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Mécontent de son avocat personnel, qui n’a pas réussi à inverser sa défaite à l’élection présidentielle, Donald Trump refuse de verser les honoraires facturés par Rudy Giuliani.
Durant les derniers jours de son mandat, Donald Trump est plus isolé que jamais. De nombreux membres de son administration ont démissionné après l’invasion du Capitole par certains de ses protestants, le parti républicain ne montre plus une loyauté totale au président sous lequel la Chambre et le Sénat ont basculé démocrates. Et le président sortant se retrouve face à des échecs : ceux, nombreux, de son équipe légale qui a tenté d’inverser le résultat de l’élection présidentielle. Avec plus de 60 défaites devant plusieurs juridictions, dont la Cour suprême, des scènes ridicules (comme confondre l’hôtel de luxe Four Seasons avec le paysagiste Four Seasons Total Landscaping pour y organiser une conférence de presse ou un incident de teinture pour cheveux) et une stratégie incapable de prouver les accusations de fraude électorale massive, Donald Trump a trouvé une personne à accuser : Rudy Giuliani. L’ancien maire de New York est son avocat personnel, fidèle parmi les fidèles qui a soutenu sa conviction, sans fondement, de fraude et lui a fait croire qu’un espoir existait toujours. Selon le «Washington Post», la colère du milliardaire passe par le chéquier : il a donné l’ordre de ne pas payer les 20 000 dollars d’honoraires quotidiens facturés par Rudy Giuliani et refuser le remboursement de ses frais de déplacement à travers le pays.
Et ce n’est pas le seul problème pour l’ancien élu républicain : les propos qu’il a tenus devant les partisans de Donald Trump, mercredi, peu avant que certains d’entre eux ne fassent irruption au Capitole, résonnent particulièrement. Il a demandé un «duel judiciaire» pour décider qui emporterait l’élection que Joe Biden a largement gagnée dans les scrutins, s’imposant notamment dans les bastions républicains de l’Arizona et de la Géorgie. «Je suis prêt à mettre en jeu ma réputation, le président est prêt à mettre en jeu sa réputation sur le fait que cette élection était frauduleuse», a-t-il assuré. Il ne croit pas si bien dire, puisque le Barreau de New York a reçu «des centaines de plaintes ces derniers mois» et a entamé une procédure qui pourrait déboucher sur sa radiation. L’ancien maire de New York a tenté de s’en expliquer, évoquant auprès d’un journaliste de The Hill le «très célèbre documentaire»… «Game of Thrones» : «Je faisais référence à ce genre de procès qui a eu lieu pour Tyrion, dans le très célèbre documentaire à propos de l’Angleterre médiévale. Quand Tyrion, qui est un homme très petit, est accusé de meurtre. Il n’a pas commis ce meurtre, il ne peut pas se défendre, et il engage un champion pour le défendre.» L’analogie avec la série n’est pas très heureuse, pourtant, puisque le champion choisi par Tyrion pour le défendre… meurt et perd, condamnant le nain.
À l’origine de la première mise en accusation de Trump
L’embauche de Rudy Giuliani par Donald Trump avait déjà débouché, indirectement, sur sa première mise en accusation. Persuadé que Hunter Biden, le fils aîné de l’ancien vice-président, avait fait profiter de la position de son père à un oligarque ukrainien pour lequel il travaillait, Rudy Giuliani a mené une enquête qui n’a débouché sur aucune preuve. Cela a provoqué la mise en examen de deux de ses collaborateurs pour violation des lois sur le financement de campagne. Pire : suivant l’intuition de son avocat personnel, Donald Trump était allé jusqu’à demander à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky l’ouverture d’une enquête contre Hunter Biden, mettant en suspens une aide de 400 millions de dollars votée par le Congrès américain. La demande, qui avait été rapportée par un lanceur d’alerte, avait mené les démocrates, majoritaires à la Chambre des représentants, à mettre en accusation Donald Trump pour «abus de pouvoir» et «entrave à la bonne marche du Congrès. Il n’avait échappé à la destitution que grâce au bloc formé par les républicains au Sénat.