L’écurie de Fass vient de perdre son emblème. Le tigre au parcours si élogieux vient de rendre son dernier souffle, ce samedi 7 août 2021, emportant avec lui, dans cet aller-simple pour le Panthéon, un pan entier de l’histoire de l’écurie mais aussi de la lutte sénégalaise. Flashback dans la carrière du tigre.
Les dernières informations le concernant le donnaient alité après un violent Avc il y a quelques mois. Mais de là à passer de vie à trépas, personne ne s’y attendait. Sans doute parce que l’affection que les férus de lutte sénégalaise portaient au « Vieux » tigre – malgré qu’il n’ait plus combattu depuis plusieurs décennies- était si grandissant qu’ils leur arrive d’oublier qu’aussi plaisant soit le périple, le train arrivera à la gare.
Ses fines analyses et pronostics éclairés continuaient de redorer ce blason de « Tigre de Fass» qu’il a légué à deux générations déjà (Tapha Guèye puis Gris-Bordeaux). A 75 ans, il continuait de défier l’usure du temps en continuant de vivre cet art auquel il a consacré toute sa vie: la lutte.
Son histoire avec la lutte est assez atypique. Et pour cause! Né le 15 janvier 1946 à Dakar, Mbaye Guèye était parti pour faire une carrière dans les rangs de l’armée sénégalaise. En effet, en 1966, Mbaye Guèye qui était loin d’imaginer qu’il allait devenir, une décennie plus tard, un grand champion de la lutte sénégalaise, et le chouchou des amateurs du sport de chez nous, s’est engagé dans l’armée.
Militaire libéré, Seigneur des arènes
Mais l’aventure a été assez éphémère. Libéré 18 mois après, Mbaye Guèye n’a pas attendu un réengagement. Le fougueux jeune homme de 20 ans a préféré démontrer sa hargne et son courage dans le monde de la lutte qui commençait à prendre son envol.
Le jeune homme a connu un début aussi étincelant que sa carrière auréolée de gloires. Dès ses premiers combats, le teigneux fassois marque les esprits. D’ailleurs son combat du 14 juillet 1968 contre Sa Ndiambour à l’arène Makhary Thiam est resté dans les annales. C’est d’ailleurs à l’issue de cette confrontation qu’il a reçu, Yamar Diop (ancien journaliste du Soleil) l’appellation de « Tigre de Fass » qui deviendra, dans le temps, un titre revendiqué par le chef de file de l’écurie.
Depuis, l’écurie Fass a connu trois «Tigre » : Mbaye Guèye, son petit-frère Moustapha Guèye et Gris Bordeaux. Sa technicité, sa bravoure et son courage avaient fini de conquérir les cœurs. C’est ainsi que le militaire libéré est devenu Seigneur des arènes sénégalaises. Ses combats drainaient des foules aux quatre coins du pays.
Premier lutteur sénégalais à signer un contrat d’un million de francs CFA
En atteste son combat historique contre Double Less (père de Balla Gaye 2) en 1977. Le combat très âprement disputé est resté sans verdict. Un événement historique auquel la star du Mbalax, Youssou Ndour avait consacré une chanson dans les années 1980-1990.
Devenu star de la lutte, Mbaye Guèye a révolutionné le sport national. En effet, l’histoire retiendra qu’il fut le premier lutteur à avoir signé avec le promoteur Bassirou Diagne Marème Diop (devenu par la suite Grand Serigne de Dakar) un contrat d’un million FCFA pour un combat de lutte contre Robert Diouf, d’après le quotidien Sunu Lamb.
Ce lutteur à la riche carrière est décédé ce samedi 7 août 2021 à Dakar à l’âge de 75 ans.