Un effet boule de neige
Certaines substances indispensables à la fabrication de peintures, colles, encres, enduits, vernis et autres mélanges pour les secteurs de l’automobile, du bâtiment ou encore de l’aéronautique ne sont aujourd’hui plus disponibles, ou sous conditions d’allocation extrêmement strictes. « Cette rupture d’approvisionnement de peintures dans le BTP ralentit les chantiers. Chaque profession est interdépendante, ce qui crée un effet boule de neige« , regrette Gilles Richard, délégué général de la Fipec. « C’est une période charnière et les entreprises vont être forcées de faire le choix parmi leurs clients pour continuer leurs activités. »
Généralisée à l’échelle européenne, cette crise dure depuis plusieurs semaines et met à mal les entreprises qui peinent à se faire livrer les substances chimiques dont elles ont besoin pour leur production. « La crise vient en partie de Chine, où le pays a préféré approvisionner son marché intérieur, ce qui a entraîné une pénurie des matières premières et une flambée des prix des conteneurs« , explique Gilles Richard.
Une hausse des prix des produits
De plus, les fournisseurs ont activé des clauses de forces majeures et des retards de livraison ont été enregistrés, rendant la disponibilité des produits finis instable. La hausse générale des prix des matières premières a pour effet inévitable d’augmenter très fortement le coût de revient des produits de mélanges chimiques. « Les prix peuvent parfois augmenter jusqu’à 150%« , alerte Gilles Richard.
Indispensable au BTP, le secteur de la fabrication de mélanges chimiques connaît un chiffre d’affaires de 4,5 milliards d’euros et représente 16.700 salariés dans l’hexagone. « Le coronavirus n’a pas trop affecté les chantiers et les particuliers ont beaucoup bricolé cette année. On a une baisse de 5% seulement de notre chiffre d’affaires. La vraie crise se déroule en ce moment. Notre mission est d’expliquer ce qu’il se passe aux clients de nos adhérents et de les rassurer. L’impact sera visible à partir de mai ou juin« , estime le délégué général de la Fipec.
En attendant, les entreprises n’ont pas d’autres choix que de s’adapter, en créant de nouvelles formulations. Une méthode limitée qui nécessite une modification de l’étiquetage des produits alors que les professions sont très réglementées, d’un point de vue sanitaire et environnementale. Le secteur a informé les cabinets des pouvoirs publics « mais ils ne peuvent pas faire grand-chose, cela relève du commerce international« , note le délégué. « Il n’y a heureusement pas d’impact sur l’emploi pour le moment mais nous sommes inquiets. C’est la seconde fois en moins d’un an que nous rencontrons des problèmes, avec cette rupture d’approvisionnement lié à des sites industriels chinois mis en maintenance, et les professions qui doivent jongler avec les substances disponibles. »