Pendant presque 20 années, Marguerite Ba Senghor a été proviseure emblématique du Lycée de jeunes filles John Fitzgerald Kennedy, guidant des milliers de jeunes filles sur le chemin de l’excellence
Madame Marguerite Ba Senghor est décédée dimanche dernier à Dakar. En ces temps troubles où l’on ne sait plus quelles valeurs porteuses d’avenir nous devons transmettre à nos enfants, il est bon de se remémorer l’élégance, la bienveillance, la rigueur, la passion d’enseigner qu’incarnait cette dame que toute une génération de jeunes filles et aussi de garçons du temps où elle enseignait l’anglais au Lycée Van Vollenhoven, appelait avec respect et tendresse « Tata Margot ». Pendant presque 20 années, Tata Margot a été proviseure emblématique du Lycée de jeunes filles John Fitzgerald Kennedy, guidant des milliers de jeunes filles sur le chemin de l’excellence, en les mettant sans avoir l’air d’y toucher sur les voies improbables alors de la parité, qu’elle soit entrepreneuriale, politique, ou sociale.
Madame Marguerite Ba Senghor a créé le « label Kennedy », et pour des milliers de jeunes filles, dire qu’on sortait de Kennedy, valait tout de suite attentions, considération et même parfois gage de probable future bonne épouse, tant du haut de son magistère, l’éducation le disputait à l’acquisition de connaissances, faisant comprendre à ces jeunes filles que l’instruction était à coup sûr le premier pas vers leur liberté.
Jeudi, à la Cathédrale Notre Dame des Victoires, il aura manqué au milieu de toutes ces gerbes de fleurs, magnifiant ses obsèques, la prégnance d’une couleur devenue mythique du fait de l’influence de cette proviseure remarquable, celle du rose si singulier qui distinguait les « kennediennes » des autres élèves de Dakar. Même si elles furent nombreuses à se dire en apprenant son décès, que grâce à Tata Margot, elles avaient été merveilleusement préparées à participer à l’éclosion et au développement de notre pays.
Tata Margot, le Sénégal te dit « merci ». Et nous espérons tous que les temps nouveaux permettent aux enseignants d’aujourd’hui de transmettre à leurs élèves, comme elle l’a su si bien le faire, les valeurs qui les disposent à être « dans le temps du monde ».
Un de tes fils.