Liz Truss est formellement devenue Première ministre britannique mardi après avoir été reçue par la reine Elizabeth II, qui lui a confié la tâche de former un gouvernement dans un Royaume-Uni en pleine crise économique et sociale. Son prédécesseur, Boris Johnson, a promis un « fervent » soutien.
L’un part, l’autre arrive. Liz Truss a été nommée officiellement, mardi 6 septembre, Première ministre britannique par la reine Elizabeth II lors d’une audience au château écossais de Balmoral, ont indiqué les services de la monarque.
Des images diffusées par le palais montrent la souveraine de 96 ans, s’appuyant sur une canne, serrant la main de la nouvelle dirigeante de 47 ans, qui devient le 15e chef de gouvernement de ses 70 ans de règne.
« La reine a reçu en audience la députée Elizabeth Truss aujourd’hui et lui a demandé de former un nouveau gouvernement », a indiqué le palais de Buckingham dans un communiqué. « Mme Truss a accepté l’offre de Sa Majesté et lui a baisé les mains pour marquer sa nomination en tant que Première ministre et Première Lord du Trésor », a-t-il ajouté, employant l’expression figurée décrivant cette cérémonie.
Elizabeth II avait reçu peu avant Boris Johnson, qui lui avait présenté sa démission après un peu plus de trois ans au pouvoir. Ce dernier a promis, lors de son dernier discours en tant que chef du gouvernement avant de s’envoler pour Balmoral, de lui apporter son « fervent soutien ». « Je soutiendrai Liz Truss et son gouvernement à chaque étape », a-t-il assuré.
Dans son discours, Boris Johnson, poussé à la démission début juillet après des scandales à répétition, a énuméré Brexit, campagne de vaccination contre le Covid-19 et soutien à l’Ukraine face à l’invasion russe, parmi les réussites de son mandat.
Une nouvelle Dame de fer à #DowningStreet 🇬🇧 ? #LizTruss, politicienne chevronnée, revendique l’héritage de #MargaretThatcher.
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— FRANCE 24 Français (@France24_fr) September 5, 2022
Propulseur de fusée
Alors que les spéculations vont bon train sur son avenir, Boris Johnson s’est comparé à un propulseur de fusée « qui a rempli sa fonction et va à présent revenir doucement dans l’atmosphère et tomber de manière invisible dans quelque obscur coin du Pacifique ».
« Et comme Cincinnatus », qui a été consul et, ont souligné certains observateurs, est finalement revenu à Rome, « je retourne à mon plan et j’offrirai à ce gouvernement le plus fervent soutien ».
Remerciant le personnel qui s’est occupé de lui et sa famille et de son chien Dylin, Boris Johnson a souligné que si le Jack Russell, réputé très turbulent, et Larry, le chat de Downing Street, « peuvent laisser derrière eux leur difficultés occasionnelles, le parti conservateur le peut aussi », après les divisions de la campagne.
« Un plan audacieux pour réduire les impôts »
Élue par 57 % des quelque 142 000 membres votants du parti conservateur, contre 43 % pour son rival l’ancien ministre des Finances Rishi Sunak, Liz Truss, 47 ans, jusqu’à présent ministre des Affaires étrangères, doit maintenant rentrer à Londres pour s’adresser aux Britanniques dans l’après-midi.
Elle a promis lundi de gouverner « comme une conservatrice », et s’est engagée à mettre en place « un plan audacieux pour réduire les impôts et faire croître notre économie ».
Sous pression pour aider des millions de Britanniques confrontés à des factures d’énergie qui grimpent de manière astronomique, elle a aussi promis de s’attaquer « à la crise énergétique en [s]’occupant des factures d’énergie des gens, mais aussi en [s’]occupant des difficultés à long terme d’approvisionnement en énergie ».
Troisième femme à entrer à Downing Street après Margaret Thatcher (1979-1990) et Theresa May (2016-2019), l’annonce de son gouvernement mardi sera un premier test pour Liz Truss, qui a fait campagne très à droite.
Un nouveau gouvernement
Son ministre des Finances devrait être Kwasi Kwarteng, 47 ans, jusqu’à présent secrétaire à l’Énergie, partisan comme elle d’un État plus modeste et d’une économie plus déréglementée.
Suella Braverman, 42 ans, jusqu’à présent conseillère juridique du gouvernement, et initialement candidate au poste de Premier ministre, est pressentie au ministère de l’Intérieur. Très à droite, elle héritera du dossier des milliers de migrants illégaux arrivant sur les côtes britanniques, que celle qui la précédait voulait envoyer au Rwanda.
James Cleverly, 53 ans, ministre de l’Éducation après avoir été secrétaire d’État aux affaires européennes, devrait passer aux Affaires étrangères. Ben Wallace resterait au ministère de la Défense.
Kwasi Kwarteng est d’origine ghanéenne, Suella Braverman d’origine indienne, et la mère de James Cleverly était originaire du Sierra Leone, une diversité inédite à ces postes clés.
De premières annonces pour essayer d’endiguer la crise économique sont attendues d’ici à la fin de la semaine. Après s’y être opposée durant la majeure partie de sa campagne, Liz Truss pourrait annoncer un gel du prix de l’énergie, aux contours encore flous, pour venir en aide aux ménages et entreprises, selon les médias britanniques.
Unir le parti
Liz Truss, qui prône des baisses d’impôts controversées pour relancer la croissance, et un gouvernement resserré, aura fort à faire pour rassembler derrière elle un parti conservateur divisé, au pouvoir depuis douze ans. De nombreux députés lui auraient préféré Rishi Sunak, plus nuancé et jugé plus à même de gérer la crise. Les appels à l’unité se sont multipliés, menés par Boris Johnson qui a demandé aux conservateurs de « la soutenir à 100 % ».
Lors de l’annonce de sa victoire, Liz Truss a rendu hommage à son « ami ». « Boris, tu as réussi le Brexit, tu as écrasé Jeremy Corbyn (ancien leader travailliste), tu as déployé le vaccin (anti-Covid) et tu as tenu tête » au président russe Vladimir Poutine après l’invasion de l’Ukraine, a-t-elle énuméré.
Après avoir quitté Downing Street, Boris Johnson reste député. Il n’a rien dit de ses intentions futures.
Avec AFP