La famille culturelle sénégalaise se réunit ce vendredi au Théâtre national Daniel Sorano pour rendre un hommage mérité à Germaine Acogny, pionnière de la danse africaine contemporaine.
La famille culturelle sénégalaise se réunit ce vendredi au Théâtre national Daniel Sorano pour rendre un hommage mérité à Germaine Acogny, pionnière de la danse africaine contemporaine. Pour sa carrière riche et fructueuse, la fondatrice de l’Ecole des sables de Toubab Dialao recevra l’hommage de ses pairs.
Le nom de Germaine Acogny a résonné sur les plus grandes scènes du monde. Et c’est sur la scène du Théâtre national Daniel Sorano que son nom va sonner avec ardeur ce vendredi. L’hommage qui lui est rendu par les acteurs culturels sénégalais est le signe d’une reconnaissance à nul autre pareil. Germaine Acogny a porté la danse africaine à des sommets jamais atteints. En atteste la consécration qu’elle a reçue en 2021 au Festival de Venise qui lui décerna son Lion d’or, sa plus haute distinction. Mais pour arriver au sommet, le parcours de Germaine Acogny s’est fait avec des défis et challenges. Diplômée en éducation physique sportive et gymnastique harmonique, la chorégraphe enseigne d’abord à Ziguinchor puis au lycée Kennedy de Dakar. Et c’est par l’entremise de Leopold Sédar Senghor qu’elle rencontre Maurice Béjart, alors à la recherche «de sa fille africaine». C’est ainsi que naquit Mudra Afrique en 1977, le fameux ballet qu’elle dirigera avec son mari pendant de longues années. C’est dans cette institution que seront formés de grands danseurs du Sénégal et du continent.
Selon Jean Tamba, chorégraphe et directeur de la Compagnie 5e Dimension, Mudra Afrique accueillait des élèves boursiers de tout le continent. Logés dans des immeubles aux Hlm, leur prise en charge était assurée par les cotisations de leurs pays respectifs. Mais en 1982, les pays ne s’acquittant plus de leurs cotisations et le Sénégal étant incapable d’assurer à lui seul les frais de fonctionnement de l’école, Mudra Afrique ferme ses portes. «Cet hommage est une nécessité. Il faut célébrer les vivants et on veut fêter Germaine Acogny et lui dire merci. C’est grâce à elle que j’ai un métier», confie Jean Tamba, chorégraphe et directeur de la Compagnie 5e Dimension. Ils sont nombreux à avoir profité de ses connaissances. Et le fils de Doudou Ndiaye Rose, Moustapha, se rappelle encore que c’est avec Mudra qu’il découvre pour la première fois le Nigeria lors du 2e Festival mondial des arts nègres. «Germaine Acogny nous a tous inspirés et a formé une centaine de jeunes. Il faut continuer à accompagner ce genre de personne et valoriser ces patrimoines», salue Gacirah Diagne, présidente de Kaay Fecc.
Il faut dire que la carrière de la chorégraphe est digne de cet hommage. Quand Mudra a fermé ses portes, Germaine Acogny dépose ses bagages à Bruxelles et organise des stages de danse internationaux partout dans le monde et aussi dans la région sud du pays. Mais les évènements de la crise casamançaise l’obligent à quitter cette région. Avec les événements, il fallait tout laisser sur place parce que les ambassades ne voulaient plus que leurs ressortissants aillent là-bas. Germaine et Helmut Vogt, son mari, sont alors allés voir Gérard Chenet, poète haïtien installé à Toubab Dialao. Les quelques hectares octroyés par les notables de la zone serviront de point de départ à la concrétisation de ce rêve d’ériger une école dédiée à la danse africaine contemporaine. Un rêve dont la réalisation aura pris des dizaines d’années, mais Germaine Acogny peut aujourd’hui transmettre aux jeunes générations, les arcanes de son art. Face à la presse ce lundi, quelques-uns des danseurs et chorégraphes, qui ont eu l’opportunité de travailler avec elle, ont révélé le projet d’hommage qu’ils veulent lui réserver ce vendredi soir au Théâtre national Daniel Sorano. «Cette initiative est celle de Abdoulaye Koundoul et Jean Tamba. Le projet existait depuis que Germaine a reçu le Prix Cedeao de la meilleure artiste», indique Sada Kane, coordonnateur du comité d’organisation de l’hommage organisé par les pairs de la «Mère» comme l’appellent certains.
Une immense carrière
Chevalière de la légion d’honneur en France, Officier des arts et lettres au Sénégal, lauréate Awards de la danse contemporaine à New York, Prix d’excellence de la Cedeao, Lion d’or à Venise, Prix de Sacd et Patrimoine vivant au Benin, Germaine Acogny aura reçu tous les honneurs pour sa belle carrière. Et c’est justement en reconnaissance de cette carrière longue et fructueuse que la famille artistique sénégalaise se donne rendez-vous au Théâtre national Daniel Sorano. Le 9 septembre, l’hommage sera à la dimension de l’artiste. Et déjà, les meilleurs chorégraphes du pays, Jean Tamba, Gacirah Diagne et Marianne Nioox, promettent un spectacle de haute facture.