Les temps sont durs pour Emmanuel Macron. Et pourtant, après sa réélection le 24 avril face à Marine Le Pen, tout portait à croire que le président sortant pourrait manœuvrer facilement pour les cinq années à venir. Mais le premier tour des législatives du 12 juin, qui a vu la Nupes talonner de près Ensemble!, laisse la majorité dans une situation inconfortable avant le second tour. À tel point qu’Emmanuel Macron a dû s’exprimer publiquement ce mardi 14 juin en appelant à « donner une majorité solide au pays ». Mais les problèmes sont là déjà depuis quelques semaines pour le chef de l’État, avance La Tribune.

Le remaniement du gouvernement avait déjà mis beaucoup de temps à être annoncé. Et pour cause, selon nos confrères, le choix du Premier ministre a été le fruit de luttes internes. Selon une source citée par La Tribune, « ça a été l’enfer pendant trois semaines ». Le chef d l’État aurait souhaité garder Jean Castex comme Premier ministre, car il « ne faisait pas de politique » et « laissait Macron choisir », tout en étant « un bourreau de travail ». Mais il fallait un nouveau départ, et le chef de l’État a perdu du temps. « Sur une campagne de six semaines, on en a gâché trois. Mais pendant ce temps-là, Mélenchon est passé à l’offensive », regrette encore cette source. Surtout, selon l’un des proches de Christine Lagarde, l’actuelle présidente de la BCE a refusé par trois fois le poste de Premier ministre.

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Pourquoi ? Parce que selon ce même proche, si Christine Lagarde avait quitté la BCE, elle pensait qu’un Néerlandais lui succéderait, un « faucon adepte de l’orthodoxie budgétaire ». Et dans le même temps, « l’équipe Macron pensait pouvoir recaser le ministre de l’Économie Bruno Le Maire ou le gouverneur de la Banque de France […] ils ne savent même pas comment fonctionne la BCE », tance-t-il. Mais ces difficultés ont mis en exergue des luttes internes au sein de l’Élysée, entre Emmanuel Macron et son secrétaire général Alexis Kohler. Beaucoup à l’Élysée souhaitaient le voir partir, ce que lui aurait signifié Emmanuel Macron selon certaines sources. Sauf qu’il est toujours là. Même Nicolas Sarkozy aurait poussé pour cette option, déjà en 2020 lors du remplacement d’Édouard Philippe.

Un macroniste interrogé par La Tribune va même plus loin en estimant qu’Alexis Kohler « a envouté le président, il est indéboulonnable ». Par la suite, le week-end du 7 mai, Emmanuel Macron aurait été convaincu de choisir Catherine Vautrin, ex-trésorière de l’UMP et proche de Nicolas Sarkozy. Une nomination à double enjeu, dont celui de se mettre Les Républicains dans la poche pour les législatives et signifier, en même temps, la fin du parti. Mais même si cette dernière était soutenue par Brigitte Macron, Alexis Kohler, François Bayrou et Richard Ferrand ont mené la fronde. Le 14 mai, Jean Castex reçoit Catherine Vautrin à Matignon pour préparer le passage de relai, mais le président renonce le lendemain. Élisabeth Borne est choisie dans la foulée.