INTERVIEWSa voix est reconnaissable entre toutes. Bob Dylan fête lundi ses 80 ans. L’homme aux 600 chansons et aux millions d’albums vendus célèbre du même coup ses 60 ans de carrière. Une carrière qui a commencé en janvier 1961, lorsque Bob Dylan débarque à New York après s’être pris de passion pour le maître du folk Woody Guthrie, avec qui il finit par se lier d’amitié. Son admiration est si grande qu’il lui dédie même une chanson dans son premier album. Elle fait partie de la vingtaine de titres qui sont mis à l’honneur dans un double vinyle inédit, réédité pour les 80 ans de la star par Diggers Factory et baptisé Essential Works. On y retrouve les premiers chefs-d’œuvre du chanteur.
Son style novateur, ses textes politiques, sa voix nasillarde – autant adulée qu’elle a été critiquée -, ont contribué à faire entrer dans la légende celui qui a reçu en 2016 le prix Nobel de littérature. Maître de la « protest song », Bob Dylan n’a eu de cesse, à travers ses compositions, de dénoncer les injustices et les conflits, comme avec la célébrissime The Times they are a-Changin’ qui évoque les inégalités sociales et l’inertie des puissants.
L’anniversaire de Bob Dylan est également l’occasion de se replonger dans l’étonnant récit de Robert Martin, Dix jours avec Bob Dylan, publié chez Ptyx en 2018, et qui raconte les vacances passées par hasard par ce Français avec la star, en 1975, dans le sud de la France. « Il fallait connaître David Oppenheim, qui est un grand peintre et qui avait dessiné la pochette de Bloods on the Tracks, et à qui Bob devait venir rendre visite », raconte Robert Martin sur Europe 1.
À l’époque, Robert Martin est étudiant aux beaux-arts, et un ami lui propose d’aller rencontrer ce peintre, dans sa maison en Haute-Savoie. « Le fait que je sois un tout petit peu électricien a intéressé David, qui m’a proposé un salaire pour installer l’électricité dans sa maison ». C’est ainsi qu’il s’est retrouvé à travailler chez le peintre, lorsque le chanteur a fini par débarquer, en pleine nuit.
« Tout d’un coup, devant moi : Bob Dylan ! »
« On les attendait depuis plusieurs heures déjà, en buvant des verres. Et puis, tout d’un coup, on entend un bruit de voiture, des portes qui claquent. À ce moment-là, David s’en va. Je ne sais pas pourquoi, mais il va dans le fond de la maison et je me retrouve tout seul. Et puis, j’entends la porte s’ouvrir. Devant moi : Bob Dylan ! », se remémore notre invité.
À partir de là, s’engage un improbable voyage qui va mener la petite bande de Saintes-Maries-de-la-Mer à la Corse, en passant par Marseille. « En dix jours, il n’a été reconnu que deux fois », s’amuse Robert Martin. Très peu à l’aise avec sa célébrité, Bob Dylan refuse même de jouer de la guitare sur une plage, un soir. « Il nous a raconté les difficultés qu’il a eues avec cette célébrité complètement dingue. Il le dit d’ailleurs, il a failli devenir fou et donc il était très content de passer absolument inaperçu. »