L’Artiste Baye Mballo Kébé à la Galerie Nationale d’Art de Dakar

Date:

Mballo KEBE© Malick MBOW

Les influences du Jazz sur les Beaux-arts

En 2009, le musée du Quai-Branly à Paris à travers l’exposition « Le siècle du jazz » rend hommage au jazz en montrant son influence sur les arts plastiques. Daniel Soutif, philosophe et critique, commissaire de l’exposition soulignait avec juste raison « qu’on retrouve le swing et la syncope dans les arts plastiques ».
De célèbres artistes plasticiens ont traduit le rythme du jazz sur leurs peintures, leurs dessins, les pochettes de disques.
Il y a du jazz chez Picasso, Matisse, chez le peintre néerlandais Pieter Cornelis Mondriaan, le peintre américain expressionniste Jackson Pollock, le peintre français Fernand Léger, le peintre tchèque Kupka, le peintre américain Jean-Michel Basquiat, chez l’américain Andy Warhol, mais aussi chez les peintres sénégalais Iba Ndiaye, Baye Mballo Kébé, Cissé Dia, un jeune peintre comme Ismaëla Weber.
Parler de Baye Mballo Kébé, c’est parler du jazz, l’une de ses premières sources d’inspiration picturale. C’est à l’École des Beaux-arts de Dakar sous la direction de son maître Iba Ndiaye, le père de l’art contemporain sénégalais, qu’il a commencé à créer sur le jazz. Très jeune artiste, il exposera au premier festival mondial des arts nègres de 1966 à Dakar.
Sa peinture est au croisement des rythmes du jazz et des pinceaux. Son œuvre est en effet très marquée par l’influence de cette musique caractérisée par l’improvisation, la polyrythmie, la syncope, de la sonorité et le phrasé.
Peindre, c’est avoir quelque chose à dire, c’est exprimer des émotions. « Le jazz, dit-il, c’est de la musique pure, des larmes pour la plupart des cas ». Il peint le jazz parce qu’il connait bien cette forme de musique, parce qu’il a vécu dans le milieu du jazz. Il a en effet fréquenté avec Iba Ndiaye plusieurs boîtes de jazz en Europe. Comme son maître, « chanteurs et musiciens sont souvent les sujets de ses tableaux. L’interprétation rythmique des bouches arrondies, de l’embouchure des trompettes et des trombones, suggère le déroulement des phrases musicales du jazz » (Peindre, c’est se souvenir, p.26).
Baye Mballo vit le jazz, le dessine et le peint. C’est pourquoi, on retrouve du legato , du staccato et de la clarinette dans sa peinture.
Mais l’artiste n’est pas seulement un peintre du jazz. Il travaille aussi sur les mutilations féminines, les enfants, les paysages, la nature, les activités quotidiennes des femmes, les scènes de marché, la lutte traditionnelle, les daras, etc.
Pour se détacher du maître, il invente sa propre technique le Xatim art, un style basé sur un système d’écritures qui lui permet de transmettre au public des passages de textes intéressants qu’il a lus.
Cette exposition sur le travail Baye Mballo continue jusqu’au 31 mai. En parcourant chaque œuvre vous comprendrez ce que le jazz a fait pour cet artiste exceptionnel. Bonne visite à tous.
Galerie Nationale de Dakar, le 21 mai 2021
Babacar Mbaye DIOP
Critique d’art

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