«L’EXTRÊME PAUVRETÉ VIDE PROGRESSIVEMENT L’HOMME DE SON HUMANITÉ» !

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PAR MOHAMED BACHIR DIOP
Mère Teresa© Malick MBOW

Coin d’histoire , l’Ange Rose-Bonbon

Mohamed Bachir Diop  |   Publication 05/01/2022

Elle s’appelait Anjezë Gonxhe Bojaxhiu mais était plutôt connue sous son nom de religieuse catholique, Mère Térésa. Mère Térésa a écrit son nom dans l’histoire de l’humanité grâce à ses actions caritatives, en Inde particulièrement. Elle avait d’ailleurs acquis la nationalité indienne car c’est dans ce pays qu’elle a passé la quasi-totalité de sa vie et c’est là qu’elle a accompli ses actions les plus remarquables en faveur d’une population réputée pauvre et ignorante dans sa grande majorité. Qui plus est, l’Inde n’est pas un pays réputé pour sa croyance au catholicisme, sa population étant majoritairement boudhiste. Mais c’est là qu’elle trouvera son plein épanouissement, c’est là qu’elle s’accomplira et accomplira sa mission religieuse.

Mère Térésa est née le 26 août 1910 à Üsküb dans l’Empire ottoman (actuellement Skopje en Macédoine du Nord) et est morte le 5 septembre 1997 à Calcutta. Elle était donc Albanaise d’origine. Ses parents, catholiques pratiquants, aident souvent les pauvres de la ville, et elle accompagne sa mère, Drâne, dans ses visites régulières aux plus démunis, aux pauvres, aux alcooliques, aux orphelins… Cette mère conseillait à ses enfants ceci : « Quand vous faites du bien, faites-le comme une pierre que vous jetez à la mer ». Sa famille accueille régulièrement des pauvres à leur table ; Anjezë est ainsi fortement marquée par la recommandation de sa mère : «Ma fille, n’accepte jamais une bouchée qui ne soit partagée avec d’autres». Cela a été le viatique de sa vie. Pendant plus de 40 ans, Mère Térésa consacre sa vie aux pauvres, aux malades, aux laissés pour compte et aux mourants, d’abord en Inde puis dans d’autres pays, et elle guide le développement des Missionnaires de la Charité.

Même après sa mort, les Missionnaires de la Charité, dont elle était la maîtresse et guide, s’occupent de plus de 600 missions, dans 123 pays dans le monde. Ils distribuent des soupes populaires, entretiennent des centres d’aide familiale, des orphelinats, des écoles, des hospices et des maisons d’accueil pour les personnes atteintes de maladies comme la lèpre, le sida ou la tuberculose. Elle quitte sa terre natale le 26 septembre 1928, à l’âge de 18 ans, et rejoint le couvent de l’ordre missionnaire des sœurs de Notre-Dame-de-Lorette, à Rathfarnham près de Dublin en Irlande, communauté missionnaire fondée au XVIIe siècle. Le 1er décembre 1928, Anjezë part en Inde pour y faire son noviciat. Elle arrive à Calcutta en 1929 et, très vite, elle est choquée par l’extrême pauvreté qui sévit dans cette ville très peuplée. Elle écrit ses impressions à un journal catholique de son village : « Si les gens de nos pays voyaient ces spectacles, ils cesseraient de se plaindre de leurs petits ennuis ». Après avoir travaillé quelques mois dans un dispensaire où elle soigne des pauvres, sœur Mary Teresa devient enseignante à l’école de Loreto Entally, à Calcutta, de 1931 à 1937. Face à des classes de 300 élèves, sa pédagogie stricte et son service humble la rendent proche des enfants indiens qui l’appellent rapidement « Ma », ce qui signifie «Mère». Elle prononce des vœux définitifs en Inde le 24 mai 1937. Et devient en 1944 directrice des études à Sainte-Marie, école réservée aux classes sociales supérieures de Calcutta. Elle consacre une partie de son temps aux bidonvilles où elle se rend pour consoler les démunis et les malades, et visiter ceux qui sont hospitalisés. Elle écrit à sa mère, et lui annonce sa nomination en tant que directrice. Celle-ci lui répond : « Ma chère enfant, n’oublie pas que si tu es partie dans un pays si lointain, c’est pour les pauvres ». La future Mère Térésa n’oubliera jamais cette recommandation elle qui, comme par nature, porte la charité dans tous les actes de sa vie.

Soudain, elle entend  « la voie de Dieu »

Au cours d’un voyage en train de Calcutta à Darjeeling, où a lieu la retraite annuelle de sa communauté, elle reçoit ce qu’elle appelle « l’appel dans l’appel ». Pendant qu’elle essaye de dormir : « Soudain, j’entendis avec certitude la voix de Dieu. Le message était clair : je devais sortir du couvent et aider les pauvres en vivant avec eux. C’était un ordre, un devoir, une certitude. Je savais ce que je devais faire mais je ne savais comment ». Mère Térésa parle de cette journée comme étant le « jour de l’inspiration ».

De retour à Calcutta, elle écrit à son guide spirituel jésuite et lui dit son désir de tout quitter. Celui-ci lui recommande de prier et de garder le silence. Peu de temps après, il expose la situation à l’évêque de Calcutta qui s’y oppose. Sœur Mary-Teresa n’est pas surprise de la réponse et mûrit son désir ; elle veut fonder un nouvel ordre religieux. Elle tombe gravement malade peu de temps après et est envoyée dans un sanatorium à Asansol, dans le même Etat du Bengale-Occidental, pour guérir d’un début de tuberculose. Pendant cette convalescence, elle prie et approfondit le message qu’elle pense avoir reçu ; elle dit découvrir alors que Dieu l’aime mais aussi qu’il veut être aimé. Ce temps de repos est écourté du fait de la crise politique qui secoue l’Inde, depuis peu indépendante.

Les sœurs rappellent Sœur Mary-Teresa pour répondre aux besoins d’aide. Sa détermination est toujours aussi grande. Aussi l’archevêque, finalement convaincu, demande-t-il au Saint-Siège la permission de pouvoir lui accorder l’exclaustration religieuse. Le 8 août 1948 elle reçoit la réponse, le pape Pie XII lui accorde la permission de vivre hors d’une communauté de son Ordre pour un an. Sœur Mary Teresa, désormais mère Teresa, prépare son départ après avoir reçu l’autorisation ; elle se confectionne un sari de coton blanc ourlé du bleu marial et en août 1948 elle quitte les sœurs de Lorette avec seulement cinq roupies en poche, autant dire 100 francs CFA. Elle décide alors de donner des cours dans la rue aux enfants. Et, en l’espace de dix jours, son école de la rue parvient à accueillir déjà pas moins de 50 enfants des bidonvilles. Elle ouvre dans un autre bidonville de Tiljana une nouvelle école et, avec sa formation d’infirmière, elle tente de soigner les pauvres qu’elle rencontre. Selon elle, « l’extrême pauvreté vide progressivement l’homme de son humanité ». En janvier 1949, elle recherche à vivre au plus près des pauvres, et ne veut plus vivre avec l’aide des Petites sœurs des pauvres. Sa vie s’organise alors entre les temps de prières, l’enseignement aux enfants et les soins aux mourants. Elle reçoit l’aide ponctuelle de laïcs et mendie dans des pharmacies les médicaments qu’elle ne peut payer.

En mars 1949, Mère Teresa reçoit la visite d’une de ses anciennes élèves, qui lui demande de pouvoir la suivre dans sa mission. Mère Teresa la renvoie en lui demandant de mûrir son choix. Quelques mois plus tard, cette même jeune femme revient en sari et lui demande de l’accepter. Peu de temps après, cette première est suivie par deux autres anciennes élèves. Très vite plus de dix jeunes filles décident de la suivre. Elle les oblige cependant à achever leurs études supérieures afin de prendre conscience de manière plus profonde de la mission à laquelle elles se destinent. Mère Térésa choisit alors d’établir des règles de conduite et appelle sa nouvelle communauté les « Missionnaires de la Charité ». Ses membres adoptent le sari comme habit religieux pour mieux se fondre parmi les populations indiennes.

Foyer pour mourants abandonnés et orphelinat

Des parents de plusieurs religieuses d’une branche bengali des Sœurs de l’Immaculée Conception, ayant fait remarquer que le sari avec une bande bleue était également porté par les femmes pauvres qui balayaient les rues de Calcutta, la congrégation adopte officiellement le sari blanc bordé de trois bandes bleues en mai 1960. Le blanc et le bleu sont les couleurs mariales traditionnelles ; le fond étant blanc comme symbole de pureté. Les trois bandes symbolisent les vœux de la communauté : pauvreté, obéissance, et pour la troisième bande, la plus large, chasteté et service des plus pauvres d’entre les pauvres. Un jour, Mère Teresa voit un mourant, et décide de l’emmener à l’hôpital, mais l’établissement refuse de le prendre en charge ; et l’agonisant meurt sans avoir été accueilli. Mère Teresa décide alors de s’occuper des mourants et demande un lieu à la mairie de Calcutta, qui lui offre un local à Kaligat à côté d’un temple. Elle appelle la maison « Nirmal Hriday », « Maison au cœur pur – Foyer pour mourants abandonnés ».

Les sœurs amènent les mourants les plus pauvres et abandonnés et les soignent avec des moyens rudimentaires. Deux ans après la fondation, Mère Teresa achète une maison, vendue à prix dérisoire par un musulman, pour y établir les sœurs. Elle exige des sœurs une pauvreté des lieux, qu’elle justifie : « Comment puis-je regarder les pauvres en face, comment puis-je leur dire « je vous aime et je vous comprends » si je ne vis pas comme eux ?». Un jour Mère Teresa aperçoit un enfant abandonné en train d’être mangé par un chien dans la rue ; elle recueille l’enfant qui meurt quelque temps après. Mère Teresa décide alors de créer un orphelinat où elle recueille des enfants abandonnés. Son œuvre lui permet d’obtenir plusieurs distinctions, plusieurs médailles et une reconnaissance internationale consacrée par le prix Nobel de la paix en 1979. On se souvient des trois enfants qu’elle a pu sauver au Liban et lors de la catastrophe du Bhopal en Inde. Elle se déploie dans le monde entier, en Albanie, son pays d’origine, en Italie, aux Usa et en Amérique latine car sa congrégation accueille désormais des hommes missionnaires. Lors de l’attribution du prix Nobel de la paix, de nombreux journaux la décrivent comme une sainte vivante.

En 1989, Mère Teresa est victime d’un arrêt cardiaque, et elle décide de démissionner de la charge de supérieure des Missionnaires de la Charité. Elle est cependant réélue en 1990. Elle continue ses voyages malgré sa santé fragile, et fonde une maison en Albanie, nation de ses origines. En décembre 1991, elle est victime d’une pneumonie et est soignée dans une clinique californienne. Elle est à nouveau hospitalisée à Rome en 1992 et à Delhi en 1993. Mère Teresa a une tumeur à l’estomac. En juillet 1997, elle rentre à Calcutta où elle meurt le 5 septembre 1997. Le gouvernement indien déclare un jour de deuil et, en rupture avec la tradition, lui organise des funérailles nationales le 13 septembre. L’Église catholique reconnaît ses vertus et elle est béatifiée en octobre 2003 par Jean-Paul II et canonisée le 4 septembre 2016 par le pape François. Des journées de commémoration sont organisées chaque année à sa mémoire et sa congrégation continue à poursuivre sa mission.

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