La facture salée des stades africains

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Le stade Al Janoub, par l'architecte Zaha HADID
Le stade Al Janoub, par l’architecte Zaha HADID
ÉCONOMIE

4 février 2020 à 12:16

Mis à jour le 4 février 2020 à 12:23
Le Dakar Arena, nouvelle salle omnisport à Diamnadio, a coûté 10,1 millions d’euros © Youri Lenquette pour JA

Plusieurs pays africains ont décidé de construire ou de rénover des stades, afin de pouvoir organiser des compétitions internationales ou des événements culturels. Mais dans certains d’entre eux, les coûts engagés font grincer les dents. Tour d’horizon.

  • Au Cameroun, au moins 600 millions d’euros en vue de la CAN 2021 :

Le glissement de calendrier de la phase finale, qui se jouera en janvier-février plutôt qu’en juin-juillet 2021, va obliger le Cameroun à accélérer les travaux des différents sites retenus, pris en charge par l’État camerounais.

Le stade Paul-Biya (60 000 places) d’Olembé, près de Yaoundé, devait coûter initialement 249 millions d’euros. La facture s’est alourdie, selon les différentes estimations, de 81 à 148 millions d’euros, en faisant le stade le plus cher de toute l’Afrique. Le groupe italien Piccini, en raison des retards constatés et de problèmes de préfinancement, a été évincé au profit du canadien Magil. Le coût de l’édifice, qui comprend, outre le stade, un hôtel cinq étoiles, un centre commercial, un cinéma, un gymnase, des courts de tennis, et des terrains de basket ou de volley, est jugé exorbitant au Cameroun.

À Douala, la rénovation du stade de la Réunification devrait au total se chiffrer à 97 millions d’euros. Le financement a été assuré grâce à des contrats signés avec les banques britannique Standard Chartered Bank et allemande Deutsche Pfandbirefbank. L’autre stade de la ville (Japoma, 50 000 places), en construction, est réalisé par le consortium américano-turc AFFLC-Aecom-Yenigun Construction Industry. L’addition s’élève à environ 138 millions d’euros. À Garoua, le stade Roumdé-Adjia, construit en 1978, a été rénové en vue de la CAN par le groupe portugais Mota-Engil. La capacité a été portée de 22 000 à 30 000 places.

  • En Côte d’Ivoire plus de 550 millions d’euros mobilisés en vue de la CAN 2023

La Côte d’Ivoire accueillera la CAN 2023. Et pour l’occasion, le pays s’est lancé dans un vaste programme de construction de stades et de réhabilitation d’enceintes déjà existantes. Ainsi, le stade olympique d’Ébimpé (60 000 places), à Anyama, mobilise près de 1 600 ouvriers. Offert par la Chine, le stade qui représente un investissement de 133 millions d’euros doit être livré lors du premier semestre 2020.

À Yamoussoukro, le montant de la construction du nouveau stade (20 000 places) est de 84,5 millions d’euros. La construction est assurée par un groupement français réunissant plusieurs entreprises (Sogea-satom, Egis, Baudin Châteauneuf et Alcor). Le nouvel écrin de San Pedro (20 000 places) reviendra à 118 millions d’euros. Ce sont les Chinois de China Civil Engineering Construction Corporation qui sont à la manœuvre.

À Korhogo, le stade de 20 000 places devrait coûter environ 103 millions d’euros, et là encore, c’est une entreprise chinoise – China National Building Material – qui a été chargée des travaux. La réhabilitation du stade de la Paix à Bouaké, dont la capacité passera de 25 000 à 40 000 places, a été confiée à l’entreprise portugaise Mota Engil. Cela coûtera 120 millions d’euros. Enfin, un appel d’offres sera prochainement lancé pour la rénovation du stade Felix-Houphouët-Boigny, à Abidjan, qui accueillera également des rencontres de la CAN 2023. La capacité passera de 33 000 à 40 000 places.

  • À Madagascar, 70 millions d’euros pour rénover le stade de Mahamasina

Le stade de la capitale malgache, Antananarivo, était réputé pour sa vétusté et sa pelouse en très mauvais état. Andry Rajoelina, le président de la République, à l’origine du projet, a décidé que l’enceinte s’appellerait, une fois achevée courant 2021, stade Baréa, le surnom de la sélection nationale, quart de finaliste de la CAN 2019. La capacité actuelle de 22 000 places sera portée à 40 000. Les travaux seront réalisés par une entreprise chinoise, la China State Construction Overseas Development (CSCOD).

Une première tribune de 15 300 places sera livrée en juin 2020, à l’occasion du soixantième anniversaire de l’indépendance de la Grande Île. Le coût total de l’opération a été fixé à 70 millions d’euros, comprenant, outre les tribunes, la pose d’une nouvelle pelouse hybride, l’installation d’un système d’éclairage et la construction de boutiques et d’un parking. L’État malgache financera à 100 % les travaux, ce qui fait tousser les opposants, qui estiment qu’Antananarivo à d’autres priorités, notamment dans les domaines de la voirie et de l’approvisionnement en eau et en électricité.

  • Au Maroc, pas de Coupe du monde 2026, mais un programme de travaux à 217 millions d ‘euros

Candidat malheureux à l’organisation de la Coupe du Monde 2026 face au puissant trio composé des États-Unis, du Canada et du Mexique, le Maroc s’est malgré tout lancé dans la construction ou la rénovation de plusieurs stades. Dont le Grand Stade de Casablanca (93 000 places), situé à Mansouria, à 40 kilomètres de la ville portuaire, et dont la construction sera achevée en 2025. Il en coûtera environ 196 millions d’euros, financés par l’État marocain (120 millions d’euros), le Fonds Hassan II (environ 56,5 millions d’euros) et la Communauté urbaine de Casablanca (19 millions d’euros).

Le stade Mohamed V de Casablanca a quant à lui été rénové récemment et remis en service au mois de mai 2019. Les ministères de l’Intérieur (3,8 millions d’euros) et de la Jeunesse et des Sports (12,2 millions d’euros), la commune de Casablanca (2,8 millions d’euros) et la Fédération royale marocaine de football (1,9 millions d’euros) ont financé ce projet d’un montant total de 20,7 millions d’euros.

  • Au Sénégal, 238 millions d’euros pour le Stade olympique de Diamniado

Située à une trentaine de kilomètres de Dakar, la commune de Diamniado accueillait déjà la Dakar Arena (15 000 places, 10,1 millions d’euros d’investissement), construite par l’entreprise turque Summa. Sur le même site, les travaux pour la livraison du Stade Olympique, qui pourra accueillir 50 000 spectateurs, vont débuter durant ce mois de février, dans l’optique, notamment, des Jeux olympiques de la jeunesse que le Sénégal organisera en 2022. Summa sera encore une fois à la manœuvre.

La présidence sénégalaise a annoncé, le 20 janvier, avoir obtenu un accord de financement de la Standard Chartered Bank, qui consacre 10 % de ses activités à l’Afrique. Cette banque est,pour l’anecdote, le sponsor du club de Liverpool, où évolue l’attaquant sénégalais Sadio Mané.

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