L’ancien Premier ministre malien Soumeylou Boubeye Maïga a été placé sous mandat de dépôt, jeudi 26 août, par la chambre d’accusation de la Cour suprême du Mali, notamment dans l’affaire de l’achat d’un avion présidentiel pendant la présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta.
Avec notre correspondant à Bamako, Serge Daniel
L’ancien chef du gouvernement malien s’est rendu à la Cour suprême après avoir reçu, la veille, une convocation. Son avocat et un membre de la Cour suprême ont confirmé la mise sous mandat de dépôt, c’est-à-dire son arrestation après inculpation.
Pourquoi est-il inculpé ? C’est probablement lié à au moins un dossier, celui de l’achat d’un avion de commandement de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta. Soumeylou Boubeye Maïga était alors ministre de la Défense.
Les conditions d’achat de l’avion de commandement avaient été critiquées. À l’époque, des rapports de la Cour des comptes et du vérificateur général avaient épinglé des surfacturations et de nombreuses anomalies.
Il y a probablement aussi un second dossier : celui d’achats d’équipements militaires. Mais il faut préciser que cette affaire avait été classée par une décision de justice. « Non », a répondu récemment le procureur de la Cour suprême. D’après nos informations, un autre ancien ministre malien est actuellement entendu devant la Cour suprême.
Ces auditions interviennent dans un contexte particulier. Les autorités maliennes ont annoncé leur volonté de lutter contre la corruption. Mais d’ores et déjà, les proches de Soumeylou Boubeye Maïga affirment qu’il n’a rien à se reprocher.
Mali: incarcéré, Soumeylou Boubeye Maïga va répondre de cinq chefs d’inculpation
Au Mali, l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga et l’ancienne ministre de l’Economie Bouaré Fily Sissoko ont été incarcérés ce jeudi 25 août. Inculpés et placés sous mandat de dépôt à l’issue de leur convocation devant la section judiciaire de la Cour suprême, dans le cadre de deux affaires remontant à 2014 : celle de l’achat de l’avion présidentiel et celle des contrats d’équipements militaires, représentant à eux deux plus de 130 milliards de Francs CFA.
Des rapports de la Cour des comptes et du vérificateur général, mais également du FMI, avaient alors épinglé des surfacturations et de nombreuses anomalies. Ces dossiers avaient été classés sans suite en 2018 puis rouverts l’année dernière. Aujourd’hui, Soumeylou Boubeye Maïga, ministre de la Défense au moment des faits, et Bouaré Fily Sissoko, ministre de l’Economie de l’époque, sont officiellement inculpés par la Cour suprême.
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Soumeylou Boubeye Maïga doit répondre de cinq chefs d’inculpation: faux, corruption, favoritisme, abus de confiance et trafic d’influence. Quant à Mme Bouaré Fily Sissoko, elle est inculpée d’atteintes aux biens publics, faux et usage de faux, favoritisme, népotisme et corruption.
Des informations obtenues de sources judiciaires, même si le Procureur général de la Cour suprême, Mamadou Timbo, n’a pas souhaité répondre, pour le moment, aux sollicitations de RFI. Plusieurs autres membres de la Cour suprême ont indiqué ne pas être informés de l’évolution de cette procédure, ce qu’ils déplorent. Quant aux avocats de Soumeylou Boubeye Maïga, ils préfèrent ne pas s’exprimer pour le moment.
Avion présidentiel acheté près de 20 milliards de FCFA
L’achat d’un avion présidentiel à près de 20 milliards de FCFA et les surfacturations de contrats d’équipements militaires, avec des chaussettes à 10 000 FCFA, avaient scandalisé le pays, et la relance de la procédure l’année dernière avait été saluée par de nombreux acteurs de la lutte anti-corruption.
Mais sa récente prise en main par la Cour suprême, en lieu et place de la Haute cour de justice, seule compétente en théorie pour juger les ministres, suscite de nombreuses inquiétudes. Chez les magistrats eux-mêmes, et chez les proches des personnes mises en cause, qui dénoncent une « instrumentalisation » de la Justice par les autorités de transition. « Ils veulent arrêter ceux qui les gênent », commente un proche de Soumeylou Boubeye Maïga, qui rappelle que l’ancien Premier ministre ne cachait pas ses ambitions présidentielles, et qu’il s’était récemment prononcé contre l’allongement de la durée de la transition.