Après des longs mois de procédures judiciaires lourdes, Nafissatou Diallo et Dominique Strauss-Kahn étaient enfin parvenus à un accord, dans le cadre du procès civil qui opposaient les deux protagonistes de l’une des affaires médatico-judiciaires les plus retentissantes de la décennie. Un scandale qui s’était soldé en décembre 2012 par un arrangement à plusieurs millions de dollars.
Rarement une affaire avait pris tant d’ampleur, au point de résonner de manière aussi retentissante aux Etats-Unis qu’en France. Le 14 mai 2011, la nouvelle tombe, glaçante. Dominique Strauss-Kahn, alors puissant directeur général du Fonds monétaire international et grand favori à la primaire du Parti socialiste et pour la prochaine élection présidentielle, est arrêté à New-York pour des faits de très haute gravité. Nafissatou Diallo, femme de chambre à l’hôtel Sofitel de Manhattan où séjournait Dominique Strauss-Kahn, l’accuse d’agression sexuelle, d’abus sexuel, de tentative de viol et de séquestration. S’en suivent des longs mois de procédure, dix-huit exactement, durant lesquels l’ancien directeur du FMI clame haut et fort son innocence. Après une incarcération hautement médiatisée à l’établissement pénitentiaire de Rikers Island, suivie d’une liberté sous caution puis d’un placement en résidence surveillée, Dominique Strauss-Kahn est finalement blanchi, le témoignage de Nafissatou Diallo n’étant pas jugé assez crédible pour les juges en charge de l’affaire. Mais l’ex-femme de chambre, déterminée à faire entendre sa voix, ne compte pas en rester là.
Soutenue par des proches et autres spécialistes qui corroborent sa version des faits, Nafissatou Diallo décide d’attaquer son présumé bourreau au civil. Un accord à l’amiable sera finalement trouvé entre les deux parties afin d’éviter le procès. Si certains évoquaient d’abord un montant colossal de 6 millions de dollars, la somme reçue par l’ancienne employée du Sofitel selon les médias américains se chiffrerait à 1,5 millions de dollars, dont 30% ont été versés à ses avocats pour couvrir les frais judiciaires.
« Elle a été vaincue par l’émotion »
Un accord qui met fin à plusieurs mois d’attente, de larmes et de frustration pour la jeune femme, qui aurait craqué à la fin du cauchemar, comme le racontait le juge Douglas McKeon il y a quelques années. « Elle a semblé retenir ses larmes pendant les 45 minutes de pourparlers qui ont précédé l’audience de 14 heures, Nous revenions la voir régulièrement dans l’antichambre proche de mon bureau pour l’informer des progrès de la négociation, Et quand ses avocats lui ont annoncé qu’un accord était possible, elle a été vaincue par l’émotion« , avait-il expliqué. Des négociations qui, selon le juge, ont duré « plusieurs heures« , à cause de la complexité de l’affaire, de ses conséquences psychologiques et des retombées médiatiques inévitables. Après la signature de l’accord, Nafissatou Diallo avait tenu à remercier publiquement les personnes qui l’ont soutenues, ses derniers mots avant un long silence médiatique. « Je remercie tous ceux qui m’ont soutenue à travers le monde. Je remercie Dieu. Dieu vous bénisse« , a-t-elle déclaré.
Une descente aux enfers indélébile
Après l’enfer, Nafissatou Diallo a tenté de se reconstruire comme elle le pouvait. Elle qui vivait une vie sans histoires avant le scandale, s’est du jour au lendemain retrouvée sous la lumière, contrainte d’exposer les plus intimes détails de sa vie devant le monde entier. Un épisode particulièrement douloureux et qui restera gravée en elle de manière indélébile, même des années plus tard. Dans le dernier numéro de Paris Match, l’ex-femme de chambre guinéenne est revenue sur l’affaire du Sofitel, affirmant notamment avoir été « privée de justice« . Un témoignage poignant dans lequel elle confie : « L’affaire DSK a gâché ma vie« .