Biodiversite : la Somone, un patrimoine menacé

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Erigée en Aire marine protégée (AMP) en 2011, la Somone nichée dans le village du même nom fait des heureux. Sa lagune est un lieu de tourisme qui attire en ces temps même des nationaux. Cependant, les menaces sont nombreuses. La spéculation foncière, l’ensablement et la pression hôtelière sont des défis que tentent de relever les conservateurs afin de préserver le site.

Se balader sur la lagune de la Somone, tout en apercevant les oiseaux qui viennent se poser sur la mangrove est un luxe que beaucoup se donnent maintenant les moyens de s’offrir. « On y trouve notre gagne-pain. Je peux faire 6 traversées la journée. Chaque client paye 5000 f Cfa et j’en déduis la somme qui est destinée à la trésorerie de l’Aire marine protégée. Maintenant, l’intérêt est que le tourisme local évolue. On accueille beaucoup de Sénégalais », dit Babacar, le guide et propriétaire de pirogue qui, de temps à autre, stoppe le vrombissement de son moteur de sa pirogue afin de mieux s’expliquer. Une visite organisée par l’Association Africa 21 sur le site, pour le compte de journalistes ouest-africains, la semaine dernière, a été une découverte de ce site riche mais menacé. « Il y a beaucoup d’oiseaux migrateurs qui sont de retour. Ils viennent de partout. Les tortues marines sont de retour et font leur reproduction, ce qui n’était pas le cas 15 ans en arrière. La Somone est le premier site de tortues marines surtout celles vertes. On a répertorié 11 nids, ce qui a produit plus de 1000 petites tortues accompagnées en mer », explique Saliou Mbodj, le président du comité de gestion.

La richesse de la Somone et de son Aire marine protégée a permis de fixer beaucoup de jeunes, signale par ailleurs Saliou Mbodj. « La destination Somone se portant bien, un système de tarification a été mis en place au niveau de la réserve pour réguler les visites dans le cadre de l’écotourisme, permettant ainsi aux populations de bénéficier de retombées. Suivant le type d’activités, les tickets d’entrée sont fixés entre 500 et 100.000 francs. « L’activité première est d’abord de conserver ce site » dit-il. Les recettes tirées de l’AMP permettent non seulement la conservation des lieux mais est partagée aussi entre les différentes entités du village. « L’Aire marine protégée de la Somone, large 4000 hectares, a aussi comme potentiel 60 espèces végétales et poissons en plus d’être une zone fortement ornithologique », explique son conservateur Cheikh Khatab Diop.

En se baladant sur la lagune, l’image la plus marquante est celle de femmes lourdement chargées qui avancent difficilement mais avec détermination dans l’eau. Elles viennent de Guéreo, un village voisin pour écouler leurs produits.

Toute cette richesse est présentement menacée. Le sable avance et fait perdre à la lagune une partie de son étendue. Hormis cette activité naturelle, il y a la main de l’homme. « Somone souffre d’empiétement. Les autochtones n’ont plus de prise dans leur terroir, faute de moyens. Les bailleurs font une ruée vers la lagune, ce qui a réduit la superficie de l’aire marine protégée. Ces empiétements vont créer beaucoup de problèmes », constate Cheikh Khatab Diop. Avec comme spécificité sa mangrove et sa position géographique, Somone fait courir les amoureux de la belle vie. « Les privés désireux d’avoir les pieds dans l’eau se donnent les moyens d’être légitimes en se procurant des documents administratifs », explique également le conservateur qui signale toutefois que des préalables sont posés pour que ces prédateurs fonciers ne soient pas trop servis. La Somone est comme ces lieux entourés d’eau qui doivent des offrandes à leur maitre spirituel. Alors que les autres localités comme Saint-Louis, Gorée, Rufisque et Dakar ont des génies protecteurs censés être des dames, à Somone, le maitre des lieux est Baye Sang, une déformation de père Jean. Selon Saliou Mbodj, il est un blanc venu d’Europe. A la famille fétiche gardienne de son temple, il impose un comportement digne des civilisations occidentales. « La personne possédée se comporte comme un blanc et mange à table », explique Saliou Mbodj. Alors qu’elle croupit sous le poids des multiples tentations, la conservation de la Somone est assurée par 9 agents de l’Etat appuyés par 12 éco-gardes issus de la population autochtone.
SudQuotidien

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