PORTRAIT Etats-Unis : 5 choses à savoir sur Raphael Warnock, vainqueur d’une sénatoriale cruciale en Géorgie

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Raphael Warnock© Malick MBOW

En remportant une sénatoriale clef en Géorgie, le démocrate Raphael Warnock devient le premier sénateur noir élu dans cet Etat du Sud. Engagé contre les violences policières, marchant dans les pas de Martin Luther King… Qui est l’homme qui a fait basculer ce scrutin, crucial pour le début de mandat du futur président américain Joe Biden.

Le candidat démocrate Raphael Warnock a battu la sénatrice républicaine Kelly Loeffler.
Le candidat démocrate Raphael Warnock a battu la sénatrice républicaine Kelly Loeffler. (Nathan Posner//SIPA)
Publié le 6 janv. 2021 à 15:08Mis à jour le 6 janv. 2021 à 17:44

Très serré, le scrutin en Géorgie a basculé, dans le premier duel, en faveur du candidat démocrate. Raphael Warnock a remporté la victoire face à la sénatrice républicaine Kelly Loeffler. Dans l’autre sénatoriale, le jeune Jon Ossoff a également pris la tête devant son rival républicain David Perdue mais les résultats ne sont pas encore définitifs.

A quelques heures d’une réunion du Congrès visant à formaliser la victoire du président élu lors du scrutin du 3 novembre, ces premiers résultats sont très encourageants pour Joe Biden qui espère entamer son mandat le 20 janvier avec tous les leviers du pouvoir.

Mais qui est Raphael Warnock, ce candidat démocrate qui a permis une victoire historique dans ce grand Etat du Sud, traditionnellement conservateur ?

1. Premier afro-américain à un poste de sénateur en Géorgie

A 51 ans, Raphael Warnock entre dans l’histoire en devenant le premier sénateur noir élu en Géorgie. Il est aussi le premier sénateur afro-américain d’un ancien état confédéré. Plus globalement, le candidat sera seulement le 11e sénateur noir de l’histoire américaine.

Durant sa campagne, le démocrate a d’ailleurs évoqué son expérience en tant qu’homme noir né et élevé dans un Etat du sud. Sa trajectoire diffère par exemple de celle de la nouvelle vice-présidente Kamala Harris, d’abord élue sénatrice en Californie, fief démocrate, ou de celle de Barack Obama, auparavant sénateur de l’Illinois, un Etat du Nord.

2. Pasteur dans l’église où officiait Martin Luther King

Raphael Warnock est pasteur de l’église baptiste Ebenezer à Atlanta, une église où officiait Martin Luther King en tant que co-pasteur avec son père jusqu’en 1968. C’est en 2005, à l’âge de 36 ans, que le nouveau sénateur a commencé à assurer cette fonction, devenant ainsi le plus jeune pasteur principal à officier à Ebenezer, rapporte le « New York Times ».

Le jeune garçon a trouvé sa voie très tôt, en prononçant son premier sermon à l’âge de 11 ans. On le surnommait alors « The Rev » (pour « Le Révérend »). Toujours dans les pas de Martin Luther King, il a intégré le Morehouse College, une université d’Atlanta fondée par un pasteur baptiste pour les Afro-américains qui ne pouvaient partager l’éducation des blancs dans les Etats du Sud, à cause des lois ségrégationnistes. Il a décroché plusieurs diplômes, dont un doctorat de philosophie.

3. Fils d’un pasteur, vétéran de la Seconde Guerre mondiale

Onzième de douze frères et soeurs d’une famille recomposée, Raphael Gamaliel Warnock a grandi dans un logement social de Savannah, en Géorgie. Son père, Jonathan Warnock, prêchait le dimanche dans une église pentecôtiste et récupérait des pièces de voitures abandonnées le reste de la semaine.

Vétéran de la Seconde Guerre mondiale, il arborait un drapeau américain devant sa maison et accrochait des portraits de présidents américains sur ses murs. Comme le raconte le « New York Times », quel que soit le programme de la journée, son père l’intimait à se lever tôt le matin, à s’habiller et à mettre ses chaussures, pour « se tenir prêt ».

Raphael Warnock et son père, Jonathan Warnock, décédé en 2010.

Raphael Warnock et son père, Jonathan Warnock, décédé en 2010.Raphael Warnock

Bien que de nombreuses églises pentecôtistes n’ordonnent pas de femmes, la mère de Raphaël, Verlene, est également devenue pasteur, preuve de l’ouverture de la famille à des interprétations moins traditionnelles de la Bible.

4. Engagé pour la justice sociale

Le futur sénateur est convaincu du rôle de l’Eglise dans la vie publique et tient à son rôle de « boussole morale ». Il a exhorté les églises noires à être plus inclusives avec les homosexuels et a déclaré qu’elles avaient été « honteusement lentes » à se concentrer sur l’inégalité entre les sexes. Il a également critiqué les églises blanches, écrivant qu’elles avaient été des participants actifs « de l’esclavage et de la ségrégation »,rapporte le « New York Times ».

En tant que candidat, il a continué sur cette ligne progressiste en appelant à une réforme de la justice pénale, à un salaire décent pour tous et à l’expansion du programme de soins pour les plus démunis Medicaid. Engagé contre la brutalité policière envers la population noire et contre la surpopulation carcérale, il n’a pas hésité à partager des expériences personnelles comme d’être soupçonné de vol à l’étalage et d’avoir un frère condamné à une longue peine de prison après un délit non violent lié à une affaire de drogue.

5. Une campagne ponctuée de coups bas

D’après le « Financial Times », il y a eu davantage d’attaques contre Raphael Warnock de la part de l’équipe de campagne de Kelly Loeffler que contre tout autre candidat. La sénatrice sortante, nommée l’année dernière et devenue une fidèle de Trump, est l’un des membres les plus riches du Congrès.

Raphael Warnock a été attaqué par ses rivaux républicains pour ses positions en faveur du droit à l'avortement.

Raphael Warnock a été attaqué par ses rivaux républicains pour ses positions en faveur du droit à l’avortement.AFP

Dans cet Etat où les trois quarts de la population s’identifient comme chrétiens, et où de nombreux évangéliques blancs présentent des opinions politiques conservatrices, ses rivaux républicains ont tenté de le dépeindre comme un « radical dangereux », en prenant notamment pour exemple ses dénonciations « du privilège blanc » et son soutien au droit à l’avortement.

Un clip conservateur suggérait ainsi à tort que Raphaël Warnock avait déclaré « Dieu maudit l’Amérique » (« God Damn America ») lors d’un de ses sermons. Une vidéo de son épouse en larmes devant la police après un conflit devant son domicile, et avec qui il était en instance de divorce à l’époque, a également été utilisée contre lui.

Les Echos

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