Le musée Picasso à Paris, plus importante collection au monde des oeuvres du peintre Pablo Picasso, se dote de huit oeuvres inédites du maître, cédées par sa fille, Maya, à la France, par le biais d’une dation.
L’une d’entre elles, cubiste et en noir et blanc, datant de 1938, a été révélée lundi à la presse, en présence des ministres de la Culture Roselyne Bachelot et de l’Economie, Bruno Le Maire.
Intitulée « l’Enfant à la sucette assis sous une chaise », elle représente probablement Maya enfant, cachée sous le meuble, comme sombre présage du conflit mondial à venir, a expliqué Olivier Widmaier Picasso, petit-fils de Picasso, présent à la conférence de presse aux côtés de sa soeur Diana.
Elle fait partie de la collection familiale cédée au musée par la première fille que Picasso a eue avec Marie-Thérèse Walter, rencontrée en 1927, et annoncée lundi.
Collection personnelle de l’artiste transmise à ses descendants, elle comprend six peintures, deux statues, dont une réalisée par Picasso en 1945 (La Vénus du Gaz) et une autre, polynésienne, typique des sculptures anthropomorphes des îles Marquises du XIXe siècle (tiki), que l’artiste conservait comme des totems dans son atelier, ainsi qu’un carnet à dessins.
La plus ancienne des toiles de la collection est un portrait classique du père de Picasso, « Don Jose Ruiz », lui-même peintre, et datant de 1895. La plus récente, cubiste, « Tête d’Homme », a été réalisée durant l’été 1971, dans la dernière phase de l’oeuvre de Picasso.
A leurs côtés, une « Etude pour une Joueuse de Mandoline » en noir et blanc au fusain et à l’huile (1932), un portrait d’Emilie Marguerite Walter (dite « Mémé »), belle-mère de Picasso, une huile et crayon sur toile datant de 1939; « El Bobo », huile cubiste s’inspirant du Nain de Vélasquez et datant de 1959 et un carnet de dessins comprenant plusieurs études pour le « Déjeuner sur l’Herbe », inspiré d’Edouard Manet, que Picasso admirait.
– « Monde inépuisable » –
Toutes ces oeuvres « permettent de renseigner de manière inédite le travail de Pablo Picasso », a souligné Mme Bachelot, qui a dit sa « profonde émotion (…) de célébrer l’entrée dans (les) collections nationales » de cet ensemble.
« C’est une grande joie que de voir la collection nationale s’enrichir mais lorsqu’il s’agit de Picasso, l’artiste phare de la modernité dont l’oeuvre constitue un monde qui semble inépuisable, cette joie est évidemment double », a-t-elle ajouté.
La dation, une transaction qui permet à Maya Ruiz-Picasso de s’acquitter de ses droits de succession en nature, est « l’une des plus importantes de ces dernières décennies », selon la ministre qui a dit mesurer « la portée de cet événement exceptionnel ».
Ces nouvelles oeuvres rejoignent la collection de celles, déjà innombrables, qu’abrite le musée Picasso depuis 1985. Elles seront présentées dans leur intégralité au public à partir d’avril 2022.
Le montant global de la collection n’a pas été précisé, les ministres faisant valoir le secret fiscal.
Le musée Picasso a été constitué principalement par deux dations fondatrices consenties par les héritiers de Pablo Picasso, en 1979 et en 1990, puis par des oeuvres conservées par Dora Maar, amante du peintre pendant une dizaine d’années entre 1935 et 1945, puis, à travers des donations ou legs de proches et amis du peintre ainsi que par des achats de l’Etat, plus restreints en raison du coût très élevé des oeuvres de l’artiste (1881-1973).