâtre. Mais aujourd’hui, force est de constater que l’édifice religieux est frappé de plein fouet par la pandémie de la COVID-19, marquée par l’absence de visiteurs à cause de la fermeture.
Dans le cadre du tourisme religieux, l’Office National du Tourisme Marocain a initié une caravane, qui a conduit des médias sénégalais dont «L’As» au Maroc. La première étape a été la visite de la grande mosquée Hassan 2 de Casablanca qui s’étend sur une superficie de 9 hectares, et qui est l’un des importants points d’attraction, pour les touristes qui débarquent dans la capitale industrielle du Maroc. L’édifice aiguise les curiosités et c’est même un passage obligé pour les touristes qui viennent des quatre coins du monde.
Sa particularité, c’est d’abord son style mauresque, sa grandeur, sa magnificence. Elle a été inaugurée le 7 novembre 1993 par sa Majesté Hassan 2 Roi du Maroc, après 7 ans de travaux. C’est en effet lui-même qui avait eu cette idée de construire cet énorme édifice religieux au bord de l’océan Atlantique. Et le message que le roi chérifien d’alors avait lancé aux Marocains reste encore vivace dans la mémoire collective. Il leur avait dit en substance, raconte Mohammed Boudchich, Guide National marocain résidant à Casablanca, âgé aujourd’hui de 70 ans et crédité d’une expérience de 35 ans dans ce métier : «J’ai l’intention de construire une grande mosquée au bord de la mer. Je compte sur le peuple marocain pour réaliser ce projet. » Il leur avait également cité le verset du Coran qui dit que quiconque participe à la construction d’une mosquée aura un appartement au Paradis. C’était suffisant pour que les Marocains sonnent la mobilisation, du Nord au Sud, d’Est en Ouest, qui pour verser sa contribution financière, qui pour offrir la force de ses bras en s’investissant directement dans les travaux. Il s’agit de la plus grande mosquée du Maroc et troisième au niveau mondial.
La grande mosquée Hassan 2 de Casablanca a la particularité d’avoir presque les 2/3 de sa superficie dans la mer. C’est pourquoi, note Mohammed Boudchich, il fallait une technologie de pointe pour la réaliser, d’autant plus qu’il est démontré que tous les monuments érigés au bord de la mer ont fini mal. Et pour la réalisation, le Roi a porté sa confiance sur la technologie française et c’est ainsi qu’il a fait appel à l’architecte français Pinceau, qui a été accompagné par 70 autres architectes marocains. Ils ont créé un barrage qui a fermé la mer pendant plusieurs mois, pour creuser les fondations.
LA VOLONTE DU ROI HASSAN 2 ETAIT DE L’APPELER MOSQUEE DU PEUPLE
Au total 15 000 artisans venus de tous les coins du Maroc ont assuré la décoration à la main et il leur a fallu utiliser plus de 20 000 m2 de plâtre. Le Roi Hassan 2 a eu la chance d’inaugurer la mosquée et d’y prier avant sa mort. D’ailleurs, il avait voulu l’appeler la mosquée du peuple, mais finalement, son nom a été retenu. La mosquée Hassan 2 est dotée du plus long minaret avec ses 210 mètres de hauteur et son rayon laser qui indique la direction de la Mecque. La capacité d’accueil est de 105 000 fidèles qui peuvent y prier en même temps dont 80 000 à l’intérieur, 20 000 à l’extérieur et 5 000 femmes dans un périmètre dédié. Elle est dotée de 3 sous-sols dont le premier est occupé par les salles d’ablution, avec l’installation de fontaines et où 5 000 fidèles peuvent simultanément faire leurs ablutions. Il y a une salle de prière de 2 ha pour les hommes, une école coranique qui n’a pas encore commencé ses enseignements, 3 parkings pouvant accueillir 1 100 véhicules et 40 autocars. Il y a également un tunnel qui passe sous la mosquée et qui est actuellement en train d’être restauré.
LA PANDEMIE DE LA COVID-19 A DUREMENT IMPACTE LES ACTIVITES DE LA MOSQUEE
Un édifice de cette dimension demande de gros moyens pour en assurer la maintenance. Les responsables comptent sur les ressources générées pour se livrer à cette tâche. C’est en effet la seule mosquée ouverte aux non-musulmans et cela découle du fait que le Maroc est un pays de tolérance religieuse. D’ailleurs, la ville de Casablanca compte 8 églises dont la plus importante est Notre Dame de Lourdes. C’est pourquoi c’est un passage obligé pour les touristes et chacun doit débourser la somme de 12 euros pour la visiter. En effet, elle occupe la première place des sites religieux à visiter, de par son architecture, sa grandeur, sa position stratégique. Et même Marrakech a des mosquées qui datent du Moyen Age, mais elles n’ont pas l’ampleur de la mosquée Hassan 2 de Casablanca.
Pour toutes ces raisons, selon Mohammed Boudchich, pas moins de 100 000 touristes visitaient l’édifice ou le périmètre environnant chaque mois. Mais l’infrastructure est frappée de plein fouet par la pandémie de la COVID-19. C’est une année noire dit-il, car la mosquée est restée fermée pendant plusieurs mois. Et une infrastructure construite au bord de la mer subit forcément des dégradations liées aux intempéries et à la furie des eaux. Il s’y ajoute que la mosquée commence à souffrir de vieillesse, d’où la nécessité de toujours la restaurer, la maintenir. Et les ressources tirées des visites servaient à la manutention, car les travaux sont permanents.
Selon lui, au-delà de la mosquée, les environs abritent d’autres infrastructures de grande importance comme le port de Casablanca et la place l’ANK (la gorge) qui grouillaient de monde à tout moment. Mais aujourd’hui, ditil, la crise sanitaire a tout plombé. D’un ton amer, il déclare : «C’est atroce, vous êtes les premiers clients que je rencontre depuis plus de 8 mois.»