Le Sri Lanka est confronté à « un grand danger » face à la crise économique, qui s’éternise et des pénuries de carburant à prévoir au moins jusqu’à la fin de l’année, a averti mercredi le président Ranil Wickremesinghe devant le Parlement.
Le nouveau président du Sri Lanka Ranil Wickremesinghe a inauguré, mercredi 3 août, la nouvelle session du Parlement, alors que la prise crise économique traversée par la nation insulaire a contraint son prédécesseur, Gotabaya Rajapaksa, à démissionner et fuir le pays.
« Nous sommes aujourd’hui confrontés à une situation sans précédent, a déclaré le président à cette occasion. Nous sommes en grand danger. »
Le pays de 22 millions d’habitants est confronté à une crise économique profonde, subissant depuis des mois des pénuries de nourriture, de carburant, de matières premières et de médicaments, faute de devises étrangères nécessaires pour financer ses importations essentielles.
Le Sri Lanka a fait défaut sur sa dette extérieure de 51 milliards de dollars en avril et, début juillet, d’immenses manifestations de Sri-Lankais excédés ont abouti au départ du président Gotabaya Rajapaksa, réfugié à Singapour.
« Relever ce défi tous ensemble »
Ranil Wickremesinghe, 73 ans, qui lui a succédé, a réitéré son appel à tous les partis représentés au Parlement pour composer un « gouvernement d’unité ». Le pays ne pourra se sortir du gouffre économique dans lequel il est plongé qu’à condition de « relever ce défi tous ensemble, comme un seul peuple », a ajouté le président.
L’inflation au Sri Lanka a atteint 60,8 % en juillet, mais des économistes indépendants affirment qu’elle a largement dépassé les 100 %. La roupie du Sri Lanka a perdu plus de la moitié de sa valeur par rapport au dollar américain cette année.
Les pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI) progressent en vue de la mise en place d’un programme de sauvetage de quatre ans, a ajouté le président sri-lankais, qui n’a toutefois pas précisé quand seraient conclues les négociations.
Les autorités estiment que le pays a besoin d’urgence d’au moins quatre milliards de dollars pour financer l’importation de produits de première nécessité et remédier aux pénuries actuelles.
Ranil Wickremesinghe a salué l’Inde pour ses lignes de crédit destinées à importer de l’essence et du diesel, mais il a souligné que le pays devait être en mesure de financer le carburant avec ses propres recettes en devises et que le rationnement se poursuivrait au moins jusqu’à la fin de cette année.
Il a également reproché à son prédécesseur d’avoir rejeté deux investissements majeurs du Japon dans les infrastructures, qui auraient pu rapporter trois milliards de dollars au pays.
L’annulation d’un train léger sur rail (LRT) et d’un terminal en eau profonde dans le port de Colombo a de plus porté atteinte aux liens entre le Japon et le Sri Lanka, a regretté Ranil Wickremesinghe.
En revanche, le président n’a fait aucune référence à la Chine qui détient pourtant plus de 10 % des emprunts bilatéraux du pays. Un accord de Pékin est crucial pour toute restructuration de sa dette.
Avec AFP