Jenny McGee, l’une des infirmières ayant traité le Premier ministre britannique Boris Johnson 19 en avril dernier suite à son infection au Covid-19, a annoncé sa démission.
« Nous n’obtenons pas le respect et le salaire que nous méritons. J’en suis malade. Donc j’ai décidé de démissionner ». C’est par ces mots que Jenny McGee, infirmière aux soins intensifs de l’hôpital St Thomas de Londres, a annoncé mardi 18 mai sa démission du National Health Service (NHS), le secteur public hospitalier anglais. Arrivée au Royaume-Uni en 2013, la soignante néo-zélandaise faisait partie de l’équipe chargée de prendre soin de Boris Johnson lors de son hospitalisation en avril dernier, suite à son infection au Covid-19. Depuis, Jenny McGee affirme se sentir méprisée par le gouvernement britannique, d’autant plus depuis l’annonce par ce dernier d’une augmentation de salaire de 1% en 2021 pour les membres du National Health Service.
Dans un documentaire sur la pandémie destiné à Channel 4, la jeune infirmière a révélé avoir pris soin du Premier ministre pendant deux nuits difficiles : « Partout autour de lui, il y avait de nombreux patients très malades, certains mourraient. Je me souviens l’avoir regardé et m’être dit qu’il avait l’air vraiment, vraiment très malade », a-t-elle révélé. « Il avait changé de couleur ». En quittant l’hôpital, Boris Johnson a publiquement remercié Jenny McGee et sa collègue, déclarant : « La raison pour laquelle mon corps a pu recevoir assez d’oxygène, c’est parce que j’étais surveillé chaque seconde de la nuit ». Malheureusement, selon l’infirmière néo-zélandaise, l’expérience n’a pas changé la manière du gouvernement de traiter le personnel soignant.
« Je ne sais pas ce que je peux encore donner à la NHS »
Toujours pour Channel 4, Jenny McGee a révélé avoir été invitée au 10, Downing Street en guise d’un remerciement qui n’en avait que le nom. Une fois là-bas, elle affirme en effet que l’équipe du Premier ministre en aurait profité pour lui demander d’être photographiée aux côtés du Premier ministre en train d’« applaudir pour la NHS ». Une opération de pure communication que Jenny McGee, agacée, aurait choisi de refuser : « Je ne voulais pas y prendre part. De nombreux infirmiers et infirmières estiment que le gouvernement n’a pas été efficace, a fait preuve d’indécision et a livré des messages contradictoires. C’est juste très contrariant », a-t-elle déclaré. « Oui, nous avons pris des risques et nous avons travaillé dur, il y a beaucoup à dire et nous sommes tous des héros, etc. Mais en même temps, je ne pense pas que je puisse le faire. Je ne sais pas ce que je peux encore donner à la NHS. »
De son côté, la NHS s’est défendue des propos tenus par l’infirmière, expliquant que le « gouvernement fera tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir les membres de la NHS ». « Nous sommes extrêmement reconnaissants pour les soins qu’ils ont donnés pendant la pandémie. C’est pourquoi ils ont été exemptés du gel des salaires du secteur public mis en place en raison de la situation économique difficile créée par la pandémie. Nous avons également investi 30 millions de livres pour la santé mentale des soignants et augmentons le nombre de places dans les facultés de médecines pour agrandir nos effectifs », a conclu un porte-parole de la NHS. Pour l’heure, Jenny McGee a décidé de quitter l’Angleterre. Elle a obtenu un poste d’infirmière dans les Caraïbes, et compte rejoindre la Nouvelle-Zélande pour des vacances bien méritées.