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Un mea culpa qui passe moyennement. C’est à travers une longue note que l’ancien Président Burkinabé, Blaise compaoré a présenté ses excuses à toute la nation des hommes intègres. Dans ce communiqué, un pardon a particulièrement attiré l’attention, celui adressé à la famille de son ancien compagnon Thomas Sankara. A ce sujet, la veuve de l’ancien putschiste décédé en octobre 1987, a réagi à travers une interview accordée à Jeune Afrique, publiée ce mercredi 27 juillet.
« C’est à ma grande surprise que j’ai appris, par la presse, que Blaise Compaoré a demandé pardon au peuple burkinabè et à la famille de son « ami et frère » Thomas Sankara », précise Mariam Sankara qui vit désormais en France du côté de Montpellier. L’ex-première dame de la « Haute Volta » confie avoir des doutes sur la sincérité de l’auteur de la lettre : « Sincèrement, je me demande si cette lettre vient de Blaise lui-même. Depuis 1987, il a eu l’occasion de demander pardon à maintes reprises. Mais il est resté impassible. Il aurait pu venir au procès reconnaître sa responsabilité et demander pardon mais il n’a rien fait. Lors de son dernier séjour à Ouagadougou, début juillet, il aurait pu s’adresser aux Burkinabè mais non, il n’a rien fait ».
Elle ajoute : « Je doute de l’authenticité de cette lettre car, comme je vous l’ai dit, Blaise a eu l’occasion de demander pardon depuis longtemps. Il ne l’a pas fait. Il est venu récemment à Ouagadougou. Tout le monde l’a vu. Il aurait pu parler. Mais il n’a rien dit du tout ».
Pour Mariam Sankara, il aurait été plus judicieux pour Blaise Compaoré de se rendre « directement » à la justice. « Mais demander pardon comme ça, alors qu’on ne sait même pas si c’est vraiment lui qui demande… », déplore-t-elle.
Par la suite, l’interlocutrice a fait part de son étonnement suite au retour de l’ancien Président au Burkina-Faso le 7 juillet dernier. « S’il doit revenir au Burkina Faso, il faut que la démarche se fasse auprès de la justice burkinabè. Quelque part, je pense qu’on instrumentalise la réconciliation et le pardon, qu’on tolère l’impunité. Or, tous les Burkinabè veulent la réconciliation et la paix dans le pays. Il ne faut pas que ces actes nous divisent. Il faut que l’on reste vigilant et uni, sans céder à la division », pense-t-elle.