« Il y a un an devant la situation difficile que traversait l’hôpital Aristide Le DANTEC (surendettement, baisse des recettes, ruptures de réactifs et de médicaments, pannes en série et défaillances graves de l’infrastructure), l’ensemble des praticiens de l’hôpital s’est investi dans l’inventaire des problèmes et a proposé des solutions à travers un mémorandum selon 5 axes notamment l’infrastructure, le projet d’établissement, le fonctionnement de l’établissement, les urgences, et l’équipement », a rappelé la CME dans le document dont Dakaractu a reçu une copie.
DÉGRADATION DE L’INFRASTRUCTURE.
Concernant la vétusté de l’infrastructure, la Commission Médicale d’Établissement (CME) a expliqué avoir été proposé de mettre l’accent sur le projet d’établissement mais à sa grande surprise la réfection de plusieurs services et des blocs opératoires entamée depuis plus de 2 ans n’est toujours pas finalisée (bureau d’accueil des patients, salle commune de prélèvements, bloc de l’urologie….) tandis que d’autres n’ont jamais démarré, notamment pour le service de chirurgie plastique, de stomatologie, d’ophtalmologie, de chirurgie dentaire, et de kinésithérapie, ainsi que les locaux de la consultation externe. La note précise en réalité que l’ensemble des services de l’hôpital est dans un tel état que l’administration de soins de qualité aux patients y est quasiment impossible.
Convaincue que le projet de reconstruction de l’hôpital Aristide Le Dantec est la seule véritable solution devant cet état de fait, la CME alerte sur le retard pour le début de réalisation, ceci malgré la finalisation de la rédaction et de la révision du projet d’établissement de l’hôpital selon les recommandations du Ministère de la Santé et de la Banque Mondiale.Dans un autre registre, la gestion de l’établissement pour lui assurer un bon fonctionnement a été également décrié.
‘L’audit de la masse salariale inscrit dans le mémorandum ne parait pas être une urgence pour l’administration de l’hôpital alors que le déficit en personnel qualifié est évident. L’informatisation des services avance, mais risque de s’arrêter faute de budget. Le conseil d’administration ne joue toujours pas son rôle de contrôle des finances et des investissements et à ce jour les ruptures répétées et durables de médicaments et de réactifs persistent et les renouvellements de matériels (instruments de bloc opératoires, tables d’opérations, matériaux de laboratoires) ne sont toujours pas assurés », a relevé la CME dans sa déclaration.
Pour ce qui touche aux urgences qualifiées comme la vitrine de l’hôpital, la CME a renseigné que « la prise en charge des patients continue de poser problème. La mise à disposition d’analyses, d’examens d’imagerie et de traitements urgents sans attendre le règlement des patients n’est pas effective. Tous ces manquements rendent à suffisance compte de graves soucis de gouvernance financière et organisationnelle de l’hôpital ».
Pour la CME, le soutien apporté par le ministère de la santé est insuffisant pour régler les problèmes auxquels l’hôpital est confronté et l’impact attendu du travail réalisé depuis un an est largement en deçà des espérances avec comme principales raisons : l’insuffisance de la subvention ministérielle et le non-respect, voire l’absence de procédures transparentes de gestion.
LES LIMITES DANS LA PRISE EN CHARGE DE LA COVID-19.
Malgré toutes ses difficultés, l’hôpital Aristide Le Dantec continue encore de participer de façon importante à la prise en charge des patients Covid depuis le début de la pandémie, à en croire la CME. Une partie des charges non négligeable a été financée sur fonds propres, a-t-elle expliqué à travers sa déclaration.
« À ce jour, le nouveau service d’accueil des urgences de l’hôpital a été consacré à la prise en charge des cas graves ou oxygéno-nécessitants. Ainsi nous mettons à la disposition des populations 6 lits (extensibles à 10) de réanimation entièrement équipés et 16 lits pour patients à risque ou oxygéno nécessitants. Les activités de prise en charge des patients non covid se poursuivent difficilement en raison des nombreux problèmes qui semblent ne préoccuper au quotidien que les médecins, le corps paramédical, et les usagers directement concernés », lit-on dans le document.
LA CME EN ORDRE DE BATAILLE.
Considérant que toutes ces difficultés que traverse Le Dantec sont un véritable affront à ses compétences, la communauté médicale pense qu’il est non seulement normal, mais même obligatoire de réclamer beaucoup mieux et menace de ne plus se laisser faire pour une solution définitive des difficultés auxquelles l’établissement sanitaire est confronté. La CME décline ainsi, à travers un plan di’action, 2 problèmes majeurs qu’il convient de satisfaire quoi qu’il puisse coûter aux professionnels de l’hôpital. Il s’agit de la gouvernance locale et de l’absence de considération des autorités, souligne le texte.
« Après avoir mis les patients devant toute autre considération et analysé les risques que nous leur faisons courir à vouloir pratiquer dans des conditions insupportables, c’est pour nous, l’attitude la plus responsable à adopter jusqu’à preuve du contraire », a conclu la Commission Médicale d’Établissement (CME).