Sarkozy-Macron : histoire d’un bras de fer

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Info L’Express

Portrait de Nicolas Sarkozy © Malick MBOW
Portrait de Nicolas Sarkozy © Malick MBOW

Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy ont partagé un déjeuner jeudi 9 septembre. Entre eux, la méfiance est grande et les sujets de querelle nombreux. Récit.

Emmanuel Macron avec Nicolas Sarkozy à la cérémonie d'hommage à la Résistance, sur le plateau des Glières (Haute-Savoie) le 31 mars 2019.

Emmanuel Macron avec Nicolas Sarkozy à la cérémonie d’hommage à la Résistance, sur le plateau des Glières (Haute-Savoie) le 31 mars 2019.

REUTERS

« Macron a des failles. » Pis que le Nicolas Sarkozy franchement piquant – celui qui répète à ses interlocuteurs que « tout ça va mal finir », par exemple – il y a le Nicolas Sarkozy modéré. Celui qui sait, mieux que personne, faire mine de ne pas vouloir débiner un concurrent tout en le pulvérisant en une formule économe. Jusqu’à la semaine passée, dans son viseur, selon plusieurs de ses interlocuteurs, Emmanuel Macron, coupable, donc, d’avoir « des failles ». Lesquelles ? Ceux qui ont croisé récemment l’ancien chef de l’Etat ne l’ont entendu ni les détailler ni même s’étendre sur le sujet Macron. Mais tous ont noté un changement de ton. Ce n’est plus le même qu’au printemps, ni le même qu’à l’automne. Pas le même non plus qu’en début de quinquennat. Souvent, Nicolas Sarkozy varie. Pour l’heure, « il est beaucoup moins dithyrambique qu’avant sur le président », se réjouit l’un des visiteurs réguliers de la rue de Miromesnil qui ne pèche pas par macronisme.

Intermédiation et influence

Entre Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron s’est nouée une relation faite d’estime mutuelle, d’admiration, réciproque également, et d’un soupçon de sournoiserie. C’est l’histoire de deux égos conséquents, convaincus l’un comme l’autre de leur puissance. Tant que l’actuel locataire de l’Elysée « traitait », selon l’expression consacrée, son prédécesseur, écoutait ses conseils et suggestions pour renforcer le gouvernement, la vie se déroulait, simple et tranquille.

Jusqu’à ce qu’une paisible rumeur vint de la ville. Deux rumeurs précisément. Deux erreurs, aux yeux de Nicolas Sarkozy. L’alliance tissée par Renaud Muselier avec LREM en Paca pour les régionales de juin dernier, constitue la première. Ce rapprochement, emporté de haute lutte par Thierry Solère, conseiller officieux du président chargé d’exfiltrer les élus LR Macron-compatible, a affligé l’ex-patron de la droite. Quand il a vu le maire de Toulon Hubert Falco et le maire de Nice Christian Estrosi profiter de l’événement pour quitter Les Républicains, sa crispation s’est muée en consternation. « La droite du Sud c’est la sienne, observe l’un de ses anciens compagnons de route. Dijon il s’en fout, mais Muselier et Falco ça l’a super énervé. » Car à mesure que les élus Républicains quittent d’eux-mêmes le navire pour rejoindre les rives de LREM, le pouvoir d’intermédiation de Nicolas Sarkozy diminue. C’est en tout cas, le pari de la Macronie.

« Manque de pif »

Mais il ne faut jamais négliger Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron le sait bien. Pour cette raison, ce dernier avait pris soin d’échanger avec lui en juillet. Mais à cette occasion, une deuxième faute aurait été commise par Macron lui-même. « Un petit manque de pif », comme le dit coquettement un membre éminent de son entourage. Ce n’est un secret pour personne : Nicolas Sarkozy souhaite peser. Pour cela, il envisageait de monnayer son soutien au président sortant et bientôt candidat à sa réélection. Comme L’Express le racontait au mois de mars, certains l’avaient entendu faire une savante démonstration sur « la faiblesse » d’Emmanuel Macron et la nécessité pour ce dernier d’être soutenu pour tenir tête à Marine Le Pen au second tour de la présidentielle. En échange, l’Ex comptait bien imposer ses volontés : un Premier ministre choisi par ses soins (François Baroin), une coalition à l’Assemblée, notamment. Et voilà la droite remise en selle pour 2027 !

Mais Emmanuel Macron aurait, c’est étonnant, manqué d’allant. Sa réponse tardant, Nicolas Sarkozy eut tout le temps de modifier son raisonnement. Durant l’été, devant ses invités issus de la droite, il s’inquiéta : « Si on soutient Macron au second tour, il fera son marché chez nous et on disparaît. » La solution ? Envisager un soutien pour le premier tour en échange du choix du Premier ministre toujours, d’un groupe majoritaire dont les deux tiers seraient composés de députés Les Républicains, mais aussi d’un accord programmatique. Rien que ça. On murmure qu’un âge de départ à la retraite fixé à 64 ans constituerait pour Nicolas Sarkozy une mesure emblématique. Mais à cela non plus, point de réponse. De quoi irriter franchement celui qui aime plus que tout se sentir encore au centre du jeu politique.

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