Brésil : vers un duel Lula-Bolsonaro à la présidentielle de 2022 ?

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L'ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva à Brasilia, le 18 février 2020.
L’ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva à Brasilia, le 18 février 2020. © Sergio Lima, AFP (archives)
Texte par :FRANCE 24Suivre

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Vidéo par :Noémie ROCHE
11 mn

L’annulation des condamnations de Lula, lundi, rebat totalement les cartes de la présidentielle de 2022 au Brésil. Un duel au sommet entre l’icône de la gauche et le président d’extrême droite, Jair Bolsonaro, devient possible dans un pays extrêmement polarisé.

Une décision judiciaire qui pourrait avoir un impact politique. À un an de l’élection présidentielle brésilienne, l’annulation des condamnations de Luiz Inacio Lula da Silva par la Cour suprême, lundi 8 mars, rend possible un duel au sommet entre l’icône de la gauche et le président d’extrême droite, Jair Bolsonaro.

Luiz Inacio Lula da Silva, 75 ans, n’a pas été blanchi des accusations de corruption qui pèsent contre lui, mais cette annulation pour vice de forme lui permet de recouvrer ses droits politiques, même s’il n’est pas à l’abri d’un énième rebondissement judiciaire.

Jair Bolsonaro a admis lui-même avoir été « surpris » par la décision de la Cour suprême, tout en tentant d’afficher une certaine sérénité. « Le Brésil ne voudra pas d’un candidat comme lui en 2022 », a-t-il lancé.

Une candidature Lula aiderait Jair Bolsonaro

Pourtant, en coulisses, en se gardant bien de le dire tout haut, de nombreux alliés du chef de l’État se frottent les mains. « Ce n’est un secret pour personne qu’au palais présidentiel on espérait que Lula redevienne éligible. Cela augmente les chances de victoire (de Jair Bolsonaro) au second tour s’il affronte un candidat de gauche, plutôt qu’un centriste », estime Eurasia Group.

Jair Bolsonaro, 65 ans, a été élu en grande partie grâce au fort rejet vis-à-vis de Lula et de son Parti des travailleurs (PT), qui a gouverné le Brésil pendant 13 ans (2003-2016) et dont l’image a été entachée par des scandales de corruption.

Avec le retour de Lula sur le devant de la scène, le dirigeant d’extrême droite pourrait récupérer une partie de l’électorat qui semblait se détourner de lui à cause de ses nombreux dérapages et de sa gestion chaotique de la pandémie de Covid-19, qui a fait plus de 266 000 morts au Brésil.

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Pour Murillo de Aragao, analyste politique du cabinet de consultants Arko Advice, le fait que Lula soit à nouveau éligible va « radicaliser encore plus les discours ». « Bolsonaro peut durcir encore plus le ton et Lula dire qu’il est persécuté, ça ne va que renforcer la polarisation », ajoute-t-il.Comme le souligne Eurasia Group, la participation de Lula au scrutin « diminuerait fortement les chances d’un candidat centriste ».

Même si cette polarisation pourrait favoriser Jair Bolsonaro, il aurait tout de même un adversaire de taille, l’ex-président de gauche étant encore un tribun charismatique capable de galvaniser les foules.

Un sondage publié dimanche par l’institut Ipec a révélé que Lula serait le seul capable de battre le président sortant en 2022, 50 % des personnes interrogées se disant prêtes à voter pour lui, contre 38 % pour Jair Bolsonaro. Dans son éditorial publié mardi, le quotidien Estado de S. Paulo estime que Jair Bolsonaro a réussi la « macabre prouesse » de remettre Lula en selle en « fuyant ses responsabilités et en se moquant de la santé des Brésiliens ».

Difficile union de la gauche

Le résumé de la semaineFrance 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine

Mais la partie est loin d’être gagnée pour l’ancien tourneur-fraiseur, qui doit avant tout « unir la gauche » pour espérer faire front contre Jair Bolsonaro, explique Murillo de Aragao. « Pour le moment, cette union n’est pas claire », estime cet analyste politique.

Peu après l’annonce de la décision judiciaire qui a favorisé Lula, Ciro Gomes, bouillant candidat du Parti démocratique travailliste (PDT, centre gauche) arrivé troisième lors du premier tour de la présidentielle de 2018 avec 12 % des suffrages, a écarté toute possibilité d’une alliance en 2022. « Ne comptez pas sur moi pour prendre part à ce cirque », a-t-il lancé.

Mais Guilherme Boulos, leader du Parti socialisme et liberté (PSOL), qui a créé la surprise avec son très bon score à la municipale de Sao Paulo (même s’il a échoué au second tour), a affirmé lundi qu’un front uni était primordial pour avoir des chances de l’emporter en 2022.

« Si on a quatre ou cinq candidats différents, on risque de ne pas arriver au second tour. Je vais œuvrer pour cette union », a-t-il assuré.

Avec AFP

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