Si le Sénégal a été cité en modèle dans la gestion efficace et transparente de la pandémie de la Covid-19, c’est dû en grande partie à la compétence et au dévouement des certaines personnes du secteur de la Santé. Malgré la deuxième vague de contamination qui hante les esprits et des cas de décès enregistrés, ces hommes et femmes ont pu sauver beaucoup de vies. Seneweb vous présente ici les dix personnes les plus marquantes dans cette lutte contre le coronavirus.
Dr. Abdoulaye Bousso, premier rempart de la riposte
Actuel Directeur du Centre des Opérations d’Urgence Sanitaire (COUS) du Ministère de la Santé et de l’Action sociale, Dr Abdoulaye Bousso est sans doute un habitué des situations sanitaires complexes. Cette expérience lui a peut-être permis de gérer avec sérénité la pandémie de la Covid-19 qui a touché le Sénégal en mars 2020.
Dans cette lutte contre la pandémie, son rôle est de dérouler une stratégie, de surveiller et de gérer les tendances. Et malgré les craintes liées à cette nouvelle vague de contaminations, Docteur Bousso et son équipe ont permis au Sénégal d’être considéré comme le premier pays d’Afrique et le deuxième au monde dans la gestion et la prise en charge de la Covid-19.
Mais, comme tous ses collègues médecins, l’expert en gestion des urgences et catastrophes sanitaires, a toujours travaillé dans l’ombre. C’est justement la lutte contre la Covid-19 qui l’exfiltre de sa réserve pour le placer sous les feux des projecteurs en mars 2020.
La mine toujours bien soignée, lunettes bien vissées sur le visage, l’homme est calme, serein et cohérent dans ses propos malgré la pression qui pèse sur ses épaules avec la montée grandissante du coronavirus.
Docteur Bousso est aussi expert auprès de l’OMS pour le règlement sanitaire international et pour le développement des centres d’opérations d’urgence de santé publique.
Pr. Moussa Seydi, le ‘’Guérisseur’’
Responsable du volet médical dans la prise en charge du nouveau coronavirus au Sénégal, le professeur Moussa Seydi a fait parler de lui quand il a pris la décision d’utiliser l’hydroxychloroquine associée à l’azithromycine. Un remède théorisé par le très controversé médecin français Didier Raoult, qui a été même victime de menaces de mort pour ses positions.
Mais cette décision de Seydi va se révéler concluante avec des taux de guérison très élevés au Sénégal et une mortalité parmi les plus faibles au monde. Il est désormais cité en modèle par ses pairs dans le traitement des malades atteints par le coronavirus.
Enseignant chercheur et professeur titulaire de la Chaire des maladies infectieuses de la Faculté de médecine, de pharmacie et d’odontostomatologie de Dakar, Moussa Seydi est le Chef du service des maladies infectieuses du Centre hospitalier national universitaire de Fann de Dakar et Coordonnateur technique du Centre régional de recherche et de formation de Dakar.
Il a été découvert par le grand public en 2014 avec l’avènement d’ébola. Le Sénégal avait agi avec succès dans la gestion de cette maladie. Il est une nouvelle fois est au devant de la scène avec à la pandémie de Covid-19.
L’homme a montré également son franc-parler et son courage dans la prise de position. Ses sorties avaient d’ailleurs indisposé le ministère de la Santé au point que Diouf Sarr et ses hommes ont voulu l’écarter du centre des décisions médicales. Aujourd’hui, il jouit d’un immense respect auprès de l’opinion.
Aloyse Waly Diouf : Docteur ès communication sanitaire
Il fait partie des hommes révélés au grand public par l’apparition de la Covid-19 au Sénégal. Pourtant, il a longtemps occupé une place stratégique au département de la Santé. Ancien Directeur de cabinet du ministre Abdoulaye Diouf Sarr, Docteur Aloyse Waly Diouf cumulait une expérience de plus de 15 ans dans la médecine, avec près de 10 ans dans les instances de décision du ministère avant d’être coopté par l’organisation mondiale de la Santé.
Avec le point quotidien sur la situation du coronavirus au Sénégal, il avait régulièrement pris le relais de son patron pour s’adresser à l’opinion sénégalaise. Une tribune privilégiée qui l’a jeté sous les lampions, avec d’autres figures du ministère. Il montait également au front dans les médias pour apporter les éclairages nécessaires.
Médecin spécialisé en santé publique, Aloyse Diouf semble avoir signé un contrat à durée indéterminée avec la communication en santé. Sa position dans l’architecture du ministère sur la Covid-19 n’était que continuité, pour lui.
En effet, depuis mai 2013, il était le coordonnateur du volet communication dans le Comité national de gestion des épidémies (CNGE) du Sénégal. À ce titre, il avait dirigé la commission Com du comité de gestion, durant l’épidémie Ebola, en 2014. A son départ du MSAS, il sera remplacé par le Dr Mamadou Ndiaye.
Amadou Alpha Sall, le ‘’Pasteur’’
Les virus, il les connaît bien et son travail consiste en la recherche, la production de vaccins et la gestion des épidémies au Sénégal et dans la sous-région. Amadou Alpha Sall est le directeur de l’Institut Pasteur de Dakar depuis septembre 2016. Il est le premier Africain à occuper ce poste.
Avec plus de deux décennies d’expérience, il a fallu seulement l’arrivée de la pandémie pour que ce virologue, spécialiste des arboviroses, soit sous le feu de la rampe notamment avec les tests à la Covid-19 qui sont effectués par la structures qu’il dirige.
Après un doctorat à l’Université d’Oxford, en Grande-Bretagne, et à l’Institut Pasteur de Paris, Docteur Sall a travaillé en post doctorat dans des laboratoires de virologie aux États-Unis, puis, de 2002 à 2004, il dirige le laboratoire de l’Institut Pasteur au Cambodge, sur l’hépatite virale.
En fait, Amadou Sall travaille à l’Institut Pasteur depuis plus de 25 ans. Il a commencé comme jeune chercheur et a naturellement progressé. Dès le début, il s’est intéressé à une spécialité de l’Institut que l’on appelle Arbovirose fièvre hémorragique.
Au bout d’un moment, ses responsables ont senti son utilité dans le leadership plutôt que dans la partie purement scientifique. Ils sont persuadés qu’avec le statut de leader, il peut, d’une manière ou d’une autre, contribuer à la vision stratégique de l’Institut Pasteur de Dakar où il était chercheur, responsable d’unité et directeur scientifique.
Et au moment où il s’est posé la nécessité d’avoir un directeur, le jeune docteur sénégalais s’est permis de postuler. Et le choix s’est porté sur sa personne.
Abdoulaye Diouf Sarr, le manager
Il a été très critiqué dans sa gestion de la pandémie de la Covid-19. Mais les résultats qu’il a enregistrés avec son équipe avec le classement du Sénégal comme premier en Afrique et deuxième mondial dans la riposte par rapport à la maladie a été un trophée de guerre exhibé partout par le gouvernement. Il a, sans doute, donné à Abdoulaye Diouf Sarr, ministre de la Santé et l’Action sociale, plus de crédit pour être reconduit à son poste au dernier remaniement alors que beaucoup réclamaient sa tête.
Il avait succédé au Pr. Awa Marie Coll Seck à la tête de ce département, le 7 septembre 2017. Le remplacement d’un médecin par un novice avait intrigué plusieurs observateurs.
Le maire de Yoff, diplômé en économie et en institutions financières et finances d’entreprises, a occupé deux postes ministériels avant d’atterrir au MSAS.
C’est au département du Tourisme et des Transports aériens qu’il a fait son entrée dans le gouvernement le 6 juillet 2014. Le 22 juin 2015, à la suite d’un remaniement ministériel, il succède à Oumar Youm comme ministre de la Gouvernance locale, du Développement et de l’Aménagement du territoire.
Mais son passage au MSAS sera le plus marquant avec l’avènement du coronavirus qui a suscité beaucoup de prises de décisions parfois controversées.
Pr. Mamadou Diarrah Bèye : Le secouriste ‘’réanimateur’’
Il n’est pas le plus médiatisé des acteurs de la lutte contre le coronavirus, mais il y joue un rôle déterminant. Mamadou Diarrah Bèye est directeur du Samu national et a en charge avec son équipe, les évacuations des malades atteints par la Covid-19 et s’occupe des cas admis en réanimation.
Enseignant-chercheur, anesthésie-réanimation, médecin urgentiste, Mamadou Diarrah Bèye a toujours gardé l’espoir face aux cas les plus préoccupants.
Alors que le nombre de malades augmente, les cas graves se multiplient dans les centres d’hospitalisation et hantent les esprits. Mais lors des points mensuels de l’évolution de la maladie, Docteur Bèye s’est toujours montré persuasif et rassurant.
Marie Khémesse Ngom, Dame de fer
Ce n’est pas pour rien qu’elle soit la première femme au poste de Directeur général de la santé. Docteur Marie Khémesse Ngom Ndiaye, n’est pas du genre à se laisser faire. Au début de la pandémie au Sénégal, l’équipe de la riposte est critiquée de tout bord et c’est Khémesse qui monte au créneau pour tancer ses détracteurs. Le ton ferme, elle se montre prête à en découdre avec ses détracteurs.
En fait, c’est une facette qui rappelle son passé de syndicaliste car elle a été secrétaire général du Sames de 2006 à 2011. Issue de la promo 1991 de la Fac médecin, Marie Khémesse Ndiaye a débuté sa carrière de médecin à Thiès. Après 9 ans dans cette zone, elle est affectée au niveau central dans le bureau de suivi des activités du district. Après y avoir passé cinq ans, elle est nommée médecin-chef de la région médicale de Dakar en 2005.
C’est en octobre 2017 qu’elle est nommée directrice de la santé publique, par le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr. Celle qui est chargée de la préparation, la mise en œuvre et le suivi de la politique de santé est depuis le début de la Covid-19 sous les projecteurs.
Mamadou Ndiaye, le virus de la médecine dans le sang
Depuis le départ d’Aloyse Waly Diouf, c’est lui qui assure le point du jour de la Covid-19. Dr Mamadou Ndiaye, directeur de la prévention du MSAS, est devenu, un habitué du petit écran de l’équipe de la riposte contre le coronavirus.
Devenir médecin était le rêve de gosse de ce spécialiste en Santé publique, expert en Vaccinologie Pratique. Un objectif qu’il a atteint en se donnant corps et âme, et en sacrifiant beaucoup de choses au profit des études. Sorti de la faculté de médecine, de pharmacie et d’odontologie en 1992, Mamadou Ndiaye a commencé sa carrière la même année à Bambey.
Le jeune médecin a découvert plusieurs localités dans sa carrière. Un périple qui l’a mené à Koungheul en 1994, Diourbel en 1996, Podor en 1997 avant de débarquer à Pikine comme médecin du district.
Quelques mois après, il est conduit au ministère de la Santé comme coordonnateur du Programme élargi de vaccination et chef de Division immunisation de 2005 à 2012. C’est en 2012 qu’il est promu Directeur de la Prévention au ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Dr Pape Moussa Thior, Le Raoult Sénégalais
L’immunité collective, qu’il avait proposée, a été très controversée. La position de Docteur Moussa Thior, expert en santé publique et ses diagnostics sur la Covid-19 était à l’origine d’un dialogue de sourd entre lui et l’équipe du Ministère de la santé et de l’Action sociale.
A l’image de Didier Raoult en France, qui, au lieu d’aller chercher loin, avait proposé la chloroquine pour traiter les malades atteints du coronavirus, Moussa Thior a toujours pris le contre-pied des autorités sénégalaises dans la gestion de la pandémie. Il soutient que la maladie n’est pas très contagieuse, rejette le confinement et campe sur sa position (pour l’immunité collective).
Il avait demandé ainsi à l’Etat de lever l’Etat d’urgence et l’interdiction de circulation des personnes entre régions. Une position qui lui avait valu des remontrances de la part de ses pairs. Mais le temps semble lui avoir donné raison surtout, quand le Président de la République a assoupli certaines mesures prises lors de l’État d’urgence avec le nouveau slogan du gouvernement qui est ‘’d’apprendre à vivre avec le virus’’.
L’ancien directeur du Programme national de la lutte contre le paludisme (Pnlp) maintient que seuls le vaccin et l’immunité collective mettront fin à la pandémie de la Covid-19.
Cheikh Saadibou Sokhna, Docteur es chloroquine
Tout comme le controversé médecin français, Didier Raoult, Cheikh Saadibou Sokhna fait partie de l’équipe des médecins qui ont théorisé le traitement de la Covid-19 avec la chloroquine. Le natif de Diourbel, il y a 58 ans, est le chef de l’équipe n°3 de l’Institut hospitalo-universitaire infection (Ihu) Méditerranée de Marseille dirigé par Dr Raoult.
Aujourd’hui, si le Sénégal enregistre un nombre de malades guéris de la Covid-19, c’est dû en grande partie par les études menées par le Docteur Sokhna et ses pairs de l’Ihu de Marseille.
Cheikh Saadibou Sokhna, médecin épidémiologiste qui a fait sa thèse sur la chloroquine, a en effet rejoint Didier Raoul après des études qu’il avait réalisées et qui ont portées surtout sur la chimio-prévention du paludisme saisonnier chez les enfants. ‘’Nous avions donné des médicaments à des enfants pendant la saison où il y avait le plus de palu. Ainsi, nous avions constaté un recul net de la maladie chez ces enfants. C’est suite à la publication de ces résultats que Raoult m’avait contacté pour me recruter dans son équipe. Depuis, on travaille ensemble’’, se rappelle-t-il.