En nommant l’ancien maire de Ziguinchor à la tête de cette agence de grands travaux de l’Etat et de lourds investissements, le président Macky Sall n’a fait que le ramener dans son domaine, lui l’énarque et grand commis de l’Etat
En Conseil des ministres, mercredi, le président de la République Macky Sall a nommé l’ex-maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé, directeur général de l’Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (Apix) Il remplace à ce poste Mountaga Sy porté le même jour à la tête du Port autonome de Dakar. Nul doute, le président de la République a eu la main heureuse en choisissant Abdoulaye Baldé pour diriger l’Apix. Pour cause, bien qu’étant l’un des hommes les plus diplômés de ce pays, le leader de l’Union centriste du Sénégal (UCS), dans l’arène politique, peinait à consolider les acquis et élargir sa base ces dernières années après avoir fait deux mandats successifs comme maire de Ziguinchor suite à l’exploit ayant consisté à déraciner le baobab Robert Sagna. Ce que tous les analystes avaient qualifié de performance historique pour un policier de formation voire un technocrate né. Sur ce plan, tout le monde s’accorde à reconnaitre qu’Abdoulaye Baldé est un politicien atypique. Seulement, nombreux sont ceux qui ne retiennent que le brillant haut fonctionnaire qui nous rappelle le parcours académique de l’ancien enfant de troupe Mouhamadou Makhtar Cissé.
Car après des études à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), Abdoulaye Baldé a réussi le concours d’entrée à l’Ecole nationale de police d’où il est sorti avec le grade de commissaire.
D’ailleurs à l’époque, Baldé fut le plus jeune commissaire de police du Sénégal. Après quelques mois à la redoutable Division des investigations criminelles (Dic), il avait été affecté dans services de renseignements de la présidence de la République sous le magistère du président Abdou Diouf. Ses brillantes qualités intellectuelles, sa capacité de synthèse et d’analyse ainsi que sa discrétion faisaient de lui un bon officier de renseignements. Sous ses dehors timides, le commissaire Baldé cachait mal ses ambitions. A preuve, il n’a pas tardé à aller poursuivre ses études supérieures en France. Plus précisément à l’université de Perpignan où il a obtenu son doctorat de droit public avant d’intégrer la prestigieuse École nationale d’administration (ENA) de Paris. De retour au Sénégal, Abdoulaye Baldé a réussi au très sélectif concours de l’Inspection générale d’Etat (Ige).
Informé de cet honneur pour la Police nationale que constituait le fait pour un de ses éléments d’intégrer l’IGE, « Le Témoin Hebdo » des années 90 (actuel quotidien) avait sorti de l’anonymat le crack Baldé pour le propulser au-devant de la scène d’excellence. Fasciné par le cursus et la compétence de Baldé, le président Me Abdoulaye Wade nouvellement élu l’avait réquisitionné à ses cotés après l’avoir convaincu de se débarrasser de sa casquette d’Ige. Le jeu politique en valait la chandelle. Car, de 2001 à 2012, l’ex-maire de Ziguinchor a eu à occuper plusieurs postes-clés et hautes fonctions : secrétaire général de la présidence de la République, directeur exécutif de l’Agence nationale de l’organisation de la conférence islamique (Anoci), ministre d’Etat, ministre des Forces Armées, ministre des Mines, de l’Industrie, de l’Agro-industrie et des Pme etc.
Un homme du sérail !
Justement, en sa qualité de secrétaire général de la Présidence, puis de directeur exécutif de l’Anoci, Abdoulaye Baldé a fait partie des techniciens, administrateurs et législateurs qui ont crée l’Apix sur instruction et d’après la vision du président Abdoulaye Wade. Quelque trois ans plus tard, l’Agence a été porté sur les fonts baptismaux avec le déploiement des premiers bulldozers sur le terrain. A l’époque, Abdoulaye Baldé était parmi les influents parrains de la candidature de Mme Aminata Niane pour la conduite des grands travaux tels que l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio, la construction de l’aéroport de Diass etc.
En nommant Abdoulaye Baldé à la tête de cette agence de grands travaux de l’Etat et de lourds investissements, le président Macky Sall n’a fait que le ramener dans son domaine, lui l’énarque et grand commis de l’Etat. Brillant technocrate, plusieurs fois ministre, politicien « calfeutré » à Ziguinchor, il manquait une seule corde à l’arc d’Abdoulaye Baldé. Celle de « directeur général » d’une société nationale. C’est fait depuis mercredi ! Nul doute que ce crack — qui fut aussi le président de l’Association des maires du Sénégal ! — va réussir réussir sa mission à la tête de l’Apix. C’est en tout cas tout le bien que nous lui souhaitons !