Le chef de l’Etat a annoncé plusieurs mesures visant à contenir la « quatrième vague ». Parmi elles, l’extension du passe sanitaire et l’obligation vaccinale pour les soignants. Il a aussi détaillé plusieurs réformes, dont celles de l’assurance chômage et des retraites.
Réagir maintenant. Voilà le mot d’ordre lancé par le Conseil scientifique la semaine dernière au sujet de la poussée du variant Delta, vraisemblablement responsable de la nouvelle hausse des contaminations au Covid-19 dans l’Hexagone. Plus de 3300 cas positifs sont détectés en moyenne chaque jour, en augmentation de 60%. Plus de 20 000 sont attendus d’ici début août si rien n’est fait, a prévenu le ministre de la Santé Olivier Véran.
Emmanuel Macron s’est donc adressé aux Français, ce lundi, pour la huitième fois depuis le début de l’épidémie. Avec comme objectif affiché d’aller plus vite, encore, en ce qui concerne la vaccination, insuffisante malgré un taux de 40% de la population entièrement immunisée par ce biais à ce jour. La vaccination « divise par 12 le pouvoir de contamination » du variant Delta, et évite « à 95% les formes graves », a-t-il rappelé.
Voici ce qu’il faut retenir de son allocution.
- Vaccination obligatoire des soignants et personnels de santé
Tout d’abord, comme le réclamait le Conseil scientifique, la vaccination des soignants et personnels d’établissements de santé va devenir obligatoire. « A partir du 15 septembre des contrôles seront opérés et des sanctions seront prises », a averti le président. Le projet de loi sera présenté au Conseil des ministres la semaine prochaine. « Vous êtes prêts à cet engagement et cela participe à votre sens du devoir », a assuré Emmanuel Macron.
Le chef de l’État a plus largement exhorté la population à se faire vacciner. « L’équation est simple : plus nous vaccinerons, moins nous laisserons d’espace au virus pour se diffuser, plus nous éviterons les hospitalisations et plus nous éviterons d’autres mutations du virus », a-t-il lancé, décrétant « un été de mobilisation pour la vaccination ». Il faudra cependant se « poser la question de la vaccination obligatoire pour tous les Français », a prévenu Emmanuel Macron, qui fait pour le moment le choix de la « confiance ».
- Extension du passe sanitaire et tests de confort payants
Dans un second temps, en guise d’incitation assumée, le chef de l’État a annoncé l’extension du passe sanitaire à des établissements recevant du public, dont des lieux culturels (théâtres, cinéma) et de vie, comme les bars, les restaurants, ainsi que les centres commerciaux. La mesure sera effective d’ici début août. Les trains et les avions seront eux aussi concernés par la présentation d’un test négatif ainsi que d’une preuve de vaccination ou de guérison. Ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. « Faire porter les restrictions sur les non-vaccinés » devient le nouveau paradigme.
Plus tôt, dès le 21 juillet, tous les lieux et évènements recevant plus de 50 personnes, contre 1000 actuellement, devront également filtrer leurs accès à la présentation d’un passe sanitaire valide. « Concrètement, pour tous nos compatriotes de plus de 12 ans, il faudra, pour accéder à un spectacle, un parc d’attractions, un concert ou un festival, avoir été vacciné ou présenter un test négatif récent », a annoncé Emmanuel Macron.
De quoi inciter un peu plus à prendre rendez-vous pour une injection de vaccin anti-Covid. Cette solution demeure comme la meilleure chance d’échapper aux conséquences catastrophiques d’une quatrième vague, a martelé le président de la République ce lundi soir.
Le président de la République a, dans le même temps, annoncé la fin des tests PCR de confort gratuits d’ici l’automne, sauf prescription médicale. « Ceci afin d’encourager la vaccination plutôt que la multiplication des tests. »
- Etat d’urgence en Martinique et à la Réunion, nouveau seuil d’alerte en métropole
En Martinique, le taux d’incidence, de 114 cas pour 100 000 habitants, est supérieur au seuil d’alerte et est en très forte augmentation. Le taux de positivité dépasse lui aussi le seuil de vigilance (fixé à 5%), et s’établit 6,8 %. La Réunion subit le même sort, avec un taux d’incidence de 168 cas pour 100 000 habitants, ce qui représente près de 1 300 contaminations par semaine, toujours d’après Outre-Mer La 1ère.
« L’état d’urgence sanitaire sera déclaré dès demain en Conseil des ministres pour la Martinique et la Réunion et un couvre-feu sera instauré », a indiqué Emmanuel Macron.
Dans l’Hexagone, dans les départements qui dépasseraient un taux d’incidence de 200 et verraient leur hospitalisation augmenter, des mesures de freinage pourront être prises par les préfets. « Partout, nous aurons la même démarche : reconnaître le civisme et faire porter les restrictions sur les non-vaccinés plutôt que sur tous », a signalé le président.
- Une campagne de rappel vaccinal en septembre
Une campagne de rappel sera mise en place pour que les personnes âgées vaccinées en janvier et février bénéficient « d’une nouvelle injection » selon le même système et dans les mêmes conditions que la ou les premières. « Les rendez-vous pourront être pris dès les premiers jours du mois de septembre. »
- Contrôles renforcés pour les voyageurs et campagne de tests dans les écoles
« Dès cette semaine, les contrôles seront encore renforcés pour les ressortissants en provenance des pays à risque, avec un isolement contraint pour les voyageurs non vaccinés », a informé Emmanuel Macron. Aucun nouveau pays n’a cependant été classé en « orange » ou en « rouge ».
Le chef de l’État a enfin annoncé ce lundi soir que « des campagnes de vaccination » contre le Covid-19 seront organisées « dès la rentrée » pour collégiens, lycéens et étudiants. Pour rappel, la vaccination est déjà ouverte à tous les enfants de 12 ans et plus depuis mi-juin.
- La réforme de l’assurance-chômage maintenue, celle des retraites évoquée « dès la rentrée »
« La réforme de l’assurance-chômage sera pleinement mise en oeuvre dès le 1er octobre, autour d’une volonté simple en France, on doit toujours bien mieux gagner sa vie en travaillant qu’en chez soi », a affirmé Emmanuel Macron, alors que le Conseil d’État doit encore se pencher sur le fond de la réforme, après avoir suspendu son entrée en vigueur au 1er juillet.
Selon le président, le gouvernement et les partenaires sociaux évoqueront l’autre sujet brûlant, la future réforme des retraites, lors d’une conférence sociale « dès la rentrée », même si cette réforme attendra que « l’épidémie soit sous contrôle et la reprise bien assurée. »
« Nous devrons engager dès que les conditions sanitaires seront réunies, la réforme des retraites. (…) Oui, notre système est injuste avec 42 régimes différents (…). Et donc, les régimes spéciaux devront être supprimés pour les nouveaux employés dans ces secteurs. Oui, parce que nous vivons plus longtemps, il nous faudra travailler plus longtemps et partir à la retraite plus tard. »
- Un « revenu d’engagement » pour les jeunes sans emploi ou en formation
Emmanuel Macron a par ailleurs annoncé un « revenu d’engagement » pour les jeunes sans emploi ou sans formation, particulièrement touchés par la crise sanitaire, suivant une « logique de devoirs et de droits ». « Pour amplifier cette dynamique (de l’apprentissage), je présenterai à la rentrée le revenu d’engagement pour les jeunes, qui concernera les jeunes sans emploi ou formation, et sera fondé sur une logique de devoirs et de droits », a déclaré le président de la République dans une allocution télévisée.
- « Un plan d’investissement » à la rentrée pour « bâtir la France de 2030 »
« A la rentrée, après le travail et les consultations en cours, nous déciderons d’un plan d’investissement qui visera un objectif : bâtir la France de 2030 et faire émerger dans notre pays et en Europe les champions de demain, qui dans les domaines du numérique, de l’industrie verte, des biotechnologies ou encore dans l’agriculture, dessineront notre avenir », a déclaré le président dans son allocution télévisée.
En préambule de son intervention, ce dernier avait affirmé que le « quoi qu’il en coûte » était à l’origine d’un « vigoureux rebond ». « Notre croissance devrait s’établir à 6% en 2021, en tête des grandes économies européennes. La France, pour la deuxième année consécutive, a été désignée comme le pays le plus attractif d’Europe. Contrairement aux prévisions, l’emploi a résisté », a déclaré l’hôte de l’Élysée. Si en 2020, la pandémie de Covid « a détruit près de 300 000 emplois depuis le début de l’année, nous avons déjà recréé 187 000 emplois ce seul mois de mai », a-t-il indiqué.