De nombreux trentenaires vont se souvenir de leurs premières larmes versées devant la télé. Princesse Sarah, la série animée qui a fait pleurer tous les enfants des années 1990, débarque ce mercredi, en intégralité sur Netflix. Un dessin animé japonais comme les matinales jeunesse en diffusaient par paquets à l’époque, et qui a pourtant durablement marqué ses petits téléspectateurs. En témoignent les mémoires intactes de nombreux internautes, qui ont réagi en masse lorsque la plateforme a annoncé l’ajout du programme à son catalogue.
Allez, enroulons-nous gaiement dans un peu plus de tristesse, d’accord. https://t.co/Z3eZydVzcD
— Julia Vergely (@Julia_v) December 14, 2021
Pour beaucoup, Sarah reste à jamais la petite fille aux cheveux bleus et aux très grands yeux verts. Le personnage existait pourtant bien avant cette adaptation en dessin animé et a connu de nombreuses vies après son arrêt. Roman, longs-métrages, pièces de théâtre… retour sur les différentes moutures de cette histoire que le public redécouvre sous de nouvelles formes depuis plus d’un siècle.
Éveil au mélo
Si Princesse Sarah a tant marqué ses jeunes téléspectateurs, c’est sans doute parce qu’elle a constitué leur première rencontre avec le mélodrame. Créée par Fumio Kurokawa en 1985 et arrivée en France deux ans plus tard, cette série de 46 épisodes suit les mésaventures de Sarah Crewe dans l’Angleterre de la fin du XIXe siècle. Élevée en Inde par son père, un riche notable britannique, elle arrive dans le pensionnat d’excellence londonien tenu par la redoutable Mademoiselle Mangin. D’abord accueillie comme une princesse grâce à la fortune familiale, Sarah voit son destin basculer à la mort de son père. Soudainement orpheline et sans le sou, elle est réduite en esclavage par la directrice, soumise à sa tyrannie (physique comme psychologique) et à celle de la méchante Lavinia, la préférée du corps enseignant.
Difficile de trouver des chiffres concernant la diffusion de Princesse Sarah mais, d’après le site TV Tropes, la série a été traduite dans une multitude de langues, traversant l’Asie, l’Europe et le monde arabe. En 2005, ce pendant féminin de Rémi sans famille a obtenu la 98e place des 100 meilleurs animes de tous les temps, à l’issue d’un sondage lancé par la chaîne japonaise TV Asahi. Un succès qui avait largement de quoi effacer les origines du personnage.
Roman pour enfants
Princesse Sarah est l’une des saisons d’une vaste série intitulée le World Masterpiece Theater, diffusée de 1969 à 1997 sur Fuji TV: chaque année, pendant près de 30 ans, la chaîne japonaise a proposé une adaptation animée d’un classique de la littérature enfantine. Comme Heidi ou Les Quatre filles du docteur March, qui ont elles aussi fait l’objet d’une saison du programme, Sarah est avant tout l’héroïne d’un roman. Elle est née sous la plume de l’anglo-américaine Frances Hordgson Burnett, qui publie son histoire sous forme d’un feuilleton littéraire intitulé Sara Crewe: or, What Happened at Miss Minchin’s, édité dans magazine américain pours enfants à la fin du XIXe siècle.
Frances Hordgson Burnett – également autrice du Jardin secret, un autre classique – publie l’histoire sous forme d’un roman en 1905. Intitulé A Little princess, il est disponible en France sous le titre La Petite princesse. Entre-temps, l’autrice a adapté l’histoire pour les planches, et A Little Princess a été présentée à Londres et New York au début du XXe siècle.
Arrivée au cinéma
Dès les décennies suivantes, le roman a fait l’objet d’un nombre impressionnant de reprises, du grand au petit écran en passant par le théâtre. Shirley Temple a notamment incarné Sarah dans Petite princesse, un film de Walter Lang sorti en 1939. Près de 50 ans plus tard, en 1995, le réalisateur-star Alfonso Cuarón – alors en tout début de carrière – signe une nouvelle adaptation cinématographique pour la Warner, avec Liesel Matthews dans le rôle-titre. Le cinéaste a depuis été couronné à deux reprises de l’Oscar du meilleur réalisateur, pour Gravity (2013) et Roma (2018).
La même année, une version philippine, cette fois directement inspirée du dessin animé japonais, voit elle aussi le jour sous le titre Sarah… Ang Munting Prinsesa.
La pièce originale de Frances Hodgson Burnett avait été présentée à Broadway dans la foulée de la sortie du livre. Depuis, A Little Princess n’a plus jamais eu droit à cet honneur, mais elle a eu son lot d’adaptations en pièces de théâtre et même en comédies musicales, un peu partout dans le monde anglophone. Au fil du temps et des relectures, l’histoire de Sarah a été repensée, édulcorée, parfois totalement modifiée pour ne pas heurter la sensibilité des plus jeunes. Ceux qui auraient oublié comment se terminent les aventures de la version japonaise ont 46 petits épisodes devant eux…