Liban : plusieurs morts dans l’explosion d’un camion-citerne

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Des soldats de l’armée libanaise et des membres de la Croix Rouge sont rapidement intervenus sur les lieux de l’explosion d’un camion citerne, dans le nord du Liban. © Omar Ibrahim, Reuters

Au moins 20 personnes ont été tuées dans la nuit de samedi à dimanche dans l’explosion d’un camion-citerne dans le nord du Liban. L’origine de la déflagration est inconnue et on ignore si elle est liée à l’aggravation de la pénurie de carburants dans le pays.

Au moins 20 personnes ont été tuées dans la nuit du samedi 14 au dimanche 15 août et 80 blessées par l’explosion d’un camion-citerne au Liban. Un drame qui intervient au moment où l’armée s’est déployée dans des stations-service en raison de la pénurie de carburant.

Aucun détail n’a filtré dans l’immédiat sur l’origine de cette explosion qui s’est produite dans la région d’Akkar, au nord du pays, selon la Croix-Rouge libanaise. « Nos équipes ont évacué 20 cadavres et plus de 7 blessés depuis le lieu de l’explosion d’un camion-citerne à Akkar vers les hôpitaux de la région », a-t-elle indiqué sur Twitter.

Au moins sept corps et des dizaines de personnes brûlées ont été amenés dans un hôpital d’Akkar, indique Yassine, un employé. « Mais l’hôpital a dû refuser la plupart des blessés, car il n’est pas équipé pour soigner les grands brûlés, ajoute-t-il. Certains ont été emmenés à 25 km de là, à l’hôpital Al-Salam à Tripoli, le seul équipé dans la région pour prendre en charge les brûlés.

L’agence nationale d’information (ANI) a indiqué qu’une citerne confisquée par l’armée avait explosé après des heurts entre des résidents qui s’étaient attroupés pour se procurer de l’essence. L’armée n’était pas présente sur les lieux, a-t-elle ajouté.

Pénurie de carburants

L’ancien Premier ministre Saad Hariri a comparé l’explosion d’Akkar à celle qui a ravagé le port de Beyrouth il y a un an, tuant plus de 200 personnes et détruisant des pans entiers de la capitale. « Le massacre d’Akkar n’est pas différent du massacre du port », a-t-il écrit sur Twitter. « Si ce pays respectait son peuple, ses responsables démissionneraient, du président jusqu’à la toute dernière personne responsable de cette négligence », a-t-il ajouté.

Le président Michel Aoun a appelé la justice à ouvrir une enquête sur les circonstances ayant conduit à l’explosion, celle du port de Beyrouth n’a abouti à aucun résultat à ce jour, tandis que le ministre intérimaire de la Santé, Hamad Hassan, a ordonné à tous les hôpitaux du pays « d’accueillir les blessés de cette douloureuse tragédie aux frais du ministère ».

Le Liban est aux prises avec un effondrement économique depuis fin 2019, et connaît des pénuries en tous genres, notamment en carburants, qui affectent l’approvisionnement en biens de première nécessité.

Elle se double d’une crise politique : le gouvernement sortant a démissionné au lendemain de l’explosion du port de Beyrouth en août 2020 et les différentes forces politiques se sont montrées incapables à ce jour d’en former un nouveau, malgré les pressions internationales.

Plus tôt samedi, le gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé avait refusé de revenir sur une récente décision de lever les subventions sur les carburants en dépit de la colère et des inquiétudes des Libanais. « Je ne reviendrai pas sur [la décision de] lever des subventions sur les carburants à moins que l’usage des réserves obligatoires [de devises] ne soit légalisé », a-t-il déclaré au micro d’une radio locale.

« Nous disposons encore de 14 milliards de dollars de réserves [obligatoires], en plus de 20 milliards de dollars d’actifs externes », a-t-il précisé. Les réserves en devises de la BDL dépassaient 30 milliards de dollars avant la crise.

Les réserves de la BDL ont fondu tandis que la livre libanaise a perdu plus de 90 % de sa valeur face au dollar, rendant les coûts d’importation plus onéreux. Le billet vert s’échange aujourd’hui sur le marché noir à plus de 20 000 livres, contre un taux officiel toujours maintenu à 1 507 livres.

La BDL a annoncé mercredi sa décision de n’accorder des lignes de crédits qu’au taux du marché noir pour l’importation de carburants, provoquant colère et panique dans le pays et faisant craindre une énième augmentation des prix et des pénuries, y compris de pain.

« Un désastre imminent »

Plusieurs établissements ont dû fermer leurs portes, faute de diesel pour alimenter les générateurs privés, tandis que les pannes de courant culminent à plus de 22 heures par jour.

Le American University of Beirut Medical Centre (AUBMC), l’un des principaux hôpitaux privés du pays, a prévenu samedi d’un « désastre imminent », se disant contraint de cesser ses activités dans les 48 heures s’il n’obtenait pas de carburant. « Quarante malades adultes et quinze enfants, sous respirateurs, mourront dans l’immédiat », s’alarme le AUBMC dans un communiqué. « Cent quatre-vingts personnes souffrant d’insuffisance rénale mourront intoxiquées après quelques jours […] Plusieurs centaines de malades de cancer, adultes et enfants, décèderont dans les semaines qui viennent. »

Critiqué par plusieurs ténors politiques pour la levée des subventions, Riad Salamé s’est défendu samedi : « Tous […] étaient au courant de la décision. Qu’ils aillent au Parlement et qu’ils votent la loi au lieu de jouer la comédie », a-t-il répliqué.

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L’armée dans les stations services

Selon des médias locaux, des queues interminables se sont formées samedi devant des stations-essence tandis que des camions de distribution de carburant étaient pris d’assaut par des citoyens en colère. Certaines stations-service ont fermé pour conserver du stock de carburant en attendant une nouvelle hausse des prix.

Selon des correspondants de l’AFP, des soldats déployés en masse aux stations-essence ont imposé en début d’après-midi l’ouverture de plusieurs d’entre elles au nord de Beyrouth et ailleurs.

L’armée a dit avoir saisi plus de 78 000 litres d’essence stockés dans deux stations-service ainsi que 57 000 litres de diesel dans une troisième dans l’est du pays. Elle a partagé des images sur les réseaux sociaux montrant des soldats remplissant eux-mêmes les réservoirs des véhicules.

Avec AFP

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