Le monde est menacé par un virus qui ne fait que gagner du terrain. À ce jour, 111 114 777 cas de contamination de coronavirus et 2 461 436 cas de décès ont été détectés à travers le monde. Des chiffres qui appellent de bonnes stratégies efficaces de prévention pour faire face au virus. D’où la pertinence du vaccin qui est loué par le monde scientifique notamment, le professeur Seydi, qui est le chef de service des maladies infectieuses. Dans cet entretien avec Dakaractu, l’enseignant-chercheur donne son point de vue sur la vaccination contre la Covid-19, sa pertinence mais également l’importance pour la population d’épouser cette méthode de prévention qui suscite tant d’interrogation chez les non-sachants.
En effet, on peut considérer que les vaccins ont un rôle de réduction de risque de contraction d’une maladie et travaillent sur les défenses naturelles de l’organisme pour établir une protection. C’est le système immunitaire qui réagit lorsqu’on se fait vacciner. Le Sénégal va débuter sa campagne nationale de vaccination demain avec les premières injections destinées au personnel médical, aux personnes âgées de plus de 65 ans et celles vivant avec des maladies chroniques. Le Professeur Seydi, à travers un entretien téléphonique avec Dakaractu, n’a pas hésité à réagir sur ce scepticisme et cette attention faite sur le vaccin contre la Covid-19 en rassurant sur ce médicament préventif.
Un vaccin bien toléré…
Le Professeur Seydi considère qu’il est impertinent de demander à une personne malade de prendre un produit qui risque de lui amener une pathologie fatale. « Le vaccin est donc bien toléré. Si vous prenez l’exemple de Moderna, qui a été le premier vaccin, il y’a eu 4 effets secondaires graves reliés au vaccin et ces mêmes effets ont disparu. Il n’y avait d’ailleurs que 3 effets secondaires considérés comme graves et qui avaient disparu », signale le professeur Seydi tout en rappelant que l’on pourrait prendre en considération que 200 millions de personnes sont vaccinés et qu’il n’y a aucun décès qui soit lié au vaccin même s’il faut admettre qu’il peut arriver parfois, par coïncidence, qu’une personne décède d’une crise cardiaque ou autre après avoir été vacciné. Il n’est donc pas établi, selon le chef de service des maladies infectieuses, que « le vaccin puisse être la source de plusieurs complications ou décès ». Il faut ainsi, procéder à des études profondes pour pouvoir faire le lien ».
Ainsi, le Professeur Seydi évoquera du produit vaccinal Pfizer qui avait fait objet d’étude pour pouvoir lier les 4 effets secondaires au vaccin. « Dans l’étude de Pfizer, ceux qui ont pris le placebo (eau salée), il y a eu des personnes décédées en grand nombre par rapport au vaccin qui n’a fait état de certains cas de décès liés pour la plupart liés à des maladies d’ AVC. Donc, il n’y a pas de lien établi entre le décès et le vaccin, mais par précaution, quand on vaccine, dès qu’il y’a un décès, on peut par exemple suspendre pour voir de manière claire quelle démarche adopter ».
Le professeur Seydi, donnant toujours l’exemple de certains pays qui ont eu à débuter la vaccination et ayant de probants résultats, évoque le cas d’Israël : « le cas d’Israël est un bon exemple. C’est un pays qui a vacciné plus de 90% de la population âgée de plus de 60 ans. Si cela tuait on l’aurait su car les gens sont vaccinés en grand nombre.
Le vaccin protège t-il?
C’est une question qui trouvera une réponse spontanée de la part du spécialiste des maladies infectieuses soulignant les résultats qui ont même été publiés dans ce sens. « C’est vrai que des résultats sont publiés, mais ils ne suffisent pas. Ce qui compte, c’est ce qui est visible sur le terrain.
Par exemple, si on regarde bien ce qui se passe en Israël qui utilise le vaccin Pfizer, à chaque étape, les scientifiques s’arrêtent pour voir si l’efficacité est bien visible après la pratique. Ça évolue dans le temps. Il y’a un moment, l’efficacité était aux alentours de 94%, mais hier j’ai vu que le ministère de la santé Israélien a annoncé plus de 95%. On peut dire que c’est le meilleur pays pour le monde en matière de vaccination car ils ont une stratégie bien définie d’évaluation au fur et à mesure de l’avancement de la vaccination ». Ainsi, pour le scientifique sénégalais, on ne doit pas se faire vacciner en se basant seulement sur l’avis scientifique dans les autres pays, mais aussi, c’est bon de surveiller pour voir « est ce que l’efficacité dans les articles scientifiques va correspondre avec celle que nous aurons à constater dans la pratique.
C’est certes efficace, bien toléré, mais c’est un vaccin qui demande dès lors une surveillance pour se rendre compte de son impact.
Que dire des sceptiques et désinformés?
En effet, mon rôle en tant que scientifique est de dire la vérité scientifique. Maintenant à chacun de choisir de se faire vacciner ou pas. De mon point de vue, quand on est jeune, il faut se faire vacciner pour faire preuve d’altruisme », souligne dans un premier temps le chef de service des maladies infectieuses. En outre, le Pr Seydi considère que la vaccination en masse est aujourd’hui, la bonne option pour atteindre l’immunité collective ( allusion à la vaccination). « C’est cette immunité collective qui va nous sortir de ces difficultés provoquées par le virus »
« Il faut que les sénégalais sachent qu’aller de couvre-feu en couvre-feu ne réglera pas la situation et donc, qu’ils doivent être conscients de l’importance de la vaccination pour l’intérêt global », renchérit notre interlocuteur du côté de l’hôpital de Fann.
L’importance du vaccin, selon le Professeur Seydi, c’est « d’éviter le risque de subvenir de variants qui peuvent être dangereux car, même si vous vous êtes déjà vacciné contre le virus, il ne pourra plus se replier dans votre organisme et par conséquent, le virus ne pourra pas aboutir à de nouveaux variants pour créer d’autres problèmes à l’organisme ».
« Il faut que les autorités se fassent en premier vacciner si… »
Sur cette question, le chef de service des maladies infectieuses estime que si c’est une demande de la population, il faudrait tout faire pour la mettre en pratique. « Si c’est une demande populaire, il faut la respecter et l’exécuter. Cela devient légitime pour aussi bien les médecins, que les leaders d’opinion ou même ceux qui ont des responsabilités dans cette pandémie à se vacciner en premier lieu car, il est important de joindre l’acte à la parole », souligne le chercheur.
Essentiellement, pour le Professeur Seydi, il importe, de manière prioritaire que le ministre de la santé le fasse en premier, mais pas forcément le président de la République. « C’est le ministre qui représente le président de la République. Que le chef de l’État se vaccine ou pas, pour moi c’est pas le plus important, mais au moins, que ministre de la santé donne l’exemple pour impulser l’acte aux citoyens sénégalais », ajoute le Pr Seydi.
Terminant son propos, il considère qu’en ce moment, rien ne peut nous sortir de cette situation que nous traversons depuis des mois sans la vaccination. Il y’a donc, selon lui, un choix à faire : soit faire recours à la vaccination en masse, s’immuniser et retrouver notre vie normale, ou ne pas le faire et continuer à aller de recrudescence en recrudescence ou de vague en vague. Il reste convaincu que la vaccination doit être intégrée dans la lutte contre cette pandémie et, pour gagner la guerre, il faut mettre l’accent sur la prévention. D’ailleurs, au moment où la priorité est de lutter contre les décès et les formes graves, il soutient que ce vaccin Sinopharm reçu dans un premier temps par le Sénégal dans le cadre de la riposte « prévient à 100% les formes graves. Il faut donc lutter contre ces formes qui inquiètent, avant de passer à la seconde phase consistant à avoir l’immunité collective suite à la vaccination. »