Pour affronter cette nouvelle menace, Edouard Philippe, qui semble aimer le sabre, va être envoyé en éclaireur. Afin de miner la campagne de Valérie Pécresse et de consolider le socle macroniste composé de centristes et de juppéistes… Pour l’heure, les digues semblent tenir.
Pour Edouard Philippe, c’était une évidence, le flux de ralliements des Républicains à Emmanuel Macron allait se poursuivre. D’où cette expression, jugée géniale, lancée en 2017: « La poutre travaille encore, laissons-la travailler. »
Autrement dit, LR allait naturellement se vider de sa substance. Au profit de la majorité présidentielle.
L’ancien Premier ministre a eu raison. Jusqu’à la victoire de Valérie Pécresse à la primaire de la droite. Départ de LR de personnalités comme Renaud Muselier ou Hubert Falco, tribunes d’élus LR en faveur d’Emmanuel Macron…
Sans boussole, sans leader, LR semblait condamné. Et voilà qu’à moins de quatre mois de l’élection, leur candidate est donnée à quasi-égalité avec le président sortant au second tour, voire gagnante. Bien évidemment, un sondage ne fait pas le printemps.
En 2017, au lendemain de la primaire socialiste, Benoît Hamon avait triplé son score, passant de 6% à 18% d’intentions de vote pour terminer à 6% au premier tour.
En réalité, l’électorat n’est pas une poutre. Edouard Balladur avait fait la même erreur en 1995. Il avait cru qu’ayant le soutien de l’UDF et de nombreuses personnalités du RPR, il était assuré de gagner l’élection. Pour lui, sur le spectre politique, il ne voyait pas d’espace pour Jacques Chirac. In fine, il a perdu. L’électorat n’est pas une poutre, rectiligne, prévisible, sécable.
C’est une galaxie, une multitude d’atomes qui, le jour J, se trouvent attirés par une force, le candidat le plus attractif, le plus en résonance avec l’attente des Français. Il n’est pas certain que Valérie Pécresse soit en phase avec le pays le 10 avril prochain. Ni qu’elle tienne le choc de la campagne. Mais désormais, pour l’électorat conservateur déçu par Macron, il y a un réceptacle clairement identifié. Une responsable politique solide, avec un programme conservateur. Le résultat des régionales et le nombre d’adhésions à LR pour la primaire étaient autant de signes avant-coureurs de ce réveil de la droite et de son désir de revanche.