Economie
Les pays africains n’ont que 33 milliards sur les 650 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international. Lors du récent sommet sur le financement des économies africaines en France, il y a eu un plaidoyer pour porter ce financement à 100 milliards pour l’Afrique. Une position surtout défendue par le président français Emmanuel Macron.
Professeur agrégé en Economie, Ahmadou Aly Mbaye, salue l’évolution qui permet de dépasser la question stricte de la dette qui commence à constituer un obstacle pour les pays africains pour passer vers le financement de l’économie du continent. Pour autant, l’ancien doyen de la Faseg aujourd’hui recteur de l’Université Cheikh Anta Diop pense que les 100 milliards ne régleront pas le problème. « C’est une bonne chose, mais ça risque d’être insuffisant. Je vous rappelle que lors des négociations sur les questions climatiques, les pays du Nord s’étaient engagés à donner 100 milliards d’euros, ce qu’ils n’ont jamais fait. A l’époque, il n’y avait pas les nouveaux défis posés par la pandémie. C’est clair que les estimations qui sont faites concernant les besoins réels des économies africaines dépassent largement les 100 milliards », prévient l’économiste, invité ce dimanche de l’émission le Point sur la Rts.
Pour lui, il faut fédérer les forces du progrès à l’échelle mondiale. Le postulat est qu’il y a des Ong dans les pays occidentaux convaincues qu’il faut plus pour financer les économies africaines. Il faut donc les joindre dans le combat pour maximiser les chances d’avoir plus.
En plus, Ahmadou Aly Mbaye reste convaincu qu’il faut insister davantage sur les puissances publiques plutôt que le privé difficile à maîtriser. « On a plus de marge de manœuvre avec les Etats qu’avec le privé qui est insaisissable par nature, parce qu’on ne les voit pas », fait-il remarquer. Et pour y arriver, il faut se faire aider, pense-t-il, par des organismes comme les Ong dans les pays du Nord.
Et dans cette perspective, Ahmadou Aly Mbaye pense que le soutien unique de la France est loin de suffire. « On aura besoin plus que la France pour faire évoluer l’agenda. Il faut que les pays comme les Etats-Unis et la Chine qui portent l’économie mondiale actuellement s’engagent aussi », souligne-t-il.