Emmanuel Macron, réforme des retraites, meurtre de la petite Lola, guerre en Ukraine… L’ancien président s’est confié au JDD sur de nombreux sujets. Le Parisien vous résume cette interview fleuve.
Dans une longue interview accordée au JDD, Nicolas Sarkozy s’est confié sur la récente actualité. Le Parisien vous résume en quelques points ce qu’il faut retenir de cet entretien fleuve, l’un des premiers depuis 2016.
Ce qu’il pense d’Emmanuel Macron
Nicolas Sarkozy a apporté son soutien à l’actuel président réélu pour la campagne 2022. « Je l’ai soutenu. Et si c’était à refaire, je le referais. La politique n’est jamais un choix de valeur absolue, toujours un choix de valeur relative, débute l’ancien chef de l’Etat. On prend la meilleure des possibilités. Je ne voulais pas de M. Mélenchon ni de Mme Le Pen. Dans l’intérêt de la France, la meilleure décision possible était donc d’aider le président Macron. » À demi-mot, Nicolas Sarkozy explique la raison pour laquelle il n’a pas soutenu Valérie Pécresse, la candidate des Républicains : «Pour pouvoir choisir un candidat au second tour, encore fallait-il qu’il y soit qualifié. Ou qu’il ait une chance crédible de l’être. »
Selon lui, « avoir un président calme, modéré, refusant toute forme d’excès, était la meilleure solution. On ne répond pas à une situation éruptive en étant éruptif soi-même : il faut du sang-froid, de la mesure et de l’expérience. Il me semble que le président Macron possède ces qualités. Les limites du président actuel ? « Le président a des intuitions et une expérience incontestables. Mais j’observe qu’il peut parfois avoir la tentation de s’arrêter au milieu du gué. »
À propos du recours au 49.3
La Première ministre Élisabeth Borne a dégainé mercredi l’arme constitutionnelle qui lui permettrait de faire voter le premier volet du budget 2023, en l’absence de majorité absolue à l’Assemblée. Mais pour Nicolas Sarkozy, « le 49-3 n’est pas la seule solution ». D’après lui, le gouvernement « pourrait également chercher à faire un accord politique en bonne et due forme avec toutes les bonnes volontés prêtes à constituer une majorité dans l’intérêt supérieur du pays. On ne se renie jamais lorsqu’on fait le choix de l’intérêt général. »
Concernant l’OQTF non exécutée de la meurtrière de Lola
Après le meurtre de la petite Lola, 12 ans, tuée par une femme qui faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire (OQTF) non exécutée, Nicolas Sarkozy estime que « cela n’est pas la question » : «J’aurais été tout autant bouleversé si cet acte ignoble avait été commis par un Français. La mort de Lola, quel que soit le criminel, est un drame absolu. Mais je veux ajouter que si Lola était toujours en vie, je serais quand même scandalisé par la non-exécution des reconduites à la frontière. »
Concernant la récupération de cette affaire par des partis politiques, l’ancien président considère que «l’exploitation politique n’a pas d’étiquette » mais elle est « toujours aussi stupide et contre-productive ». « Tout l’arsenal législatif pour lutter contre l’immigration irrégulière que nous avions mis en place a été systématiquement démantelé par mon successeur immédiat (NDLR. François Hollande). Gérald Darmanin a raison de réclamer davantage de fermeté.»
Sur la guerre en Ukraine
Pour Nicolas Sarkozy, Macron «a parfaitement raison de vouloir conserver le contact avec Vladimir Poutine » car « comment arrêter la guerre sans parler aux belligérants ? », questionne-t-il. «Non seulement on veut faire la guerre sans la faire, mais on voudrait en plus l’arrêter sans s’adresser aux protagonistes. Cela va finir par devenir très compliqué! »
VIDEO. «Chérie, j’ai rétréci la droite !» révèle les dessous de la connexion surprenante entre Macron et Sarkozy
Selon lui, « les torts » ne sont pas partagés entre la Russie et l’Ukraine : « On ne peut pas mettre sur le même plan l’agresseur et l’agressé. Nous devons également tenir compte de la complexité de la région, de son histoire entremêlée, de ses haines séculaires et de l’instabilité profonde qui y règne depuis l’effondrement de l’Union soviétique. » Mais « si nous avons réussi la réconciliation franco-allemande, nous serons capables de réconcilier l’Europe et la Russie. C’est à la France de prendre le leadership dans cette crise. »
Faut-il boycotter la Coupe du monde au Qatar ?
Non, estime l’ancien président qui considère que «le football n’appartient pas qu’aux Occidentaux, qu’ils soient français, anglais, italiens ou américains. C’est un sport qui rassemble. »
« J’observe que tous les pays qui ont organisé des événements internationaux majeurs ces dernières années ont fait l’objet de multiples polémiques: la Chine, la Russie, le Brésil, aujourd’hui le Qatar. Nous devrions donner à chacun de ces pays hôtes la chance de démontrer son savoir-faire et attendre la façon dont se dérouleront ces événements avant de les juger.», ajoute-t-il avant de tacler une nouvelle fois François Hollande : « Je rappelle que ce n’est pas moi qui ai vendu des Rafale à ce pays. Si cela a été fait par mon successeur immédiat, c’est qu’il a dû juger qu’il était digne de confiance. »
Qui pour la droite à la présidentielle 2027 ?
Nicolas Sarkozy salue le « réel talent » de Laurent Wauquiez qui a été un « bon ministre » et qui « s’il s’en donne les moyens » et « s’il est prêt à endurer les sacrifices qui en sont le prix ». Il dit croire « au parti de l’ordre, à celui qui récompense le travail et le mérite, à celui qui défend la liberté. Mais je ne peux accepter que nos idées, celles des millions de Français qui croyaient en nous, soient caricaturées par des attitudes si profondément réactionnaires dès qu’un sujet de société apparaît. Je pense à l’IVG comme au mariage homosexuel ou même au désir d’enfant. »
L’ancien leader de la droite considère que ce serait « une erreur stratégique » de laisser les plus conservateurs « représenter, diriger, imposer leurs vues à toute la droite républicaine ». Donc, sans prendre officiellement parti dans la compétition pour la présidence de LR, qui se jouera début décembre lors d’un congrès, l’ancien chef de l’Etat laisse entendre que sa préférence ne va pas au sénateur Bruno Retailleau, connu pour ses positions conservatrices sur les sujets de société. En revanche, Nicolas Sarkozy, se montre, toujours sans prendre clairement position, plus amical à l’endroit de l’adversaire de Retailleau, le député Eric Ciotti : « ne comptez pas sur moi pour dire du mal de tous ceux, qui comme Eric, m’ont accompagné fidèlement pendant tant d’années ».