Le galeriste Romain Morandi, qui vient de signer Chess Design, un superbe ouvrage sur l’esthétisme des pièces et des échiquiers, présente une exposition rare de jeux du XXIe siècle.
Il aime le jeu des rois depuis une vingtaine d’années. Afin d’assouvir cette passion dévorante le galeriste Romain Morandi a, au cours de savantes pérégrinations de par le monde, collectionné de beaux jeux d’échecs, trouvés jusqu’à Saint-Pétersbourg, où il rencontra lors d’une nuit mémorable, – le hasard fait toujours bien les choses, Boris Spassky junior, le fils du Xe champion du monde qui restera dans l’histoire comme le grand rival et ami de Bobby Fischer. Aujourd’hui cet artiste échéphile distingué a décidé de partager son trésor avec les amateurs d’art en ouvrant une exposition intitulé Chess Design qui réunit quelques-unes des plus intéressantes créations échiquéennes du XXe siècle.
Les 32 œuvres de Chess Design attendent donc d’être admirées et ce jusqu’au 12 novembre à la nouvelle adresse de Romain Morandi inaugurée en septembre, et sise au 18 rue Guénégaud (Paris VIe) à deux pas de la Seine et du quai Conti si cher à nos Immortels. Le galeriste, qui est aussi un féru historien de l’art, a choisi les échiquiers et les pièces en suivant scrupuleusement les courants artistiques du XXe siècle. Citons-les sans être bien sûr exhaustif: l’Art nouveau, le dadaïsme, le surréalisme, l’art déco, le constructivisme, le design moderniste de l’après-guerre, le brutalisme… et XXIe siècle oblige, le déconstructivisme.
En véritable «fondu» d’échecs qu’il est, Romain Morandi a rassemblé dans son cercle esthétique des grands noms de l’art contemporain. On reconnaîtra, en monocolore ou en bicolore, en rouge et noir, en noir et blanc, en blanc et vert et même dans un bronze rosé du plus bel effet, les signatures les plus prestigieuses: Arman, Vasarely, Josef Hartwig, Boris Lacroix, Victor Roman, Takako Saito, Michael Graves… Et parce que l’on comprend mieux l’art lorsqu’il devient une expression de la passion de jouer, ce galeriste échémane a voulu accompagner ces trésors exposés de mobilier, tables et fauteuils à la façon d’un petit salon d’échecs.
Le maître des lieux, qui aime à dire que si «le jeu d’échecs s’invite dans toutes les disciplines, le jeu, lui, constitue en soi un formidable laboratoire pour la création», ne refusera jamais de croiser le fer sur ses merveilleux échiquiers. Et peu importe, la victoire, la défaite ou la nulle car Romain Morandi, à l’instar de Marcel Duchamp, pense que «si tous les artistes ne sont pas des joueurs d’échecs, tous les joueurs d’échecs sont des artistes.»
La galerie Romain Morandi, 18 rue Guénégaud à Paris présentera les 32 œuvres échiquéennes jusqu’au 12 novembre 2022. Le visiteur pourra acquérir aussi le livre Chess Design, aux éditions Norma,
304 pages, 350 illustrations, bilingue français et anglais, 49 €