Le jury a attribué la Palme d’or au film « Titane » de la réalisatrice française Julia Ducournau lors de la cérémonie de clôture samedi soir. Retour sur le palmarès complet de cette 74e édition du Festival de Cannes.
Le jury du Festival de Cannes, présidé par Spike Lee, a décidé d’attribuer samedi 17 juillet 2021 la prestigieuse Palme d’or 2021 à Julia Ducournau pour son film Titane
. Il s’agit de l’épilogue d’une édition qui aura tenu sa promesse : célébrer, malgré la pandémie, le retour dans les salles et les retrouvailles du cinéma mondial.
Elle succède à « Parasite » du Sud-Coréen Bong Joon-ho, couronné en 2019/ Cette année, aucun favori ne se détachait nettement, au terme d’une compétition de bonne tenue qui a compté pas moins de 24 films en compétition officielle.
Spike Lee a failli annoncer par erreur le nom du gagnant de la Palme d’Or en avance, créant des sueurs froides au reste du Jury et aux organisateurs. Le réalisateur américain est apparu plusieurs fois perdu durant la cérémonie, créant de nombreux rires dans le public.
Palme d’or : Julia Ducournau pour « Titane »
La réalisatrice française Julia Ducournau a fait sensation lors de cette 74e édition avec Titane
, son deuxième film, que notre chroniqueur Gilles Kerdreux qualifiait « d’impressionniste », qui reçoit la Palme d’or. Très émue, Julia Ducournau a rappelé que la perfection n’est pas une chimère, mais c’est une impasse
lors de son discours. Elle a également remercié le jury d’avoir choisi un monde plus fluide et inclusif
.
Découvrez notre interview de Julia Ducournau réalisée durant le festival.
Prix du Jury : « Le genou d’Ahed » et « Memoria »
Le Genou d’Ahed
est un film réalisé par Nadav Lapid, où un cinéaste israélien rencontre une fonctionnaire du ministère de la culture, et se jette dans deux combats : l’un contre la mort de la liberté dans son pays, l’autre contre la mort de sa mère.
Le film contemplatif Memoria
a été réalisé quant à lui par le thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, déjà Palme d’or 2010 avec Oncle Boonmee
.
Grand prix : Asghar Farhadi et Juho Kuosmanen
Le réalisateur iranien a proposé cette année son quatrième film au Festival de Cannes. Avec Héros
, on suit les aventures d’un homme emprisonné pour dette, qui voit sa vie transformée en rêve puis en cauchemar sur fond de jalousies, rivalités familiales et réseaux sociaux.
Autre co-gagnant de ce prix, le Finlandais Juho Kuosmanen est récompensé pour son film Compartiment n° 6
. Dans cette œuvre, une jeune Finlandaise prend un train à Moscou pour se rendre sur un site archéologique en mer arctique. Elle est contrainte de partager son compartiment avec un inconnu. Cette cohabitation et d’improbables rencontres vont peu à peu rapprocher ces deux êtres que tout oppose.
Prix d’interprétation féminine : Renate Reinsve
L’actrice norvégienne est l’une des révélations de ce festival dans le film Julie en 12 chapitres
. L’héroïne, bientôt 30 ans, n’arrive pas à se fixer dans la vie entre Aksel, 45 ans et auteur à succès, et le jeune et séduisant Eivind. Une sorte de Bridget Jones scandinave.
Prix d’interprétation masculine : Caleb Landry Jones
L’acteur a été mis en avant cette année grâce au film Nitram
, du réalisateur australien Justin Kurzel, où il incarne un marginal, coupé du monde, qui s’apprête à commettre l’une des pires tueries de l’histoire de l’Australie. Le film retrace la tuerie de Port-Arthur en Tasmanie en 2016, qui avait conduit le gouvernement australien à légiférer pour restreindre l’accès aux armes.
Né au Texas, Caleb Landry Jones a fait ses débuts au cinéma à l’âge de 13 ans avec un petit rôle dans un film des frères Coen Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme
(2007), qui a raflé quatre Oscar.
Prix de la mise en scène : Leos Carx pour « Annette »
Ce film marque le retour du réalisateur français Leos Carax, neuf ans après Holy Motors
(2012), et trente ans après Les amants du Pont-Neuf
(1991). Le scénario d’«Annette
est le suivant : Deux célébrités américaines, une star du stand-up caustique et une grande cantatrice, s’aiment passionnément et vont bientôt avoir une fille, Annette.
Découvrez notre présentation de ce film qui avait décoiffé l’ouverture du festival.
Prix du meilleur scénario : Ryusuke Hamaguchi et Takamasa Oe
Les deux Japonais sont récompensés pour le film Drive my car
, une adaptation de trois heures d’un extrait du recueil Des hommes sans femmes
de Haruki Murakami. Dans ce film, Yusuke Kafuku, acteur et metteur en scène de théâtre a du mal à se remettre d’un drame personnel. Mais la préparation d’une version d’«Oncle Vania
dans un festival va changer sa vie.
Palme d’or d’honneur : Marco Bellocchio
Le réalisateur italien, engagé dans les années 1960 à l’extrême gauche, est récompensé pour sa carrière. Il a notamment réalisé Les Poings dans les poches
en 1965, mettant en avant la révolte de la jeunesse, préfigurant les mouvements qui allaient éclater lors de mai 1968.
En 2019, il avait proposé Le Traître
, une longue fresque autour d’un repenti réel de la mafia de la Cosa Nostra. Un de ses films, Saut dans le vide
( Salto nel vuoto
, 1980) avait permis aux acteurs français Michel Piccoli et Anouk Aimée de remporter les prix du meilleur acteur et de la meilleure actrice lors de la 33e édition du Festival de Cannes.
Caméra d’or : « Murina » d’Antoneta Alamat Kusijanovic
Synopsis : un vieil ami de la famille arrive sur une île croate et fait exploser les tensions d’une famille
. La réalisatrice, dont c’est le premier long-métrage, n’a pas pu être présente lors de la remise du prix, car elle avait accouché la veille de son bébé dans la ville croate de Dubrovnik.