Violences sexuelles: l’OMS sommée de se réformer face aux scandales dans ses rangs

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Tedros Adhanom Ghebreyesus © Malick MBOW
Tedros Adhanom Ghebreyesus © Malick MBOW
Photo prise le 24 février 2020 montrant le logo de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à l'entrée de son siège à Genève - Fabrice COFFRINI © 2019 AFP
Photo prise le 24 février 2020 montrant le logo de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à l’entrée de son siège à Genève – Fabrice COFFRINI © 2019 AFP

Les principaux donateurs de l’OMS, dont les États-Unis et l’UE, ont tapé vendredi du poing sur la table contre la lenteur et le manque de transparence des réformes visant à empêcher les violences sexuelles par ses employés.

Cet avertissement intervient alors que l’Organisation mondiale de la santé est de nouveau empêtrée dans une affaire de mauvaise conduite, concernant cette fois son puissant directeur régional dans le Pacifique occidental, le Japonais Takeshi Kasai, également accusé de racisme.

L’OMS est depuis des mois sous forte pression de ses principaux donateurs, après l’effroyable scandale des violences sexuelles commises par certains de ses employés en République démocratique du Congo pendant une épidémie d’Ebola (2018-2020). L’OMS a fait depuis son mea culpa, promis de punir les coupables et lancé un plan de réponse.

« Vous êtes en droit d’attendre une conduite exemplaire, et vous êtes en droit d’exiger une organisation qui a zéro tolérance pour l’exploitation sexuelle, les comportements abusifs et le harcèlement », avait promis encore lundi le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Des efforts jugés « insuffisants »

La réponse de plusieurs pays n’a pas tardé. « Nous reconnaissons les progrès récents réalisés par l’OMS mais (…) des réformes organisationnelles plus larges sont nécessaires », a déclaré la nouvelle ambassadrice américaine auprès des Nations unies à Genève, Sheba Crocker, lors d’une réunion. « Les efforts de l’OMS pour permettre une prise de conscience accrue, organiser des formations et renforcer les capacités sont essentiels, mais insuffisants », a-t-elle souligné.

Les États-Unis, mais également d’autres pays comme la Norvège, ont aussi soutenu que le changement organisationnel doit commencer « au sommet, par le leadership ». « Nous attendons avec impatience la mise en oeuvre d’une approche centrée sur les victimes et les survivants pour prévenir et répondre à l’exploitation, les abus et le harcèlement sexuels à tous les niveaux de l’OMS », a demandé pour sa part le représentant français Bernard Derebergue, au nom de l’Union européenne.

L’UE demande également un renforcement du Bureau des services de contrôle interne de l’organisation. L’ambassadeur britannique, Simon Manley, a réclamé pour sa part « un système d’enquête qui favorise la transparence » et « des mises à jour régulières » sur tous les processus mis en place par l’OMS.

« Communiquer sur les mesures concrètes »

Dans un rapport publié plus tôt en janvier, un groupe d’experts mis sur pied par l’OMS suite au scandale en RDC relève « l’insatisfaction profonde et persistante » des États et du personnel « face au manque de transparence, aux retards dans le traitement des incidents » et à « l’attitude défensive » avec laquelle l’organisation a traité les problèmes de violences sexuelles par le passé.

« Il est maintenant d’une importance cruciale pour la direction et l’administration de communiquer régulièrement, tant à l’interne qu’à l’externe, sur les mesures concrètes prises et les progrès réalisés », demandent les experts.

12 accusations d’exploitation et d’abus sexuels

Face à ces critiques, Tedros Adhanom Ghebreyesus s’est voulu rassurant: « vous n’avez pas besoin d’être préoccupés » en termes « de confiance et de transparence ». « Quelle que soit l’information dont nous disposons, nous pouvons la partager », a-t-il assuré. Il a annoncé que trois nouvelles plaintes pour violences sexuelles ont été reçues au cours des deux dernières semaines en Centrafrique, en RDC et au Congo.

L’OMS enquête actuellement sur 12 allégations d’exploitation et d’abus sexuels et sur 25 allégations de harcèlement sexuel. Pendant la réunion, le chef de l’organisation n’a en revanche fait aucun commentaire sur les accusations portées à l’encontre de son directeur en Asie.

En dépit des nombreuses interrogations que suscite cette nouvelle affaire révélée jeudi, l’OMS s’est contentée d’indiquer qu’elle prenait « toutes les mesures appropriées pour assurer un suivi de cette question ». Le responsable mis en cause, Takeshi Kasai, s’est dit prêt à collaborer à toute enquête, et plusieurs pays, dont la France, ont fait savoir qu’ils suivaient cette affaire de près.

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