Le président de la République détaille dans L’Express les nombreuses «continuités» qu’il décèle entre «Dieu et la science».
C’est l’un des sujets sur lesquels le mystère demeure. Quel est le véritable rapport d’Emmanuel Macron au spirituel ? Élevé dans un établissement jésuite de Picardie – à sa demande -, avant de multiplier ensuite les grandes écoles et les diplômes dans la capitale, le président de la République est-il un cartésien rationnel, ou un croyant qui se fait violence ? Pense-t-il qu’il faut «réparer» le lien entre l’Église et l’État qui «s’est abîmé», ou considère-t-il que les questions de mœurs – religieuses – ne sont «pas (s)on affaire» ?
Pour répondre à toutes ces questions, L’Express a recueilli un texte du chef de l’État, publié ce mardi, jour de son quarante-quatrième anniversaire. Dans l’hebdomadaire, le locataire de l’Élysée débute par un éloge de la science dont, «jamais, sans doute, l’humanité» n’aura «autant eu besoin» qu’aujourd’hui. À la fois pour faire face à la pandémie, bien sûr, mais aussi pour affronter les bouleversements écologiques et environnementaux, ou encore pour permettre les innovations indispensables au progrès.
L’égalité des droits en dignité, nouvelle égalité des hommes devant Dieu ?
«Et Dieu dans tout ça ?», interroge ensuite Emmanuel Macron. «Contrairement à ce que l’interprétation toute voltairienne des Lumières françaises a longtemps imposé comme grille de lecture, ce programme de développement de l’esprit scientifique ne s’oppose en rien à l’expression des religions», estime le président de la République, rappelant «qu’il ne s’agit pas d’imposer un positivisme forcené, une religion de la science qui se substituerait à toutes les interprétations du monde».
À l’échelle de l’Europe, de nombreuses «continuités entre Dieu et la science, (entre) religion et raison», apparaissent ainsi aux yeux d’Emmanuel Macron. «L’égalité des droits de l’homme en dignité et en droits n’a-t-elle pas été préparée par l’égalité des hommes devant Dieu pensée par le christianisme ? De même l’esprit critique défendu par les Lumières n’a-t-il pas été précédé par le rapport individuel au texte sacré défendu par le protestantisme ?», feint-il d’interroger pour appuyer sa thèse.
«Séparer l’ordre temporel de l’ordre spirituel»
S’inspirant ensuite tour à tour de l’écrivain humaniste de la Renaissance Rabelais, du «penseur anglais Tom McLeish», ou encore du «grand Jürgen Habermas», Emmanuel Macron termine sa démonstration en citant Aristide Briand, célèbre porteur de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. «C’est en étant fidèle à (son) esprit, en suivant le chemin de concorde qu’il traçait que la France continuera à être une nation infiniment rationnelle et résolument spirituelle», estime le chef de l’État.
Défenseur de la «riche cohabitation» – qui existe selon lui «en chacun de nous» – entre «aspiration à la raison et besoin de transcendance», Emmanuel Macron affirme que «oui, la science et Dieu, la raison et la religion peuvent vivre côte à côte, parfois même se nourrir». Ce que, d’ailleurs, il juge «même souhaitable». Le tout, insiste-t-il cependant, grâce à au «cadre unique» de la laïcité, une «belle idée» dont la France dispose depuis un siècle. Et qui, en «séparant l’ordre temporel de l’ordre spirituel, rend (cela) possible».