Son nom était attendu : la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala a été nommée à la tête de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), lundi 15 février, faisant d’elle la première femme et la première dirigeante originaire d’Afrique à la tête de l’institution.
Depuis sa création en 1995, l’OMC a été dirigée par six hommes : trois Européens, un Néo-zélandais, un Thaïlandais et un Brésilien.
Seule candidate
« Les membres de l’OMC viennent d’accepter de nommer la Dr Ngozi Okonjo-Iweala comme prochain directeur général de l’OMC. La décision a été prise par consensus lors d’une réunion spéciale du conseil général de l’organisation aujourd’hui », a annoncé l’OMC, une quinzaine de minutes après l’ouverture de la réunion. « Elle prendra ses fonctions le 1er mars et son mandat, renouvelable, expirera le 31 août 2025 », a fait savoir le gendarme du commerce mondial.
Sa nomination à la tête de l’OMC – institution quasi paralysée qui n’arrive plus à remplir sa mission – était attendue, après le retrait de la course le 5 février de sa seule autre rivale, la ministre sud-coréenne du commerce Yoo Myung-hee. Cette dernière avait pris sa décision après avoir consulté les Etats-Unis qui, sous Donald Trump, étaient son principal soutien. Après plusieurs mois de paralysie, l’administration Biden a préféré lever le principal obstacle à la nomination de Ngozi Okonjo-Iweala à la tête de l’OMC, en apportant « son soutien appuyé » à la candidature de la Nigériane.
Economiste chevronnée, Ngozi Okonjo-Iweala, est une des femmes les plus puissantes du Nigeria. Deux fois ministre des finances et chef de la diplomatie du pays durant deux mois, Mme Okonjo-Iweala a commencé sa carrière à la Banque mondiale en 1982, où elle a travaillé pendant vingt-cinq ans. En 2012, elle avait échoué à devenir la présidente de cette institution financière, face à l’Américano-Coréen Jim Yong Kim.
Candidate controversée
La candidature de cette femme au parcours impressionnant ne fait, toutefois, pas l’unanimité.
« Ministre, elle a peut-être adopté quelques réformes sur la transparence, mais près d’un milliard de dollars disparaissaient chaque mois des caisses de l’Etat quand elle dirigeait les finances », explique Sarah Chayes, autrice de Thieves of State (voleurs d’Etat, en anglais), un livre-enquête sur la corruption à grande échelle. « Il y a une soif d’histoires positives et, à une époque où les questions de diversité se posent dans le débat public, être une femme noire joue en sa faveur », estime l’autrice américaine mais, selon elle, c’est « une honte qu’elle puisse même être retenue pour ce rôle ».
Mme Okonjo-Iweala n’a, toutefois, jamais été poursuivie par la justice pour pillage des caisses de l’Etat, même si ses détracteurs estiment qu’elle aurait pu œuvrer davantage pour empêcher les détournements. « Elle aurait pu démissionner et mettre à nu la corruption », estime Olanrewaju Suraju, de Human and Environmental Development Agenda, une ONG nigériane.
En juillet, Mme Okonjo-Iweala avait été nommée envoyée spéciale de l’Union africaine dans la lutte contre la pandémie sur le continent. Sa mission : mobiliser des soutiens à l’international pour enrayer la crise économique mondiale qui touche de plein fouet les pays africains.