Malgré une première mi-temps maîtrisée et un but de Mbappé, les Parisiens se font sortir de la Ligue des champions par le Real. Victimes de leurs erreurs individuelles, de leurs fantômes, de leur manque de caractère ou de leadership. Et d’un Karim Benzema auteur d’un triplé.
Dans l’histoire européenne tourmentée du Paris-SG sous la mandature qatarie, l’élimination parisienne de mercredi aura une place de choix. Supérieur en tout et plus particulièrement athlétiquement, certains joueurs adverses ayant explosé la date de péremption, le Paris-SG est tombé dès les 8e de finale de la Ligue des champions, abattu (3-1) par trois buts de Karim Benzema alors qu’il dominait la partie de la tête et des épaules.
Des fragilités mentales anciennes ont sans doute ressurgi: aux joueurs d’en parler, s’ils le veulent, ce qui nous étonnerait. Là, tout de suite, tout a sauté: l’illusion entretenue depuis des mois par l’entraîneur Mauricio Pochettino, qui aura lâché tout ce qu’il pouvait lâcher (le titre national, la Coupe de France, le dernier carré de la Ligue des Champions), le carnaval Messi complètement déconnecté du sport comme il est, le spectacle épouvantable d’un Neymar qui ne dribble plus, le manque de caractère de tout le monde. Quand Kylian Mbappé aura tourné le coin de rue, il ne restera rien.
C’est dire le crash
Au coup d’envoi, l’équipe madrilène a arrêté net la partie de poker menteur du match aller. D’entrée: des diables, exhortant le public à la moindre occasion et soignant tout particulièrement les stars parisiennes (Kylian Mbappé, Lionel Messi et Neymar) sur chaque contact, pour les mettre psychologiquement dans le rouge. Beaucoup de situations pour Luka Modric et consorts mais peu d’occasion: à la 20e minute, Neymar aligne la troisième frappe cadrée parisienne, signe que les Parisiens ont enjambé la prise de contact pour mettre la main sur la partie. Les Blancs étaient à contre-emploi: leur entraîneur Carlo Ancelotti ayant installé un bloc bas depuis le début de saison pour économiser les vieilles jambes de ses milieux de terrain, on pouvait avoir quelques doutes sur la subite transformation des Merengue.
Messi se présente seul avec un angle fermé devant un Thibault Courtois qui fait l’albatros (30e), Mbappé marque un but refusé pour un hors jeu de cinquante centimètres de Nuno Mendes et le public baisse de deux tons, une manière d’hommage aux visiteurs du soir. Paris est plus fort. Neymar voit l’espace s’ouvrir devant lui, il envoie Mbappé à dames légèrement excentré à gauche et l’attaquant international des Bleus met son 25e but de la saison, le 6e en Ligue des champions. Quelques échauffourées déclenchées par les Madrilènes sur les joueurs parisiens les plus sanguins (Marco Verratti, Leandro Paredes) disent l’expérience et le vice, mais le Real n’a rien d’autre en magasin.
1-0 aux citrons. Pour que la partie tourne, il fallait un truc à contre-courant, une erreur individuelle majuscule ou un oubli défensif sur coup de pied arrêté. Préféré au triple champion d’Europe Keylor Navas, le portier italien Gianluigi Donnarumma va remettre les Blancs dans le jeu tout seul: un jeu au pied hésitant, Benzema qui rode et récupère un petit centre de Vinicius pour remettre les siens à hauteur (1-1, 61e). Les Parisiens avaient déjà gagné le match ballon au pied: il leur faut dès lors en gagner un autre, plus psychologique, entre rationalisation du match (on est meilleur) et sang-froid quand l’adversaire pousse.
Mais ils n’y arrivent pas. Aucun joueur ne prend la parole pour rassembler les énergies, plus personne ne s’occupe de trouver Mbappé dans les espaces et Modric, après deux alertes rouges écarlate, trouve Benzema en pleine surface alors que les défenseurs parisiens ne savent plus s’il faut regarder devant ou derrière (2-1, 76e). Pendant qu’ils y sont, les vice-champions de France offrent un troisième but –Marquinhos à la passe décisive, aussi fou que celui puisse paraître– à l’attaquant français dont l’efficacité clinique est proverbiale depuis 15 ans dans le milieu du foot (3-1, 78e). Les Parisiens sont alors complètement paumés, sans aucun fil tactique, compressés dans leur propre surface et explosant sur tous les contacts, suppliant du regard un arbitre (le Néerlandais Danie Makkelie) impassible. On ne nous enlèvera pas de l’idée que ce Real Madrid-là, sorti des quelques sortilèges de Modric et Benzema, n’a pas grand-chose pour lui. C’est dire le crash.