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Avec l’ouverture du centre culturel Luma, fin juin, le visage d’Arles a sensiblement changé. La ville française a accueilli
Arrivé tout droit de Californie, Frank Gehry se trouve aujourd’hui à Arles. Nous le retrouvons – vêtu d’un tee-shirt bleu aussi électrique que ses yeux – dans sa dernière création, installé à une table qui ressemble à du marbre mais qui pourrait tout aussi bien être en tiges de tournesols de Camargue. Car les apparences sont parfois trompeuses.
“C’est mon premier bâtiment romain”, lâche l’architecte, tandis que l’on essaie de discerner l’ironie derrière cette phrase, dont on finit par comprendre qu’elle en est peut-être parfaitement dépourvue. À 92 ans, Gehry saisit l’occasion que lui offre une conférence de presse pour critiquer “le modernisme froid” et se moquer du postmodernisme “gentil”. Lui, martèle-t-il, a voulu imaginer un bâtiment chaleureux, doux et accueillant pour la ville d’Arles.
Il souhaite que son œuvre de vieillesse – une tour métallique enveloppée à sa base par une rotonde de verre qu’il appelle “le tambour” – soit comprise comme un lieu engageant. Ce voyage, ajoute-t-il, est aussi l’occasion de visiter les monuments de l’époque romaine, tous ces édifices qui le fascinaient alors qu’il était étudiant à Paris et qui l’“émeuvent encore aux larmes des années et des siècles plus tard”.
Le rêve le plus fou d’une milliardaire
Les larmes ne sont d’ailleurs peut-être pas le plus mauvais mètre étalon pour parler d’Arles. C’est dans cette petite ville de 55 000 habitants, réputée pour son mistral, ses vestiges de l’époque romaine, sa pauvreté endémique et son festival international de photographie, que la mécène suisse Maja Hoffmann a concrétisé son rêve le plus fou.
Une oasis artistique, une fabrique créative située sur une ancienne zone d’ateliers ferroviaires, un lieu de production et d’exposition, un laboratoire d’idées, une bibliothèque, un parc, un skatepark, un restaurant, un hôtel, bref une ville dans la ville. Baptisé Luma – acronyme des premières syllabes de Lucas et Marina, les enfants de Maja Hoffmann –, ce projet est une véritable utopie de milliardaire posée sur une friche industrielle et constituée d’une série de grandes halles.
La mécène et productrice de films documentaires, qui a passé une partie de sa
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