Le véritable hommage au Professeur Amadou Makhtar Mbow

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AMADOU MACTAR MBOW ©Malick MBOW
Au moment où le Sénégal rend hommage,  de son vivant, à l’éminent Professeur Amadou Makhtar Mbow, il est utile de penser à ce que devrait être son héritage. Une des manières les plus significatives de lui faire honneur serait  de traduire en actes concrets le travail de réflexion qu’il s’est employé à mener, au service de la nation, dans le cadre de  deux missions d’importance fondamentale qui lui ont été confiées.
La première concerne les Assises nationales du Sénégal qu’il a dirigées en 2008 du temps du président Abdoulaye Wade et la seconde la Commission nationale de réforme des institutions en 2013, avec le président Macky Sall. Tout ce dont le Sénégal a besoin pour bâtir les socles d’un développement économique et social inclusif, basé sur une démocratie véritable, se retrouve en grande partie dans les résultats de ces travaux, pensés, discutés et validés à travers des consensus forts.
Ce dont le Professeur Amadou Makhtar Mbow a besoin ce n’est pas des médailles ou des noms de rue après lui. Il en a été de même avec feu l’éminent doyen Moustapha Sourang qui s’est dépensé à penser une réforme foncière en profondeur, pour voir le résultat de ce travail rangé aux oubliettes.
Le Sénégal et l’Afrique ont eu, et ont encore des cerveaux précieux, de véritables dons de Dieu (SWT). Il est regrettable que les gouvernants et les peuples d’Afrique n’en tirent pas le meilleur profit.
Pour rappel, Amadou Makhtar Mbow s’est battu à travers son leadership à l’UNESCO pour réformer les injustices du système multilatéral et la demande pour un nouvel ordre mondial de la communication, faisant front à de grandes puissances. Cela lui a valu un départ de la tête de l’UNESCO. Il avait choisi de défendre ses convictions plutôt que de s’accrocher à des privilèges.
Après lui, cela a été le tour de feu l’égyptien Boutros Boutros-Ghali, ancien Secrétaire-général des Nations Unies, qui avait choisi la dignité et le combat pour la justice dans le système multilatéral, et une réforme du système de maintien de la paix à travers le rapport « Un agenda pour la paix ». Son engagement pour une réforme des approches de l’ONU lui a valu une opposition des États Unis à un second mandat à la tête de l’ONU, par le biais d’un véto au Conseil de sécurité, alors qu’il avait obtenu 14 sur les 15 voix nécessaires.
J’ai personnellement travaillé sur une thèse à l’université Cheickh Anta Diop de Dakar sur l’intervention de l’OCOMOG, la force de maintien de la paix de la CEDAO au Liberia, sous l’égide des éminents professeurs Tafsir Malick N’diaye, Serigne Diop et Babacar Gueye. Si l’Afrique avait donné corps aux idées de Boutros Ghali pour un rôle plus important des groupes régionaux dans la prévention des conflits et le maintien de la paix, l’Afrique aurait pu disposer de forces régionales à déployer dans les foyers de conflit comme ceux au Congo et dans l’espace du Sahel. Cela aurait pu éviter l’intervention de forces étrangères qui dans certains cas représentent des intérêts étrangers à l’Afrique et contribuent à perpétuer les conflits.
On peut en dire de même pour feu Cofi Annan, ancien Secrétaire-général de l’ONU qui a également été une dignité pour l’Afrique à travers ses combats et son engagement. Lorsque Kofi Annan quittait le poste de Secrétaire-général après un second mandat, et qu’il fallait lui trouver un successeur, le New York Times avait titré «The UN needs a secretary, not a général » (L’ONU a besoin d’un secrétaire, pas d’un général). Cela en dit long sur la posture et le standing que l’africain Annan avait imprimé à l’ONU.
L’adage dit que nul n’est prophète en son pays. Faisons du professeur Amadou Makhtar Mbow une exception, dans la matérialisation de ses idées et propositions issues des travaux des Assises nationales et de la Commission nationale de réforme des institutions. Ce sera le véritable héritage digne du service qu’il a rendu au Sénégal et à l’Afrique.
Moustapha Kamal Gueye, citoyen sénégalais, docteur en droit et économie des universités Cheikh Anta Diop de Dakar et Nogoya au Japon. Haut fonctionnaire des Nations Unies. Président de l’association des fonctionnaires africains du Bureau international du Travail à Genève.

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