Le Sénégal a frôlé le chaos, le pire pour une « petite affaire »dite de mœurs donc strictement privée qui est devenue, par la force des forces et la bêtise humaine, une affaire publique, pour ne pas dire politique.
On a joué pendant des jours avec le feu, en pensant que l’enfer, c’est les autres parce que le Sénégal, dit-on, est la terre de naissance de plusieurs érudits et hommes de Dieu. Et le feu a fait sa loi avec son lot de blessés et de morts, ce qu’on aurait pu éviter si chacun avait joué, en temps opportun, sa partition.On a beaucoup tergiversé et aujourd’hui encore, on se gargarise de ces deux discours d’apaisement et de décrispation dont il faut retenir essentiellement l’écart si on sait lire entre les lignes et décrypter les messages. On ne reviendra pas sur les détails de cette petite affaire qui a produit de grands effets collatéraux jusqu’à ébranler les fondements de la République, secouer considérablement l’économie mais on dira simplement qu’elle a été trop mal gérée pour arriver à deviolentes manifestations qui, indépendamment du cas Ousmane Sonko (qui en est en réalité un du fait de sa station)traduisent un sentiment de ras-le-bol général (marasme économique, chômage des jeunes) que le Président MackySall a lui-même reconnu dans son discours à la nation qu’il aurait dû tenir plus tôt à la place de certains énergumènes de la classe politique qui ont malencontreusement attisé le feu en voulant plaire au Roi ou à l’opposant en principal du pouvoiret c’est selon le bord dans lequel ils sont. Les Sénégalais ne sont pas dupes, ils savent faire la part des choses et ils ne veulent plus que les acquis démocratiques, conquis de haute lutte, se rétrécissent au gré des tenants du pouvoir. Quand des ministres osent parler, en ces tristes moments, de terroristes ou de lutteurs en quête d’exutoire (quelle injure pour ces lutteurs qui gagnent honnêtement leur vie et ces milliers de jeunes qui aspirent à un mieux-être), c’est que ça va dans tous les sens et le Président devrait en tirer les conséquences si véritablement, son appel au calme est sincère. Il y a des gens dans son entourage qui l’ont beaucoup desservi dans cet imbroglio politico-juridique et auraient mieux fait de se taire à défaut de se faire discrets. Heureusement que d’autres plus avertis de son camp authentique, ont mis la pédale douce en allant dans le sens de trouver les vraies solutions au problème fondamental des Sénégalais. Albert Einstein disait que « un problème sans solution est un problème mal posé ».
L’un dans l’autre, le Sénégal a très mal pour avoir été la risée des pays où la démocratie est une denrée rare et pour avoir été le point focal du monde entier pour une « petite affaire » devenue « grandement politique ». Il n’y a pas un seul jour depuis plus d’une une semaine où les médias étrangers ne parlent, tristement, du Sénégal qui passait pour être une vitrine de la démocratie en Afrique et même dans le monde.Aujourd’hui, les uns et les autres y vont de leur sarcasme enivrant et pourtant…
Il est encore temps de se ressaisir et ceci est valable pour toute la minoritaire classe politique qui tient en otage la grande majorité des Sénégalais . Il y a un temps pour tout et chaque chose a son temps. Pendant que la pandémie de la covid-19 sévit et que les populations se titillent les méninges pour un vaccin hypothétique et où trouver le minimum vital, on se perd en conjectures et en détails qui ont failli mettre le pays en péril. Il aurait suffi pour éviter ce mélodrame que chacun surveille ses bases et surtout son comportement. Le PrésidentHouphouet Boigny de la Côte d’Ivoire aimait souvent rappeler que « la paix n’est pas un vain mot, c’est un comportement ».
Maintenant, si on veut la paix, chaque Sénégalais devrait faire son introspection, après la résilience tant demandée, devant tout ce qui vient de se passer et en tirer les meilleures leçons en attendant les échéances électorales si et seulement si les règles du jeu sont respectées et que la justice ne dise que le droit à la même vitesse (pas de justice à vitesse variable). Le Sénégal nous appartient et nous en ferons ce que nous voulons qu’il soit, chacun dans sa conception de la République qui nous relie les uns, les autres. Arrêtons de faire dans la banalise et réagissons pendant qu’il est encore temps car « l’homme qui attend le dernier bus risque de renter à pieds ». XULI BEUT