Battu début septembre par Liz Truss, le conservateur Rishi Sunak, ancien ministre des Finances, remporte finalement les clés de Downing Street et deviendra le nouveau premier ministre. Sans Boris Johnson face à lui et avec une Penny Mordaunt incapable d’obtenir le nombre requis de parrainages, il était le seul candidat. Le parti conservateur l’a désigné lundi en début d’après-midi: «Rishi Sunak est élu chef du Parti conservateur», a annoncé Graham Brady, président du Comité 1922, qui supervise les élections des dirigeants de la formation, au pouvoir depuis douze ans.

Le retrait de son ancien patron Boris Johnson, à la Une de la presse britannique lundi matin, avait ouvert la voie à la victoire de Rishi Sunak, candidat malheureux cet été contre Liz Truss, première ministre éphémère qui a démissionné après seulement 44 jours au pouvoir, victime de la tempête financière provoquée par ses projets de baisses d’impôts massives. Petit-fils d’immigrés d’origine indienne au parcours classique de l’élite britannique, Rishi Sunak, 42 ans, richissime ancien banquier, deviendra le premier non-blanc à diriger le gouvernement britannique.

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Le nouveau premier ministre britannique a promis lundi d’apporter «stabilité et unité» face aux «profondes difficultés économiques» que connaît le Royaume-Uni. «Nous avons besoin de stabilité et d’unité, et rassembler le parti et le pays sera ma priorité absolue», a-t-il déclaré lors de sa première prise de parole depuis sa victoire. «C’est le plus grand privilège de ma vie de servir le parti que j’aime et donner à mon tour au pays auquel je dois tant», a-t-il souligné.

Mordaunt, jusqu’au bout

Au cours d’un intense week-end de tractations, Rishi Sunak avait annoncé dimanche sa candidature. «Je veux redresser notre économie, unir notre parti et agir pour notre pays», a-t-il déclaré sur Twitter, promettant «intégrité, professionnalisme et responsabilité».

Rishi Sunak était le seul candidat ayant réuni les 100 soutiens nécessaires. Après une course folle, sa concurrente, la ministre des Relations avec le Parlement Penny Mordaunt, a jeté l’éponge à 14h et reconnu sa défaite, faute de parrainages suffisants. Elle a apporté son «plein soutien» à Rishi Sunak. Celle qui avait annoncé sa candidature vendredi se présentait comme celle qui pouvait unir le parti.

Prudence budgétaire

Pour ses partisans, le message de Rishi Sunak, lors de la précédente campagne pour Downing Street, sur la nécessité de faire preuve de prudence économique pour lutter contre l’inflation, a montré qu’il est l’homme de la situation. Sa prudence budgétaire, à cause de laquelle il a été jugé trop centriste et trop lisse, rassure désormais. L’été dernier déjà, il était le candidat préféré des députés «tories».

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Mais il a été souvent accusé d’être un technocrate déconnecté de la population. Et face à Liz Truss, il a payé cher le fait d’avoir claqué la porte du gouvernement Johnson début juillet, suivi ensuite par une soixantaine de collègues. Il a été accusé par une partie de la base d’avoir trahi Boris Johnson, avec lequel il est resté à couteaux tirés.

Success story et parcours de l’élite

Rishi Sunak a été élu député du Yorkshire (nord de l’Angleterre) en 2015. A peine cinq ans plus tard, il accède à 39 ans au poste très convoité de ministre des Finances, peu avant le début de la pandémie. Ce partisan du Brexit de la première heure a gagné en popularité en distribuant des milliards de livres d’aides publiques pendant la pandémie de Covid-19.

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Mais sa fortune, amassée lors de sa carrière dans la finance et via son mariage avec Akshata Murty, fille d’un multimilliardaire indien, indispose parfois, alors que les Britanniques se serrent la ceinture. Face à ces critiques, ce fan de la saga Star Wars raconte volontiers son histoire familiale, une success story comme les conservateurs les aiment.