Didier Lallement a accordé un entretien au JDD, revenant sur ses trois ans et demi à la tête de la préfecture de police de Paris.
L’occasion pour celui qui sort un livre sur cette expérience de revenir sur les derniers mois à la tête de cette administration, marqués par le fiasco de la finale de la Ligue des champions, au Stade de France, en mai dernier.
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Didier Lallement se confie. Trois mois après son départ de la préfecture de police, celui qui a été nommé « secrétaire général de la Mer » début octobre revient, pour le JDD, sur les événements qui ont accompagné sa gestion parfois controversée du maintien de l’ordre dans l’agglomération parisienne, de la crise des Gilets Jaunes à l’organisation de la finale Liverpool-Real Madrid, au Stade de France en mai dernier.
À l’occasion de la sortie de son livre témoignage, L’Ordre nécessaire, l’ancien préfet de police raconte notamment au JDD comment ce dernier événement, qualifié de « fiasco » en France et à l’étranger, a précipité son souhait de quitter ses fonctions. « C’était pour moi inacceptable, le drapeau français avait été sali. On était à deux semaines du premier tour des législatives », explique Didier Lallement. Qui explique avoir alors demandé au ministre de l’Intérieur de mettre fin à ses responsabilités. « J’ai prévenu Gérald Darmanin, ‘je veux partir' », raconte l’ex-patron des flics parisiens.
« Le drapeau français avait été sali »
C’est bien ce qu’il se passera puisque Laurent Nunez finira par le remplacer un mois plus tard jour pour jour à la tête de la préfecture de police, après une convocation au Sénat, devant une commission spécialement créée pour enquêter sur le fiasco du Stade de France.
Disant « assumer en totalité la gestion policière » de ce soir-là, l’ancien préfet raconte aussi au journal son départ, qu’il décrit comme émouvant, mais aussi nécessaire après trois ans et demi de fonctions : « Je n’ai pas voulu faire d’adieux. J’ai écrit une lettre aux 40 000 fonctionnaires de la PP. C’était dur de les quitter, d’abandonner tous ces gens au front. Je leur ai dit que j’avais atteint la limite de mes capacités physiques. Je n’ai pas voulu m’adresser à eux en direct, parce que je crois que j’aurais eu des sanglots dans la voix. Mais maintenant, je ne veux plus avoir de liens avec la PP. Je n’y reviendrai plus ».
Depuis le Stade de France et la polémique qui a suivi, des excuses ont été prononcées au sein même de la place Beauvau. Le jour du départ du préfet de Paris, le ministre de l’Intérieur a reconnu officiellement « une part de responsabilité » dans le déroulé des événements et réitéré ses « excuses » auprès des spectateurs « qui ont subi cette mauvaise gestion ». Rendant ses conclusions dans un rapport, le Sénat a estimé que le ministère devrait se charger de « définir une doctrine d’emploi du gaz lacrymogène » qui « prévienne l’exposition de personnes ne présentant pas pour eux un danger immédiat ».